Peut-être hier soir à minuit vous êtes-vous souhaités la bonne année sous une branche de gui ?
Mais d'où nous vient cette tradition ?
Vu la façon dont pousse le gui, il n'est pas étonnant qu'il stimule l'imaginaire collectif !
En effet, le gui est une plante parasite qui n'a pas de racine mais se fixe sur certains arbres comme les pommiers, les amandiers, les peupliers, les tilleuls, les saules, les chênes.
Contrairement à beaucoup de plantes, ses branches poussent sans chercher à croître vers la lumière et vont dans toutes les directions.
Ses fruits blancs sont picorés par les oiseaux l'hiver mais sont toxiques pour les hommes.
Le gui étant une des rares plantes à fleurir au solstice d'hiver, il était pour nos ancêtres les Celtes symbole de renouveau et de là, doté de pouvoirs magiques : il guérissait le corps, purifiait l'esprit, chassait les mauvais esprits, assurait la fécondité des troupeaux...
Le gui sacré était celui qui poussait sur le chêne et qui était cueilli par les druides avec une serpe d'or puis récupéré sans toucher terre sur un drap blanc.
Il était ensuite distribué aux habitants pour leur souhaiter la bonne année puis accroché dans leurs foyers en guise de bienvenue.
La tradition traversa allègrement les siècles, puisqu’il était encore de coutume au Moyen Âge de suspendre du gui aux poutres des plafonds pour assurer la prospérité de la maison et de tous ses occupants : culture, animaux, descendance…
Survivance sans doute du vieux culte druidique, il est toujours conseillé, aujourd’hui encore, d’accrocher du gui aux portes et aux fenêtres pour le Nouvel An, afin de faire profiter toute la maisonnée et ses invités de ce véritable symbole de paix, de santé et de bonheur.
Quant à savoir pourquoi on s’embrasse sous le gui, différentes légendes circulent…
La première raconte que les Druides eux-mêmes accrochaient du gui à l’entrée de leur maison, en guise de protection contre les mauvais esprits, et qu’ils embrassaient leurs visiteurs sous ce même gui pour leur porter chance et bonheur.
Ailleurs on raconte que, dans des temps fort éloignés, lorsque des ennemis se rencontraient sous du gui dans la forêt, ils renonçaient à tout combat et faisaient la paix jusqu’au lendemain. C’est de là que viendrait la coutume de s’embrasser sous du gui, en signe d’amitié.
Chez les Romains, à l’époque des Saturnales, pour embrasser une jeune fille, il suffisait de l’entraîner à son insu sous une boule de gui ; une croyance populaire voulait en effet que l’on ne puisse refuser un tel baiser, sous risque de ne pas se marier pendant toute l’année suivante…
Ainsi, il est de bonne augure pour les amoureux de s’embrasser sous le gui : une longue et heureuse vie de couple les attend !
L'expression "Au gui l'an neuf !" aurait aussi une origine celtique.
Célébrant le renouveau de la nature, les druides se seraient exclamés "O ghel an heu !", "Que le blé se lève !". La formule aurait perduré jusqu'au Moyen Âge, mais sous la forme altérée basée sur ses sonorités, "Au gui l'an neuf !".
Bonne année à tous !
Pierre DUPOUY
Titre : Les druides et la cueillette du gui, image manuel d’Histoire d’école primaire, vers 1960