La cérémonie de commémoration du 11 novembre rend hommage plus largement à tous ceux qui se sont battus pour leur pays.
L'occasion de mettre en lumière des personnalités marquantes.
L'ouvrage Maquis de Gascogne de Raymond Escholier, est dédié à Maurice Poncelet.
Ce peintre parisien était membre du bataillon de l'Armagnac.
La rue vicoise où il a vécu pendant sa parenthèse vicoise porte son nom.
Pour ses amis du bataillon de l’Armagnac, Maurice Poncelet est « Properce », l’homme des parachutages dans le secteur de Vic-Fezensac, ces nuits d’angoisse où l'on attendait les containers largués depuis les avions.
Après un message énigmatique entendu à la radio du type « Les pintades se sont envolées » ou « La mariée s'est évanouie », les hommes de l'ombre préparaient le terrain en le signalant par des feux aux 4 coins, ce qui permettait aux avions alliés de repérer l'espace où ils lanceraient les « tubes » remplis d'armes, de nourriture et même d' argent.
Ces tubes pèsent jusqu'à 300 kilos, il peut y en avoir une quinzaine.
Raymond Escholier, ami de Poncelet, raconte un parachutage par une nuit glaciale.
« Parfois même, quand ça va mal, il faut risquer le pire et faire son boulot en plein soleil.
Ainsi, une fois, en décembre 43, au sud de Vic, entre Bagatelle et Grassio... Cette nuit-là, le thermomètre marque moins dix. Or, par mégarde, l'avion vient de parachuter les tubes dans une vigne qui a une pente de 50 degrés... Alors, il faut charrier à dos d'homme, sur la terre glacée et glissante les 15 containers... Pour cela on est six en tout, oui, mais il y a là Poncelet, Georges Dumont, de Belmont et sa fine équipe, la plus disciplinée et la plus discrète de la région.
N'importe ! On est crevé.Tous les vingt pas, on doit faire une pause pour souffler, reprendre un peu de force. Les copains sont si recrus de fatigue qu'ils s'endorment sur le tas, dès qu'on s'arrête. Avec ce poids, cette pente, ce verglas, pour un pas en avant, on en fait deux en arrière. Aussi, quand le jur paraît, rien n'est terminé... Avant que tout soit fini, il fait se coltiner les tubes jusque vers 11 heures.
Et quand ils vous content cela, les hommes de l'équipe n'ont qu'un mot : « On aurait dû être pris cent fois ! »
Et Poncelet de renchérir : « C'était passionnant ! »
Amour de la patrie, grande et petite, haine contre le barbare, goût de l'aventure... Toute la Résistance est faite de cela – et encore d'autre chose », conclut Raymond Escholier qui se remémore les mots de Wells : « Vous serez peut-être fusillés, pendus, écartelés, ébouillantés, mais vous ne vous ennuierez pas ! »
Pierre DUPOUY d'après Maquis de Gascogne de Raymond Escholier éditions du Milieu du Monde octobre 1945
Crédit photo : https://resistance-gers.fr/