LES FETES VOTIVES D’ANTAN
Les traditions des fêtes de village se maintiennent mais les programmes ont bien changé. Quand on a joué la partie de pétanque on se retrouve pour l’apéritif offert par la mairie et autour d’ une table où fume une paella au riz blond et aux crevettes rosées .La boisson sera le vin du pays rouge , rosé et blanc. On terminera par un armagnac millésimé ou un brûlot, armagnac avec du sucre qu’on fait chauffer, l’alcool s’évapore s’envole dans de belles flammes bleu et dorées, on obtient une liqueur très parfumée
Autrefois, les jeux populaires.
Quand arrivait la période des fêtes, les gamins d’un quartier rural établissaient sur le calendrier la liste où ils participeraient, chacun avait sa spécialité.
La course à la grenouille :On avait rassemblé sur la place du village toutes les brouettes et on avait pris soin d’enlever les ridelles :le jeu consistait à effectuer un parcours déterminé avec une grenouille sur le plancher de la brouette .On sait comment ces bestioles sont spécialistes du saut . De plus elles étaient enfermées depuis la veille dans un panier de pêche au milieu d’herbe qu’on prenait soin d’humidifier .Cette incarcération les rendait encore plus sauteuses et c’était des courses folles dans les fossés pour les rattraper et poursuivre avec elles le voyage sur la brouette.
La course au sac :les concurrents étaient enfermés dans des toiles à grain solidement fixées à la taille.Ils progressaient par sauts à pieds joints sur un itinéraire bien précis encouragés par supporters et supportrices .
La course à l’œuf : Tous les comités ne la mettaient pas au programme , certains craignaient la phase finale de la compétition où les œufs servaient de projectiles.Bien des costumes et des robes du dimanche prenaient des taches jaunâtres. Quand on sait le respect qu’on avait à cette époque pour le vêtement acheté un œuf écrasé créait bien souvent des histoires et réveillait quelque querelle de voisinage .La course consistait à parcourir un circuit parfois accidenté avec franchissement de bottes de paille ou traversée de fossés, avec un œuf placé dans une cuillère à soupe .Des contrôles très stricts étaient effectués par les organisateurs pour vérifier si on n’utilisait pas de produits adhésifs.
Le jeu des cruches : c’était le meilleur moment de la fête et c’était tellement prisé que même les jeux de palet qui se disputaient dans une rue du village étaient interrompus pour permettre à leurs joueurs d’assister au « cassecruche » Sur une corde, la même qui servait à guider les vaches lors des travaux de la ferme,on accrochait des pots de terre( des pots qui habituellement contenaient le confit à la graisse d’oie, réformés parce qu’ils étaient fêlés ou parce que par porosité leur paroi était devenue rance ).On avait pris soin de mettre à l’intérieur un lot de fort peu de valeur, mais surtout il était accompagné d’eau ,de cendre, de suie ou de farine.Le concurrent les yeux bandés, était armé d’un énorme gourdin, soigneusement « déboussolé » par les organisateurs , il devait casser une cruche .Le public ne manquait pas de le guider dans ses opérations. Lorsqu’il était bien placé pour réussir son coup,on lui criait « Truquo »(frappe) .Il frappait et un nuage de suie ou de cendre colorait ses habits ou il prenait une bonne douche dans les éclats de rire du public .
La pièce de monnaie sur le fond de la poêle : toute la cuisine se faisait à la poêle sur le feu , et le côté feu était garni de suie, c’est là qu’on collait une pièce et il fallait aller la récupérer avec les dents, vous pouvez imaginer le maquillage qui en résultait .Un autre jeu consistait à extraire une pièce d’un plat de farine.
Le mât de cocagne :le charpentier du village avait été mis à contribution pour trouver un arbre bien droit auquel il avait enlevé l’écorce, au sommet, était fixé un cercle de bois où étaient accrochés les prix à enlever, saucisson , paquets de bonbons, paquet de gâteaux , les petits BRUN dans un emballage bleu métallisé, quelques piécettes dans un emballage de papier soie .Chaque groupe de concurrents avait un spécialiste pour un certain jeu .Je me souviens d’un nommé Gilbert qui grimpait comme un singe et les organisateurs ne l’autorisaient à décrocher que trois prix,il choisissait ce qui était consommable sur place, car à la fin des jeux, l’équipe se réunissait pour un goûter autour d’une grande bouteille de limonade et parfois ils envoyaient « un majeur » acheter une bouteille de bière .Le jeu du mât de cocagne présentait un certain danger pour les fonds de pantalon.La mère , très en colère , annonçait que la réparation se ferait en cul de sac, c’est à dire les deux bords rapprochés à grands coups d’aiguille .Le dimanche suivant on ne voulait pas que le « petit » soit ridicule et on achetait un autre pantalon : « le dernier de la saison ».
Lancer de la Mongolfière : Seules les communes qui avaient un important budget de fête pouvaient se permettre de lancer ce ballon en papier . Il était fixé à un bâton qu’on tenait depuis un toit d’un bâtiment très au dessous on faisait brûler un fagot de paille pour produire de l’air chaud, manipulation technique très dangereuse, une flamme montait trop haut et mettait le feu au ballon, les opérateurs étaient hués par le public et alors on enchaînait très vite avec l’orchestre pour lancer le bal.
Pierre DUPOUY