« L’impossible nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne. ». Cette phrase signée René Char (poète français, 1907-1988) aurait pu être affichée dans les vestiaires auscitains et fleurantins tout au long de la semaine, lors des soirs d’entraînements. Mais à l’approche de l’heure d’entrer dans l’arène comme des belluaires romains, c’est une autre phrase, du même poète, qui pourrait être affichée : « Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve, ou on l’accomplit. » Rêver, c’est bien ; réaliser, c’est mieux.
Samedi à 14 heures, au stade Jacques Fouroux, Auch Football qui évolue en National 3 depuis le début de cette saison, va affronter Rodez, pensionnaire de Ligue 2, soit trois niveaux au-dessus. Cela devient une agréable habitude pour les footeux gersois que de voir le club phare du département, à cette même période de l’année, livrer bataille contre un club professionnel. En 2014, Auch avait dû céder contre Nîmes Olympique. L’an dernier, c’est en prolongation que les joueurs de Gilles Garcia avait dû baisser pavillon face au Gazélec Ajaccio, non sans avoir fait souffrir et douter les Corses.
Ce samedi après-midi, les footballeurs auscitains ont l’occasion de remettre le couvert. Avec cette fois, pourquoi pas, un exploit. La coupe de France n’est généralement pas avare en surprises pour ceux qui savent oser. Et que les esprits chagrins ne viennent pas nous rabâcher les oreilles avec le classement actuel des Gersois dans leur championnat ; oui, on le sait, Auch apprend, Auch souffre dans ce championnat de N3. Et alors ? Dame Coupe n’a que faire de ces réalités-là. Elle, elle est là pour donner au football cette ivresse si particulière, en n’hésitant pas à envoyer la logique footballistique se faire lanlaire.
Le lendemain à 15 heures, à Fleurance, c’est le ballon ovale qui sera à l’honneur. Pour le compte de la 9e journée de championnat de Fédérale 1, l’ASF accueille un grand nom du rugby hexagonal, le SC Albi, ancien pensionnaire de Top 14. Les Tarnais n’ont qu’une idée en tête, celle de revenir au plus tôt en Pro D2. C’est presque un monde qui sépare les deux formations. Et si en football ce genre d’exploit est plus réalisable, il faut bien se l’avouer, sans être chat noir ou casse-pieds, peu d’entre nous miserait une pièce sur nos Gersois. Mais qu’importe, car, comme le dit le capitaine Damien Camacho, « ce n’est pas contre Albi qu’on joue notre maintien ». Mais la lueur est quand même là. Elle vacille doucement dans les esprits des supporters de l’ASF qui ne manqueront pas de faire vibrer de toute part le bon vieux Marius Lacoste. Et qu’importe si Albi colle presque cinq essais par match à ses adversaires ! Qu’importe les chiffres froids des stats ! C’est de la chaleur, une leçon de fierté et d’honneur que s’apprêtent à montrer à son public les hommes du duo Mickaël Carré et Bernard De Giusti.
Pour nos footeux comme pour nos rugbymen, permettez-moi, au risque de faire tomber en pâmoison les ayatollahs de la laïcité, de citer cette phrase de Frère Laurent de la Résurrection (v. 1614-1691, frère convers des carmes déchaux) : « Toutes choses sont possibles à celui qui croit, encore plus à celui qui espère, encore plus à celui qui aime. »