Nogaro – La romancière Valentine Goby lance le Prix littéraire des lycéens

0 Colleen Chaminand Valentine Goby et Zoé d'Aquino 1bis 161117.jpg

Elle dévoile aux lycéens une personnalité forte et une intelligence aiguë et réaliste

Le 13e Prix jeune mousquetaire du 1er roman sera décerné le 1er juin 2018 (1). Le lancement officiel du processus de sélection du futur lauréat a eu lieu jeudi 16 novembre dans la salle du cinéma-théâtre pleine de lycéens (2). Les 5 romans sélectionnés ont été présentés (3).

La romancière Valentine Goby s’assoit simplement sur le bord de la scène. Ses premières phrases :« Voilà une belle salle, impressionnante ! Autant de lecteurs rassemblés : vous êtes mon avenir et c’est une belle occasion d’échange ! » Puis elle répond longuement aux questions.

Le style et la manière

« Pourquoi écrire : pour faire de belles phrases et les écrire pour s’en souvenir ». Quand on écrit, on parle surtout de soi, même lorsqu’on décrit des étrangers. Ce qui arrive aux personnages, je le ressens profondément. Ma vie est en relation immédiate avec les gens et les choses. Je vis la littérature comme une expérience. Je vise un style dépouillé, sans fioritures : j’écris avec un couteau, sans « gras », surtout les scènes violentes. Un texte se tient quand il n’y a plus rien à enlever. Et je n’écris pas : « le personnage est triste ». Je décris les indices qui permettent au lecteur de déduire qu’il l’est.

Le domaine de Valentine Goby, c’est le roman social, le roman réaliste, à la Zola. Avant de commencer à écrire, elle accumule des centaines de pages de notes et, surtout, elle rencontre des témoins de l’événement : il y a toujours un événement à l’origine de ses romans. Elle prétend n’avoir pas beaucoup d’imagination (« j’amplifie des histoires authentiques »), mais chaque détail avancé est soigneusement vérifié (4).

Débusquer la lumière dans le noir

Elle écrit avec ce qui l’a construite : les études d’histoire et de littérature, les enfants des rues en Asie ; le constat que même les plus déshérités peuvent avoir une grande vitalité et une vraie vie. L’humanitaire a forgé son regard sur les choses et les gens. C’est pourquoi, dans tous les romans qu’elle écrit, elle va « débusquer la lumière dans le noir ». La littérature s’inscrit dans les failles, dans les moments où la vie se joue. « 30 % de mon temps sont consacrés à l’écriture, pour le reste, ma vie est faite de rencontres avec des publics ».

L’antilope blanche

« L’antilope blanche » romance l’histoire vraie d’une Française célibataire, qui part au Cameroun après la guerre de 39-45 créer un collège pour les filles : elle est en butte à l’incompréhension de l’administration coloniale et des Camerounais. Revenue à 80 ans, elle est acclamée. La romancière ne l’a pas connue : elle lui invente un journal intime où elle utilise les documents laissés par son héroïne « un journal intime, on n’y consigne que ce qu’on veut, il peut y avoir des blancs ».

L’avortement

Dans « Qui touche à mon corps je le tue », la romancière s’attaque au problème de l’avortement en 1943, époque où l’avortement était condamné par la loi et les « faiseuses d’anges » condamnées à mort. Elle répond, dans le droit fil de la loi Veil, à une question sur ce roman.

Elle décrit l’état d’esprit d’une femme de l’époque, passée de l’autorité de son père à celle de son mari, seule, vu que son mari est parti au STO (Service du tavail obligatoire en Allemagne). Et qui veut disposer de son corps. « On n’est pas pour l’avortement, on est pour le libre choix ! » conclut-elle.

Le corps féminin : que fais-tu de ton utérus ?

Ce qui l’intéresse profondément, c’est d’écrire le corps. Le corps, c’est ce que nous avons tous en commun et qui nous intéresse. « Nous sommes des corps qui traversent l’espace, nous sommes des sommes de sensations ». Elle s’intéresse, jusqu’à présent, au corps féminin et ses personnages sont féminins (sauf dans le roman en cours). La grande question : « Tu as un utérus, qu’est-ce que tu en fais ? »

Le lancement des Rencontres littéraires à la mairie

La romancière et les lycéens retrouvent à la mairie le maire, des conseillers municipaux, le proviseur et le proviseur adjoint du lycée d’Artagnan, le professeur Éric Busson, la libraire Françoise Corbel (d’Éauze) et d’autres personnes pour le lancement des Rencontres.

Christian Peyret, maire de Nogaro, dit l’enthousiasme de la municipalité pour le projet des Rencontres littéraires de Nogaro, proposé en 2013 par Éric Busson. Une manifestation qui attire des lycéens et des adultes de plus en plus nombreux. En particulier, il souhaite que de plus en plus de Nogaroliens « poussent la porte », qu’ils votent pour le livre qu’ils auront préféré. Il souligne qu’il n’y a pas d’événement littéraire de cette ampleur dans le Gers.

(1) Organisé par la junior-association de lycéens (terminales, 1es et 2es) Un livre dans la poche et lancé par le professeur Éric Busson, tous du lycée d’Artagnan de Nogaro. Les lycées de Condom, Mirande, Vic-en-Bigorre, une classe du lycée Pardailhan (Auch) et le lycée de Valence (Espagne) participent au choix du roman qui gagne le Prix. 

Depuis quelques années, la remise du Prix s’accompagne des Rencontres littéraires de Nogaro, entre les lycéens, les auteurs des romans sélectionnés, des auteurs des sélections des années passées et le public.

Chaque année, un écrivain confirmé préside le jury lycéen. Cette année, c’est Valentine Goby, un écrivain prolifique : depuis 2002, elle a publié plus de 30 romans pour adultes et pour la jeunesse.

Elle a travaillé pour des associations humanitaires à Hanoï et à Manille pendant 3 ans auprès des enfants des rues. Enseignante, elle quitte la profession pour se consacrer à l’écriture. Mais de 2013 à 2016, elle est maître de conférence en littérature et en atelier d’écriture à Sciences Po.

Elle exerce une multitude d’activités qui amènent des contacts : ateliers, rencontres, conférences, résidences d'écritures en milieu scolaire, en prison, en médiathèque, à l'université. Elle a reçu de nombreux prix littéraires et – entre autres fonctions - elle est présidente du Conseil permanent des écrivains depuis 2014.

(2) Voir aussi l’article (https://lejournaldugers.fr/article/23464-nogaro-vers-le-13e-prix-litteraire-des-lyceens). (3) Ce sont « Tu riras moins quand tu connaîtras les hommes » de Florent Bottero (Denoël), « Le courage qu’il faut aux rivières » d’Emmanuelle Favier (Albin-Michel), « Le presbytère » d’Ariane Monnier (Jean-Claude Lattès), « La fuite » de Paul-Bernard Moracchini » (Buchet-Chastel) et « La fin de Mame Baby » de Gaël Octavia (Gallimard). (4) Elle donne un exemple : est-ce qu’en 1956, année où a lieu son roman en cours d’écriture, le crochet à ventouse en caoutchouc existait déjà en France ? Après d’intenses recherches, elle trouve qu’un inventeur du concours Lépine l’a présenté en 1955 !

 

2 Eric Busson et Valentine Goby à l'ouverture 1bis 161117.jpg
2 Eric Busson et Valentine Goby à l'ouverture 1bis 161117.jpg
5 Anna Trnka Tu verras quand tu connaîtras les hommes de Flrent Bottero 1bis 161117.jpg
5 Anna Trnka Tu verras quand tu connaîtras les hommes de Flrent Bottero 1bis 161117.jpg
6 Tiffanie Bignaux présente
6 Tiffanie Bignaux présente
7 Colleen Chaminand Valentine Goby et Zoé d'Aquino 1bis 161117.jpg
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8quinto  Colleen Chaminand montre La fin de Mame Baby de Gaël Octavia 1bis 161117.jpg
8quinto Colleen Chaminand montre La fin de Mame Baby de Gaël Octavia 1bis 161117.jpg
9 Françoise Corbel et Valentine Goby 1bis 161117.jpg
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10 Les lycéens au pot à la mairie 1bis161117.jpg
10 Les lycéens au pot à la mairie 1bis161117.jpg
7bis Christian Peyret Eric Busson et jean-Luc Drussel 1bis 161117.jpg
7bis Christian Peyret Eric Busson et jean-Luc Drussel 1bis 161117.jpg
12 Valentine Goby 1abis 161117.jpg
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13 Les autorités, Valentine Gby et des lycéens 1bis 161117.jpg
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