Jean-Marc Zemmouche de Madrid.

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L’Espagne aux temps du corona

Début mars, en Espagne, le Covid-19 n’est qu’un phénomène lointain et nous vivons comme d’habitude, de manière insouciante : métro, boulot et peu de dodo. Pourtant, le 14 mars, les autorités espagnoles décrètent el estado de alarma. C’est le début d’un confinement inédit en Espagne, quelques jours avant la France.  Soudainement, là où la tradition veut que l’on vive dehors, ensemble, que l’on se retrouve chaque soir après le travail entre collègues dans les bars, avec la famille, le week-end, dans les cafés et les restaurants, les Espagnols se retrouvent confinés. Le coup est dur. Nous réalisons brutalement qu’il va falloir mettre entre parenthèses tout un art de vivre. Le vivre ensemble réduit au vivre séparé.

À Madrid, nous avons la chance d’être dans un appartement relativement spacieux où chaque membre de la famille puisse bénéficier d’un espace pour télétravailler, lumineux et avec un balcon. Ce n’est pas le cas de tous les madrilènes ou habitants des grandes villes. Paradoxe pour un pays où il fait souvent si beau. Mais, d’habitude, la vie à l’extérieur de chez soi compense largement ces inconvénients. Les mesures de confinement sont strictes mais les Espagnols sont exemplaires. Pour notre part, nous n’avons pas l’excuse du chien à sortir, seule exception à la règle, comme celles de pouvoir aller faire seul des courses de premières nécessités, de se rendre en pharmacie ou chez le médecin.

 Tout cela paraît bien irréel. Confinés, un peu hors-sol et sans prise direct avec la vraie vie, les nouvelles qui nous parviennent sont inquiétantes et les cas de personnes proches, touchées par le Covid-19, font froid dans le dos. Les hôpitaux sont submergés, les personnels soignants débordés et extenués. Les hôtels sont réquisitionnés ainsi que des lieux emblématiques liés d’habitude aux loisirs, tels que la patinoire à côté de chez nous, qui devient temporairement une morgue, et IFEMA, le palais des congrès madrilène, dont les pavillons abritent pour l’occasion un hôpital de campagne pour des milliers de patients. Comme en France, les EHPADs espagnols sont particulièrement touchés. Les autorités découvrent abasourdies l’ampleur du phénomène. Des morts par centaines sont à déplorer.

Les journées sont rythmées dès la première semaine par un appel très suivi par la population à applaudir les personnels soignants, tous les soirs à 20 heures pour les soutenir. C’est le vivre ensemble qui reprend ses droits, entre voisins dont on fait parfois la connaissance, de balcon à balcon.

L’école en septembre.

Après sept semaines de confinement, le gouvernement espagnol annonce que les enfants de moins de 14 ans peuvent sortir une heure par jour, dans leur quartier, accompagnés d’un seul adulte. C’est une vraie bouffée d’oxygène pour les familles concernées, jusque-là confinées dans la promiscuité et faisant l´école à la maison. C’est le début d’une desescalada progressive avec une dernière phase concernant les élèves de tout âge qui ne reprendront le chemin de l’École qu’en septembre prochain et des promesses de lendemains moins insouciants qu’auparavant…  

Merci à Marc Zemmouche le gersois conseiller pédagogique pour la péninsule ibérique.

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