Serge Montagnan témoigne de La Réunion

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Tout d’abord un petit historique, pour les malades de stats, Wikipédia vous parle (suivez ce lien) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pandémie_de_Covid-19_à_La_Réunion
Pour les autres, voici résumé la progression de la pandémie à La Réunion.
Début mars, c’est l’époque des retours de vacances scolaires dans l’île, une période où les compagnies aériennes font le plein de voyageurs et d’argent... Jusque-là, contrairement à la métropole aucun cas de Covid-19 n’est décelé. Le 21 mars, la préfecture met fin aux voyages dits de loisirs, mais le mal est fait. Le premier cas est déclaré depuis le 11 mars, le patient zéro est connu, il s’agit d’un homme 80 ans, revenu d’une croisière aux Bahamas et passé par les États-Unis. Une trentaine de personnes sont, comme lui, revenu de ce périple. Au 22 mars, on compte déjà 75 cas, tous importés. C’est le début d’une inflexion de la courbe des cas dépistés officiellement qui va nous amener à un plateau autour des 400 cas. Nous sommes toujours à ce niveau, aujourd’hui, car, depuis le 18 avril, nous sommes passés de 402 cas à 418 avec un cas de plus tous les deux jours.

Les mesures de confinement ont été appliquées aux mêmes dates, le 16 mars, que sur tout le territoire français. Pour le déconfinement à venir, il n’est pas impossible que le département soit classé vert, mais il y a un mais ! La Réunion subit, depuis plusieurs mois, une autre épidémie, celle de la dengue. Et si le coronavirus n’a pas,ici, encore fait de victime, la dengue a déjà tué quatre fois et les chiffres, malgré l’arrivée de l’hiver austral, ne diminuent guère : 200 nouveaux cas rien que pour la journée du 28 avril. Merci monsieur l’Aedes albopictus, le moustique tigre, déjà porteur du chikungunya, il y a quelques années. Rappelons que cette épidémie avait impacté plus de 200 000 Réunionnais.

Un cumul des deux virus sur une même personne pourrait avoir des effets dévastateurs. Les contaminations locales dont la première fut détectée le 20 mars, sont pour l’instant maîtrisées et les cas importés régulés par une mise en quarantaine systématique de tous les arrivants à l’aéroport par les rares avions encore autorisés.

Le confinement est assez bien respecté par la population malgré quelques insoumis préférant les balades et autres sorties festives. Les autorisations de sorties sont gérées par les mêmes directives qu’en métropole, quelques cas exotiques existent cependant, par exemple la permission de sortie pour les bénévoles de la SEOR. Cette association consacre beaucoup d’énergie à récupérer, soigner et relâcher les pétrels de Barau juvéniles (oiseau marin endémique en voie d’extinction) qui s’échouent régulièrement tous les mois d’avril lors de leur premier vol pour rejoindre la mer.

Aujourd’hui, plus de 70 % des cas dépistés sont importés, les autres étants des transmissions locales, moins d’une dizaine étant des cas dits autochtones, c’est-à-dire n’ayant eu aucun contact avéré avec de cas dépistés.

Bilan Covid-19 au 28 avril : 418 cas dépistés, pas de nouveau cas ces dernières 24 heures. 6 personnes hospitalisées dont 2 en réanimation, pas de décès, confinement en cours jusqu’au 11 Mai.

Pour mieux supporter votre confinement, voici les liens de deux documentaires traitant de la recherche sur les maladies infectieuses émergentes à La Réunion et sur le pétrel de Barau.

« Émergence infectieuse dans l’océan Indien » version française :
https://www.youtube.com/watch?v=VinucRnkIgM&list=PLJnvUWYNCYAbuFvgb1MQsAG-V0ZGukPAD&index=41



« Taille-vent, le pétrel des montagnes » en version française :
https://www.youtube.com/watch?v=y0MJ53EIWiQ&list=PLJnvUWYNCYAbuFvgb1MQsAG-V0ZGukPAD&index=9

Merci à Serge Montagnan, lannepaxien, professeur retraité, Université Saint-Denis de La Réunion.

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