Il ne se passe pas un mois sans qu’un journaliste ne les contacte. Et leurs vidéos publiées sur internet cumulent plusieurs centaines de milliers de vues.
Les dons reçus sont massifs et ils proviennent de partout en France. Il faut dire que le projet des sœurs a tout pour séduire : il allie qualité, tradition, écologie, circuit court, entreprenariat local et ferme pédagogique. Le tout en mode chantier participatif. Il y a une volonté d’ancrer ce projet dans relation forte avec le territoire et les Gersois.
Ce vendredi 12 Février 2021, le préfet de région d’Occitanie et le préfet du Gers seront à l’abbaye pour inaugurer la deuxième tranche des travaux. La réception des bâtiments est prévue pour Juin 2022. Retour sur un chantier hors normes.
Une grange cistercienne à l’avant-garde pour le 21e siècle.
La communauté des sœurs de Boulaur est composée de 31 sœurs cisterciennes, plutôt jeunes avec une moyenne d’âge de 45 ans. Elles se sont installées en 1949 dans cette abbaye, classée « monument historique ». Les sœurs ont déjà de nombreuses occupations : visites guidées, hôtellerie monastique (40 personnes), exploitation agricole bio, vente de produits fermiers (Fromage, pâté, farine et confitures). Des sœurs touchent-à-tout qui restaurent elles-mêmes les bâtiments, l’église ou encore la toiture. Pour autant, pas question pour elles d’en rester là.
Mère Emmanuelle, l’abbesse confie: « Depuis de nombreuses années, nous souhaitions construire notre étable et notre fromagerie ». Mais le projet est soumis à de fortes contraintes du fait du classement monument historique qui impose de nombreuses règles.
«Au 12e s, déjà les granges des abbayes cisterciennes avaient permis le développement d’une agriculture de pointe, l’essor du commerce, et l’enracinement de la cultivation en Europe. Notre projet est de bâtir une grange cistercienne pour le 21e siècle » ajoute Sœur Anne.
Multiplier par 4 ou 5 la production
Concrètement, le projet prévoit la construction d’une nouvelle exploitation agricole qui sera une micro ferme diversifiée. « Cela nous permettra de multiplier par 4 ou 5 chacune de nos productions » précise Sœur Diane. Le travail, qui est une dimension proprement monastique, et ne fait pas peur à ces dames.
Sœur Béatrice détaille : « Ce projet de ferme accueillera 25 vaches et 12 cochons. Nous allons acheter de nouveaux équipements et prévoir tous les ateliers de production pour la transformation à la ferme. Il y aura une fromagerie, une charcuterie et aussi un nouvel espace d’accueil pour les visiteurs avec un magasin, une salle d’exposition et des lieux de rencontre et de partage ».
Un projet structurant pour le territoire, un pont avec les acteurs touristiques et économiques
« Nous voulons que ce projet soit structurant pour notre territoire et qui fasse des ponts avec les acteurs touristiques et économiques, avec une logique de circuit court et de développement local. C’est un projet audacieux d’entreprenariat féminin, comme au temps où les abbesses montaient à cheval pour visiter leur fondation, c’est une Start up du 12eme siècle mais façon 21e siècle » ajoutent les sœurs dans une vidéo facebook. Celle-ci va bientôt dépasser les 100 000 vues.
Des économies d’eau et une démarche écologique
Sœur Anne souligne que les sœurs ont fait le choix de s’inscrire dans un développement durable et écologique. « Nous allons faire des économies d’énergie avec la mise en place de séchages en grange pour limiter l’utilisation des tracteurs et améliorer la qualité du fourrage. Et nous allons limiter la consommation d’eau par la création d’une deuxième retenue collinaire, dans laquelle nous puiserons pour arroser les légumes » ajoute t-elle.
Pour les matériaux, les religieuses ont opté pour la tuile, la pierre, la terre et le bois. L’architecture va s’inscrire dans la tradition gersoise. Les travaux sont réalisés avec des entreprises locales, mais aussi avec le concours de la population. Un chantier participatif a permis notamment de fabriquer des briques en terre crue, qui serviront dans la construction des deux bâtiments.
« Avec ce chantier, on veut vraiment vivre une aventure collective ».
Au sein de l’étable, un espace pédagogique est prévu, avec de larges baies vitrées. Il permettra aux enfants de voir les animaux et le travail agricole. A travers cette approche pédagogique, l’abbaye veut faire découvrir aux visiteurs la vie monastique et le travail agricole mais également les ateliers de production.
« Ce projet, c’est une proposition pour participer à la reconstruction de notre société, en unissant les générations. En faisant le lien entre la ville et la campagne, pour la culture et l’agriculture, entre le soin de la terre et le soin des hommes » se réjouissent les sœurs.
Plus de 500 000 euros de dons reçus en un an et une plateforme de prêt participatif.
Le budget de ce projet est de 4,5 millions d'euros. L'Etat et les collectivités locales participent à hauteur de 30% du budget.Et, signe qui ne trompe pas, plus de 500 000 euros de dons ont déjà été collectés en à peine un an.
A présent, les sœurs ont lancé une plateforme de prêt participatif en ligne pour recueillir 800 000 euros. Il sera rémunéré à hauteur de 0,75% et accessible à tout preteur particulier pour un montant minimun de 500€.
Lien projet de financement participatif: https://www.credofunding.fr/fr/grange21-boulaur
Lien video facebook: https://www.facebook.com/divinebox.fr/videos/2434584503447270