Les aficionados landais en deuil : Rosa, la terrible vache d’Intervilles, est décédée le 14 juillet

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La vache Rosa est morte le 14 juillet, le jour où, en temps normal, dans une ville taurine de l’Armagnac, Nogaro, est organisée une grande course landaise avec l’élite des vaches et des hommes.

Cette année, si la crise sanitaire n’avait pas empêché cette manifestation, les musiciens auraient pu dédier la marche cazérienne à Rosa, la vedette d’Intervilles.

Mais qui était Rosa ?

Rosa était une vache que Joseph Labat avait choisie dans un troupeau de bétail brave, en Espagne, à Badajoz.

Il l’avait ramenée en 2002 dans sa ganaderia de Buglose. Elle s’était mêlée aux autres vaches et à part sa couleur – elle était noire et blanche - elle ne se distinguait pas du reste du troupeau.

En 2004, l’émission télévisée Intervilles introduisit dans son spectacle un élément perturbateur susceptible de faire rire les spectateurs et ce fut la vache Rosa de Joseph Labat qui fut choisie.

C’était une bête fougueuse, rapide, puissante, solidement cornée.

«De plus, je pense qu’elle est intelligente », disait d’elle, Teddy Labat. Elle délaissait les décors pour s’élancer sur les candidats.

Elle sera la vache perturbatrice de tous les jeux proposés.

Place du kiosque à Vic-Fezensac, quelqu’un lit la nouvelle dans le journal.

Arrive un solide septuagénaire, béret noir vissé sur la tête.

« Elle est morte Rosa ? Cette satanée vache m’avait bien amoché, une année, à Intervilles.

J’avais choisi de faire le jeu de la balance ; le candidat en hauteur échappait à Rosa, mais pas celui en bas et j’étais dans cette situation, je n’arrivais pas à remonter et je voyais à proximité Rosa en train de finir de détruire un décor. Quand elle jeta un œil sur moi, je me mis à courir, mais elle me rattrapa et me flanqua deux grands coups de corne dans le dos et me piétina avant de s’éloigner pour s’attaquer à un autre jeu.

Les copains me relevèrent, on m’amena à l’infirmerie des arènes et on me soigna à la manière du rugby autrefois avec une éponge et de l’eau… et je repartis dans l’arène ! »

Arrive un couple d’une cinquantaine d’années qui se souvient aussi douloureusement de Rosa !

Ils avaient choisi le jeu de la nuit de noces. On leur avait préparé un lit complet au centre de l’arène avec matelas, oreillers et couvertures et ils devaient se glisser dans ce lit douillet… avec la recommandation de ne pas trop bouger...Rosa n’étant pas loin !

«Après avoir hésité un instant, elle nous jeta hors du lit, moi d’abord, puis ma femme qui réussit à s’enfuir avant qu’elle ne la rattrape, puis s’attaque au décor ! »

Ce jeu faisait la joie du public qui se levait dans les tendidos.

Les exemples sont nombreux. Rosa était puissante et frappait dur.

Quand l’émission cessa, Rosa participa à des spectacles de "Top à la vachette" ou de "toros piscines" sur la côte landaise où elle était la reine de jeux, tels les anneaux à enfiler sur les cornes ou la passe de muleta à la manière d’un torero….Mais pour elle, la cible, ce n’était pas la muleta mais le bonhomme qu’elle se faisait un plaisir de jeter à terre.

On raconte aussi qu’un maire de village qui n’avait pas assez d’argent pour réparer le clocher de son église eut l’idée d’organiser un mini-intervilles pour lequel la ganaderia Labat, voisine du village, prêta Rosa qui se montra très, trop active ! Sa présence sur l’affiche permit de remplir les arènes .

Quand le maire de ce village entendit dire que Nagui envisageait la reprise d’Intervilles sans vachettes, il en fut désolé et se demanda ce qu’il allait rester du spectacle…

Rosa avait pris sa retraite à l’automne 2019.

Quand la famille Labat annonça sa disparition, de nombreux messages de sympathie arrivèrent sur les réseaux sociaux.

Sa renommée était telle que la famille pense installer un mémorial dans le domaine pour rappeler qu’elle était une vache exceptionnelle qui aura marqué l’histoire de la ganaderia.

Illustrations : Facebook Top à la Vachette Labat

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