La fée, le lutin, la souris (suite et fin )

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Nous avons publié hier la 1ère partie du conte que nous offre François Macé :

https://lejournaldugers.fr/article/46387-la-fee-le-lutin-la-souris

Voici le chapitre 2 :

Nous avions laissé notre lutin dans la chambre de Tatiana ayant échappé à la métamorphose en souris :

Les années ont passé et je suis resté dans la maison. Je passe mes journée à regarder par la fenêtre assis sur la commode qui n’a pas changé de place.

Aujourd’hui Tatiana est une belle jeune femme très cultivée. Elle apprend les langues étrangères et rêve secrètement de partir découvrir le monde.

Signe particulier : sa grand-mère lui laisse toujours un grande quantité de bonbons qu’elle ne mange pas tout de suite. Elle les dépose dans un grand bocal transparent (qui sert de réserve) ayant contenu autrefois des haricots soviétiques (Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire mais il paraît que ce n’était pas très bon). C’est ce que disaient les enfants qui passaient dans la maison.

Un soir de mars, 2006, je crois, la fée revient. Elle m’apparaît toujours aussi jolie. Elle n’a pas changé.

une photo très ancienne de la fée retrouvée dans les livres de la grand-mère

Je mangeais un sucre d’orge que j’avais volé dans la réserve située dans le grand bocal de Tatiana (J’aime tout sauf le fromage). Elle n’était pas encore rentrée de l’institut des langues étrangères.

« Tu es encore là ? » est là première parole de la fée. Elle plisse les sourcils et ajoute : « Tant mieux ! Tu vas me rendre service ».

Je n’ai pas aimé la façon dont elle a prononcé ces paroles.

« La petite doit partir, elle y pense tous les jours et en faisant cela elle m’appelle et moi je ne peux plus me concentrer sur les autres enfants. De toute manière, je lui ai promis un prince charmant qui porte un nom de roi, une roulotte avec un cheval. et ce n’est pas ici qu’elle va trouver tout cela ».

Un long silence suit cette dernière réflexion.

La fée me dévisage, d’un air sérieux (air que je n’aime pas). Elle me regarde et s’appuie sur sa baguette, l'’étoile vers le bas.

« Je n’ai pas le choix, je ne peux pas être partout. Tu vas te rendre utile en accompagnant à l’étranger Tatiana. Pour cela il faut que tu sois encore plus petit ».

D’un coup de baguette sur la commode, je suis transformé en souriceau gris avec une grande queue. Je tente de me justifier, pas un son ne sort de ma gorge, juste un petit cri.

souris dessinée par Tatiana

« Ainsi tu pourras te glisser dans ses bagages et m’appeler si besoin est ».

La fée ne savait pas que Tatiana avait une peur viscérale des rongeurs et que le chat de la famille Pouckat4 (Pouckat-four) voudrait m’attraper pour me manger. C’est ainsi que je résidais dans un gant de laine situé dans le tiroir du bas de la commode.

Un matin, une lettre arriva de très loin. Je comprends qu’elle part découvrir le monde. Je dois réussir à me glisser dans son grand sac. (Je ne raconte pas cette période particulièrement désagréable de ma vie de lutin transformé en souris). Ce que je ne savais pas c’est que le sac ne voyageait pas avec Tatiana et mettrait un temps infini à la retrouver.

Le reste de l’histoire m’a été raconté par la fée à qui j’ai posé énormément de questions.

Dans un pays très loin de la Russie, un soir d’été, Tatiana  rencontre un garçon qui s’appelle Guillaume.

Il porte un nom de roi. Elle n’y pense pas vraiment sur le moment.

La fée qui surveille, de loin, pense en elle-même : « Bon voilà déjà une chose de faite ».

Un courrier arrive alors l’informant qu’elle doit passer l’été dans une province lointaine, Tatiana doit quitter provisoirement son prince la mort dans l’âme.

Durant ce temps, la fée qui doit vaquer à d’autres occupations se décide à faire confiance à une vielle connaissance. Elle entre dans la tête d’un vieux chevalier français, un peu grognon, qui porte un nom de roi français. Autrefois il avait parcouru le ciel à chasser les nuages. A ce moment, il promenait ses deux chiens et essayait de solutionner une histoire de puces.

Il était distrait et peu attentif à ce que lui disait la fée.

Elle lui apparut sur un petit pont de bois. Elle s’appuyait sur sa baguette magique. Ses chiens détalèrent en hurlant de frayeur. Il ne s’étonna pas. Il avait déjà rencontré la fée par le passé. Il soupira. Elle le chargeait toujours de missions difficiles.

« Tu dois m’aider » lui dit-elle

« Tu dois lui trouver une roulotte, avec un cheval pour le temps de sa présence ici. Elle passera l’été dans ta région pour apprendre à reconnaître les bons alcools. Un lutin transformé en souris t’aidera aussi dans ta tâche ».

Le chevalier grognon s’émeut  : « La fée, avec tout le respect que je vous dois, on n'est plus du temps de Merlin l’Enchanteur. Les roulottes sont tirées par une automobile aujourd’hui ».

« Tu te débrouilles, elle m’a demandé une roulotte dans son berceau ! »

Là-dessus, la fée disparaît pour d’autres horizons.

Tatiana passa donc l’été dans un terrain de camping de l’étrange province de Gascogne. Le pays d’un héros nommé d’Artagnan (ce dernier était buveur, bagarreur et aussi chanteur).

Tout se passait bien. Le vieux chevalier essayait que les événements se déroulent bien, car il craignait un peu la fée.

Je reprends le cours de l’histoire, ayant voyagé caché dans le sac, je me retrouve dans le coffre de la voiture de Tatiana. Je décidais de m’installer dans la roulotte. J’avais rencontré dans l’herbe une souricette fort aimable. Je l’invitais à me suivre dans la roulotte.

C’est à ce moment que mes ennuis commencèrent. J’étais habitué à me rendre discret.Je regrettais d’avoir permis à la souricette de pénétrer dans l’endroit. Elle rongeait tout sans discernement. Tatiana l’a entendue puis aperçue. Ce qui devait arriver arriva. J’entendis une conversation entre Tatiana et le vieux chevalier pour la débarrasser de cette engeance. Deux jours plus tard, la souricette fut victime de sa gourmandise et périt dans un piège archaïque mais efficace. Ce qui m’a sauvé est mon manque d’appétit pour le fromage. Je restais prudemment logé dans un tuyau à l’extérieur.

L’automne approchait, un grand remue-ménage parcourut la roulotte. Tatiana repartait vers son prince.

Epilogue : 

Depuis la fée m’a rendu mon apparence de lutin à la condition que je ne retourne pas dans la même famille. "Tatiana n’est plus une enfant " m’a affirmé la fée.

Quant au vieux chevalier, aux dernières nouvelles, il promène ses chiens qui ne se grattent plus. Les puces sont reparties vers d’autres contrées plus chaudes.

Provisoirement, j’habite encore dans ton ordinateur. Les autres années ce n’était peut-être pas moi qui écrivais les histoires. Je ne sais plus vraiment. Si j’étais en Russie, c’était sûrement un lutin français.

Mais cette année c’est bien moi ! C’est promis je ne reste que le temps de l’hiver qui est bien plus chaud chez toi qu’en Russie.

C’était la fin de l’histoire racontée le soir de Noël par le Lutin.

En prenant ma tasse de café et mon douzième chocolat, je me prenais la tête à deux mains et tentais d’y voir plus clair dans tout cela. J’avais plus de questions que de réponses.

Je me surprends à penser « la fée m’aurait-elle parlé ou influencé d’une manière ou d’une autre ? »

Depuis l’âge de 10 ans je ne crois plus aux fées et aux elfes et encore moins présents dans les ordinateurs.

Et pourtant cette histoire s’est écrite toute seule le 24 décembre pendant mon absence.

Là-dessus, je laisse l’ordinateur tout seul et m’en vais écouter à la télévision la messe de minuit. C’est la seconde de la soirée. L’audition des cantiques en latin, langue des scientifiques et des prêtres m’aidera peut-être à comprendre tout ce qui m’arrive.

Conte et illustrations : François Macé

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