A deux jours de Noël, voici un texte en occitan signé de deux initiales SB que nous avons retrouvé dans nos archives.
Notre traducteur attitré, Robert Couffinal, aidé de ses collègues, les farlabicaïres de l'atelier de la Varangue, nous en propose une traduction.
Merci à lui !
Nadau a nosto
Un bielh arepic trufandè que disè :
« A la bengudo de Nadau, tredze capous ser lou raspau »,
« se lou poutadye n’ey pas boun, qu’y boutaram un cauletoun ».
Cousinèros que podots toustems saja, au loc de ha la dobo
ende serbi lou resoupét après la misso de miejo nèyt ;
nou y aura pas rede d’esclops dans la chaminèo enloc
e lous maynadyos ne porton pas mèy esclops…
e ne s’acountenteren pas, coumo nous auts,
d’uo mounaco de porracs, d’un pauc de chocolat ou d’un iranye !
Que cau mèy qu’aco… e que y a de que causi… e de que paga, pertout :
dompuch semanos, nou’s parlo pas que d’aco à la publicitat.
Ta jou, engoan, coumo soubent, Nadau que sera boun,
permou que sera un Nadau gascoun.
Un pauc partout, que‘s cantera quauque bielh cantic do Nadau,
oun los nostes aujols disèn co qui sentium, ets, omes de la tèrro,
dauant lou Hilh de Diu, basut au mièy dous pastous,
qui estoun lous prumès à l’anabese.
En segui, las souos tralhos, dens la fidolitat à la lengo nosto,
la misso de la nèyt que sera en gascoun d’un cap à l’aute à Saramoun e a Biela.
Ta-us qui cèrcon un cantic, que-n dau un aci oun la simplicitat,
la familiaritat un pauc trufandèro podon un pauc estouna ;
lou Nén que bèng de base, e lou brave Yasèp que belho ser ot
e que hè tout ço qui cau ta que pousquè droumi…
Tout que’s diu s’cara, mèmos lou buou e l’asou, e lou rapic qu’ac dits :
Chut ! Chut ! Chut ! L’enfant droum,
Nou hassiat pas brut,
Chut ! Chut ! Chut ! L’enfant droum,
Nous hassiam pas brut,
Lou Hilh de Diu anoèyt basut,
Dens u’establo qu’ey tout nud !
Quan lou bouloun bouta la polho,
Yausèp digouc : l’enfant noumelha
Lous Anyoulets l’an anounçat
E dens lous ayres l’an cantat :
L’un que sounaou uo trompeto,
Gn’auto qu’auè uo pipeto.
Las pastouros en dansan,
Enta l’adoura qu’arriban
Mès Yausèp qu’ous digouc « maynados,
Mou hassiats pas tant do gambados ».
Lous Pastourets, mau abisays,
Dab lous esclops que son entrats,
Yausèp qu’èro darrè la porto
Que los te flanco un cop d’endorto*.
Anem, amics gascous, boun e gaujous Nadau, ende touts, au houns dou co :
aqui, nou y a pas brut, mès pats, serenitat, e uo estelo que lusis !
SR
*endòrto = hart ; lien de bois tordu, anse en osier et par extension fouet. (Simin Palay 1932 p.445)
Noël chez nous
Un ancien refrain moqueur disait :
« À la venue de Noël, treize chapons sur le gril »,
« si le potage n’est pas bon, on y ajoutera un petit chou ».
Cuisinières vous pouvez toujours essayer, à la place de la daube
avant de servir le petit souper après la messe de minuit ;
il n’y aura aucun sabot dans la cheminée nulle part
et les petits enfants ne portent plus de sabots…
et ne se contenteront pas, comme nous autres,
d’une poupée de chiffons, d’un peu de chocolat ou d’une orange !
Il en faut plus que ça… et il y a de quoi choisir… et de payer partout :
depuis quelques semaines, ils ne nous parlent que de ça à la publicité.
Pour moi, cette année, comme souvent, Noël sera bon,
parce que ce sera un Noël gascon.
Un peu partout, il se chantera quelques vieux cantiques de Noël,
ou nos aïeux disaient ce qu’ils ressentaient, eux, hommes de la terre,
devant le Fils de Dieu, né au milieu des bergers,
qui étaient les premiers à aller le voir.
En suivant, sur leurs traces, dans la fidélité de notre langue,
la messe de cette nuit sera en gascon d’un bout à l’autre à Saramon et à Viela.
Certains chercheront un cantique, j’en donne un ici dans la simplicité,
la familiarité un peu farceuse peuvent un peu étonner ;
l’Enfant vient de naître et le brave Joseph veille sur tout
et il fait tout pour qu’il puisse dormir…
Tout doit se taire, même le bœuf et l’âne, et le refrain dit :
Chut ! Chut ! Chut ! L’Enfant dort,
Ne faites pas de bruit,
Chut ! Chut ! Chut ! L’Enfant dort,
Ne faisons pas de bruit,
Le Fils de Dieu né cette nuit
Dans l’étable, il est tout nu !
Quand ils voulurent l’habiller,
Joseph dit : « l’Enfant sommeille »
Les angelots l’ont annoncé
Et dans les airs ils l’ont chanté :
L’un sonnait de la trompette,
l’autre avait un pipeau.
Pour l’adorer, arrivent
Les bergères en dansant,
Mais Joseph leur dit : « Filettes,
Ne faites pas autant de gambades ».
Les bergers mal avisés,
Avec les sabots sont entrés,
Joseph était derrière la porte
Il leur tire un coup de fouet.
Allons, amis gascons, bon et joyeux Noël, à vous tous au fond du cœur :
ici, il n’y a pas de bruit, mais paix, sérénité et une étoile qui luit.
Traduction : Berdòt Cofinhal et les farlabicaïres de la Varangue.
Photos : crèche de Bezolles à découvrir dans l'église aujourd'hui et dimanche prochain de 14 h 30 à 17 h