Invité par La Mésange bleue, à Plaisance du Gers, Jacques Couzinet, membre de la Société archéologique et historique Gers, a présenté Le porc « Race de Miélan », un exemple de développement économique d'une petite région gersoise.
Début du XIXe siècle, le porc Gascon, mal conformé, était fréquemment raillé : « La race indigène tait surtout remarquable par ses aptitudes à la course ». Les Anglais rencontraient les mêmes problèmes que nous. Ils engagent toutes sortes de croisements entre leurs porcs et celui venu d’Extrême-Orient. Les Français importent leur « nouvelles races » ; le New-Leicester est trop en graisse, on lui préfère le Yorkshire. Au bout d’une dizaine d’années, les croisements de ce porc et l’autochtone donnent naissance au porc Race de Miélan. Il s’élève dans les cantons autour de Miélan et Trie-sur-Baïse. Miélan devient le centre de vente des porcelets. Le marché se tient le jeudi et draine sur le chef-lieu de canton une foule de vendeurs, marchands et curieux qui assurent la prospérité de Miélan. Pour assurer ce succès, la ville peut compter sur Jean-Marie Sénac, l’indéboulonnable maire, conseiller général, député pendant 40 ans mais aussi, sur Édouard Bernés-Lasserre, le technicien, qui va mettre en place toute la structure de la filière avec les Syndicats d’élevage de la race. C’est un succès, dès 1914, la Race de Miélan est reconnue parmi les races officielles et, en 1931, participe au Concours agricole de Paris. Bernés-Lasserre structure l’organisation professionnelle mais vulgarise aussi de nouvelles pratiques d’alimentation des porcelets, crée du matériel spécifique. Son grand projet pour l’engraissement et la transformation en charcuterie des porcs sera un échec.
Passé 1945, le déclin de la race de Miélan s’amorce et le marché du chef-lieu s’arrête après la deuxième guerre mondiale. Pour autant quel autre bourg gersois peut se prévaloir d’un développement économique lié à l’agriculture aussi abouti ? L’élevage du porc assure la prospérité du monde paysan, révolutionne avec de nouvelles méthodes de nouvelles techniques et enfin assure le dynamisme économique de toute une ville.
Sur la photo : A. Lagorce, Mme Biran, J. Couzinet, JD Lartigue.