Pas de répit ! Après Noël et la nouvelle année, voici venu le temps de l'Epiphanie !
L’Épiphanie est une commémoration religieuse en hommage à l’arrivée des rois mages à Bethléem. Elle serait l’une des plus anciennes fêtes du christianisme. À ce jour, l’histoire de ces rois reste encore floue et les versions diffèrent selon les époques, les interprétations et les historiens.
Gaspard, Melchior et Balthazar auraient été guidés par une étoile, selon l’évangile de Matthieu, jusqu’à l’enfant Jésus.
Aujourd’hui, il n’y a pas de certitude sur le fait que les rois mages étaient bien trois, ni même qu’ils aient réellement existé. Ils auraient offert trois cadeaux à l’enfant Jésus, né douze jours avant leur rencontre. De l’or, de l’encens et de la myrrhe.
La galette des rois trouverait son origine dans l'antiquité, plus particulièrement dans les Saturnales, des fêtes populaires romaines qui célébraient le solstice d'hiver entre décembre et janvier. Au cours des banquets, la fève d'un gâteau permettait d'élire le roi d'un jour.
Au IVème siècle, l'Eglise rend fériée la date du 6 janvier pour célébrer la naissance de Jésus et l'adoration des Mages.
Le 6 janvier tombant régulièrement en pleine semaine (un lundi cette année 2025) , une réforme a toutefois transféré la date au second dimanche suivant Noël, soit quasi systématiquement au premier dimanche à partir du 1er janvier.
La tradition du tirage au sort du roi est conservée mais n'a rien à voir avec la religion si ce n'est la date !
L’Épiphanie célèbre les Rois mages et la galette des rois est une fête traditionnelle païenne.
C’est une coïncidence temporelle. La confusion vient surtout du mot « roi ».
En 1711, le Parlement interdit la fabrication de galettes à cause de la famine, la farine devant être utilisée uniquement pour fabriquer du pain.
A l'époque de la révolution, hors de question d'élire un roi !
Cependant pas question de ne pas partager de gâteau qui devint la galette de la liberté ou l'égalité sans fève ni roi !
Aujourd'hui, la galette est partagée en famille, au travail, entre amis tout au long du mois de janvier !
Brioche ou frangipane ?
La galette à la frangipane est aujourd’hui la plus consommée dans l’Hexagone. Composée de crème aux amandes entourée de pâte feuilletée, elle s’est imposée peu à partir du XVIe siècle, suite à une querelle entre pâtissiers et boulangers. À l’époque, les deux corporations se disputent le monopole de la vente du fameux gâteau des rois, fabriqué à partir d’une pâte au levain. Ils en appellent au roi de France, François Ier, qui tranche en faveur des premiers. Qu’à cela ne tienne, les boulangers contournent cette interdiction en remplaçant le gâteau par une galette à base de pâte feuilletée !
Si la brioche semble en retrait par rapport à sa cousine à la frangipane, c’est pourtant elle qui est historiquement apparue en premier dans les assiettes des Français.
Au Moyen Âge, les Français dégustaient une boule de pain, dans laquelle ils inséraient une fève. Avec le temps, cette recette s’est améliorée devenant de la brioche garnie de sucre et de fruits confits pour finalement devenir le « gâteau des rois », particulièrement populaire dans le sud de la France.
La galette des rois à la frangipane arrivera en France plus tard : « C’est Marie de Médicis, au XVIe siècle, qui ramena la recette en partant d’Italie . Par la suite, la recette fut adoptée par la cour de France.
Plutôt frangipane au-dessus de la Loire et brioche dans le Sud, ce sont environ 30 millions de galettes qui sont consommées chaque année en France
La fève
Sans fève pas de magie de l'épiphanie ! Pour beaucoup, l'intérêt de la galette c'est la fève plus que le gâteau !
Pourquoi une fève ?
La fève fait partie des symboles du solstice d'hiver, un symbole positif. C'est le 1er légume du jardin au printemps.
On l'utilisait dans la Grèce antique pour élire les magistrats puis pour élire lors des Saturnales romaines le maître de la fête.
Les premières fèves en porcelaine apparaissent à la fin du XVIIIème siècle, peut-être pour éviter qu'elle ne soit avalée par celui qui ne voulait pas payer la galette suivante, selon la tradition !
Objet de collection, elle est convoitée par les fabophiles.
Traditionnellement, l'enfant le plus jeune passe sous la table et distribue à l'aveugle les parts aux différents convives. Le roi se pare de la couronne en carton doré et choisit sa reine.
La tradition veut aussi qu'on partage la galette en autant de parts que de convives plus une, la part du Bon Dieu ou part de la Vierge ou la part du pauvre.
Depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1975, l’Elysée célèbre l’Épiphanie avec une galette qui ne contient pas de fève. En effet, selon les règles républicaines de la Révolution française, à l’Elysée il peut y avoir un Président… mais pas de roi ! Donc même si le couronnement de celui ou celle qui remporte la fève n’est que symbolique, il ne peut être accepté au sein de la résidence officielle de la République…
Pierre DUPOUY
Photo-titre: fèves d'une boulangerie de Condom reproduisant des aquarelles de l'artiste Carole Joubin