Aujourd'hui, lundi 31 octobre, c'est Halloween, une journée où les enfants vont jouer à se faire peur tout en essayant de récupérer le plus de sucreries possible.
Une tradition qui nous vient de nos voisins irlandais.
Mais nous ne les avons pas attendus en matière d'histoire de sorcière !...
En voici une ci-dessous :
Aujourd’hui, les nuages jouent dans le ciel, c’est une journée agréable.
A côté du kiosque, s’est arrêté un cycliste qui a étalé sur un banc son menu : jambon, pâté, saucisson, fromage et merveilles et une bouteille de rosé.
Je passe à côté de lui et j’engage la conversation : « Vous allez casser la croûte ? »
« Oui, et vous remarquerez que je n’ai que des produits du pays ! La petite omelette froide, ce sont aussi les œufs de chez moi.
Je viens de Golfech. Tout le monde a peur de la centrale mais moi, voilà 20 ans que j’y travaille et je suis en bonne santé.
J’ai décidé d’aller jusqu’à Lourdes J’ai 61 ans et je pédale encore !, dit-il en étalant le pâté sur une grande tartine de pain bis
- Que faites-vous à la centrale ?
- J’entretiens les tours de la centrale, je tonds l’herbe, je taille la haie, cela depuis 20 ans.
J’ai des temps de repos dans la semaine et j’en profite pour lire. Je lis beaucoup d'histoires du pays.
Je connais tous les contes gascons de Joseph de Pesquidoux.
Je raconte aussi des histoires, des contes, des histoires de sorcellerie en particulier !
Je vais dans les écoles, les associations qui me le demandent.
- Quand vous aurez terminé votre fromage et vos merveilles, vous me raconterez une histoire ?
- Je pourrais vous raconter une histoire que j’ai racontée récemment dans une association, une histoire où il est question de stérilité et de sorcellerie, le nouement de l'aiguillette !
Autrefois quand on se mariait, l’objectif premier était d’avoir des enfants et le couple qui n’en avait pas, ce n’était pas très bien vu !
C’était surtout l’homme qui était rendu responsable de la situation, on disait qu’il était « coueou » en patois, c’est-à-dire stérile.
Cette stérilité ne pouvait venir que du diable par l’intermédiaire des morts, des âmes errantes, des esprits désincarnés, mauvais, logés dans certaines personnes réputées malfaisantes.
Chaque village avait sa sorcière, « la marca » qui avait un pouvoir.
Il fallait donc tout faire pour l’empêcher d’agir avant la célébration des noces
Celle-ci s’introduisait dans l’église où avaient lieu les noces et elle faisait « le geste fatal » qui consistait à nouer une ficelle soit en cachette derrière un pilier soit dans sa poche.
Les testicules étaient ainsi noués et le couple ne pourrait avoir d’enfants.
Et si on faisait à ce moment-là tomber une petite pierre, c’était terrible car les testicules tomberaient comme la pierre !
Différentes pratiques étaient recommandées pour conjurer le sort.
Avant l’arrivée du couple, les demoiselles et les garçons d’honneur frappaient fort des pieds pour empêcher la marca de rentrer.
On pouvait aussi graisser les joints de la porte avec de la graisse de porc
Il fallait également que la veille, secrètement, le futur marié aille uriner dans le trou de la serrure de l’église pour éloigner la marca.
Il devait mettre sans sa poche gauche du gros sel et un écu dans son soulier gauche et dans sa poche droite un petit papier sur lequel était écrite l’énigmatique formule « Avi Gazi Tor »
Avant le lever du soleil, il devait regarder à l’Est et crier trois fois « Yemon ! »
Une piécette devait aussi être placée dans le soulier gauche de la mariée
Pendant la cérémonie, les époux ne devaient pas retourner leurs mains la paume en dehors, c’est sans doute pour cela que la mariée tenait son bouquet de fleurs sans jamais le lâcher.
Il fallait aussi éviter que l’on touche les mariés avec une baguette en bois dissimulée.
En pleine psychose du nouement de l’Aiguillette, au XVIIème siècle, on constate que les gens allaient se marier dans un village voisin où la marca ne les suivrait pas.
Alors seulement, ils rentraient chez eux pour le repas de noces !
La panique était telle qu'il y eut même un danger local de dépopulation !
Aujourd’hui, les jeunes prennent les devants et n’attendent plus la consécration du mariage.
C'est aussi ce qui se faisait aussi à l'époque, ce moyen semblant être le plus efficace contre le mauvais sort ! »
Pierre DUPOUY