Le Journal du Gers rencontre Jean-Claude Mary le 28 septembre au gîte d’étape de Nogaro, point de chute de beaucoup de pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est un homme mince, d’abord sympathique. Il voulait rejoindre à pied Saint-Jacques depuis Moscou : il y a renoncé devant les dangers de la route.
Comme il est passionné d’Histoire, il a choisi de partir du site d’un des deux ponts lancés le 25 novembre 1812 sur la Bérézina , près de Stoudienka, par les pontonniers du général Éblé (1). Ce site est situé à 120 km au nord-est de Minsk, capitale de la Biélorussie. Jusqu’à Saint-Jacques, cela fait tout de même 6 000 km !
Un accueil extraordinairement chaleureux
Le marcheur garde un souvenir extraordinaire de l’accueil des Biélorusses. Ils étaient très fiers que ce Français ait choisi leur pays pour commencer son parcours. Tout le monde le connaissait, car la télévision biélorusse l’a interviewé : « Je suis devenu une star ! » dit-il en souriant. Et partout où il s’arrêtait, la population cherchait quelqu’un parlant français pour dialoguer avec lui. Il est même arrivé que l’on traduise ses paroles en téléphonant à une personne francophone. Chacun voulait démontrer l'hospitalité biélorusse.
Selon la difficulté de la route, Jean-Claude Mary parcourait en moyenne 25 km par jour. Il s’adressait aux prêtres catholiques et ceux-ci l’hébergeaient. Ensuite, il demandait à son hôte d’appeler un autre prêtre qui veuille bien le recevoir à sa prochaine étape.
Il garde une grande reconnaissance pour cet accueil que lui ont réservé les Biélorusses et il tient à aider les catholiques de Borissov qui cherchent des fonds pour terminer la construction de leur église (1) pour les remercier de l’avoir aidé.
Un récidiviste
Jean-Claude est né en 1949 dans l’Orne. Il vit à Évreux, où il a travaillé dans une banque. Il est hospitalier par périodes pour les pèlerins à l’ancien couvent de Moissac. Désireux de réfléchir, en marchant, sur sa vie et de se surpasser, il n’en néglige pas pour autant les sites chargés d’histoire qu’il rencontre. Il lui arrive même de faire des détours pour les visiter.
Le croirait-on, il en est à son 6e pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle : il l’a fait deux fois en partant du Puy-en-Velay, une fois par le chemin d’Arles, une fois de Genève et une fois de Budapest. Il affirme que cette fois-ci est la dernière...
« Ces longues marches me donnent un regard plus humain ». Il est évident qu’il faut beaucoup de volonté et de courage pour effectuer de tels parcours. « Aujourd’hui, je suis très fatigué », avoue-t-il. Mais pourrait-il abandonner ? « Non je ne peux pas ! » répond-il avec force.
Pour l’anecdote, la consule de France à Minsk, qu’il avait contactée pendant la préparation de son voyage, a tout fait pour le dissuader de venir en Biélorussie. Elle ne l’a donc pas convaincu et c’est de Biélorussie qu’il garde les meilleurs souvenirs des rencontres avec la population.
Bon voyage jusqu’à Saint-Jacques : il reste encore 15 jours de marche jusqu’aux Pyrénées et 35 des Pyrénées jusqu’au terme. Mais Jean-Claude Mary compte prendre un jour de repos de temps en temps.
(1) Ils ont travaillé dans l’eau glacée jusqu’à la poitrine. Les ponts existants à Borisov, à 15 km en aval, avaient été détruits par les Russes qui attendaient les Français. Napoléon fait une manœuvre de diversion vers Borisov, pendant que les pontonniers construisent les ponts près de Stoudienka. (2) Il a créé une adresse Internet pour que les personnes intéressées par ce projet le contactent ([email protected]). Il compte aussi faire des conférences.