Parlem TV, la web-télé associative qui s’est donné une mission d’éducation populaire, organise le 15 octobre une émission pour informer le public sur les problèmes imminents liés à l’énergie. En piste, Jean-Michel Walcker, président du Syndicat de l’énergie du Gers, Anne-Marie Saint-Pé, responsable de l’amélioration de l’habitat à la CCBA (1) et Anaïs Chesneau, architecte à l’écocentre Pierre et Terre (Riscle).
Nous donnons ici le résumé de l’intervention de Jean-Michel Walcker, les autres peuvent être consultées sur le site (2).
L’énergie plus rare et plus chère
L’énergie va devenir de plus en plus rare et de plus en plus chère. Si l’on veut conserver des prix constants, il faut réduire la consommation de 40 %. Jean-Michel Walcker explique que le vieillissement des centrales nucléaires, l’abandon des énergies fossiles et le besoin croissant d’énergie contribuent au renchérissement de celle-ci. Malgré la montée en puissance des énergies renouvelables. En effet, tout d’abord, la production d’électricité photovoltaïque n’est pas la panacée, car :
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elle est peu productive en hiver,
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l’électricité ne se stocke pas.
La biomasse
Il faut donc compter avec l’autre énergie renouvelable qu’est la biomasse, d’où l’on tire du gaz méthane. Mais celui-ci nécessite de gros investissements, car :
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sa part dans les gaz produits n’est que de 48 %, il faut donc le séparer,
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le problème majeur est de créer des canalisations pour l’acheminer (le réseau de Terega - ex-Total Gaz - pourrait être utilisé, en particulier dans l’Armagnac).
Et ce n’est pas tout ! Jean-Michel Walcker révèle que les ressources en biomasse du Gers pourraient produire 1 téraWatt/heure, soit 1 million de millions de Watt/heure (1010), ce qui est colossal. Il souligne qu’il s’agirait d’utiliser le lisier des élevages et les déchets agricoles qui ne servent à rien, y compris ceux qui partent avec le grain dans les coopératives, puis sont rejetés dans la nature, où ils produisent du carbone.
Nouvelle activité agricole
Mais pour méthaniser, il faut des méthaniseurs. Selon l’intervenant, une étude en cours montre que, pour être rentable sans dépenser beaucoup de carburant dans le transport, les camions de lisier ne doivent pas parcourir plus de 3,5 km jusqu’au méthaniseur et les camions de paille, 10 km. Les Cuma (3) pourraient investir dans ces méthaniseurs d’une certaine taille avec des aides de la Région.
Cela permettrait aux agriculteurs, s’ils veulent s’emparer de ce domaine, d’accéder à une nouvelle activité : la production d’énergie, en plus de l’agriculture et du tourisme. Et l’intervenant estime que ces trois activités sont l’avenir des agriculteurs.
Au lieu que confier les méthaniseurs aux industriels conduirait à mettre en place de très grosses unités, sans contrôle des intrants, qui avaleraient toutes sortes de déchets, pas forcément agricoles. Et nécessiteraient plus de carburant pour le transport.
Une politique « vertueuse »
De plus, le gaz de biomasse est stockable. Sa production permettrait de réduire l’importation de gaz fossile de l’étranger. Jean-Michel Walcker estime que la meilleure solution consiste, pour le Gers, en un mix électricité photovoltaïque et méthane. Cela aurait l’avantage d’organiser la concurrence et de n’être captif, ni des industries électriques, ni des gaziers. Par ailleurs, il préfère laisser de côté les éoliennes, car elles nuisent au patrimoine et au paysage.
(1) Communauté de communes du Bas-Armagnac. (2) (http://parlemtv.fr/?L-emission-citoyenne-en-public-L-acces-a-l-energie). (3) Coopératives d’utilisation de matériel agricole.