Petite parenthèse

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Triés sur le volet

Comment résoudre le problème de milliers de bacheliers qui restent sans affectation devant les portes des facultés ? En recrutant davantage de professeurs ? Non. En agrandissant les amphis ? Non plus. En ouvrant de nouvelles universités ? Mais non enfin !...

Beaucoup plus simple et surtout beaucoup moins onéreux, un nouveau projet de loi devrait permettre aux établissements de refuser de jeunes diplômés, sous couvert de « gérer les flux », et régler une bonne fois pour toutes le sacro-saint équilibre de la loi de l’offre et de la demande. Cette réforme permettrait d’avoir accès aux dossiers des étudiants, afin de pouvoir les choisir (puisqu’il ne faut surtout pas parler de « sélectionner »), en fonction de ce que l’on attend d’eux.

Augmentation des effectifs étudiants + manque de moyens = étudiants « triés sur le volet ».

Le sens de trier est facilement compréhensible. On choisit minutieusement  ce qui correspond au profil particulier que l’on recherche, lorsqu’on parle de personnes. Ce qui l’est moins, c’est cette histoire de « volet ». Loin de nos volets actuels (apparus seulement à la fin du XIXème siècle), il faut remonter une fois de plus au Moyen Âge, alors que le volet désignait un voile si fin qu’il voletait au moindre souffle d’air.  Ce tissu servait à tamiser des choses menues, comme des graines, avant de devenir au XVème siècle une assiette en bois sur laquelle on pouvait trier pois et fèves.

Mais alors, quid de nos jeunes pousses qui tomberont des mailles du filet ? Fraîchement diplômées de ce qui ne serait plus, ainsi,  le premier grade universitaire permettant l’inscription dans l’université de leur choix, devront-elles renoncer à leur projet d’études et d’insertion professionnelle ? Devront-elles s’endetter pour se payer des écoles privées hors de prix ?

Après le mot « Liberté » qui a déjà perdu de sa superbe, étouffé par un état d’urgence sans cesse renouvelé, c’est maintenant au tour de l « Égalité » d’y laisser ses lettres. Avec la crainte de n’en garder que le G.A.L., comme un début de galère…

Retrouvez la rubrique "Petite parenthèse" sur le site de Marielle Fourcade http://www.lechoixdesmots.fr

Photo de Une Fernando Mateo sur Unsplash

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