La traditionnelle Foire de la Madeleine aura lieu à Montesquiou les 20 et 21 juillet prochains. C’est le renouveau d’une foire traditionnelle mettant à l’honneur la "Mirandaise" race locale bovine digne du patrimoine gersois.
Jacques Couzinet, membre très actif de la Société archéologique et historique du Gers nous présente le passé de la Madeleine, non seulement foire aux bestiaux, mais aussi lieu de rencontre de paysans venus parfois de loin :
« Durant des siècles, le rayonnement de la foire de Sainte-Marie-Madeleine à Montesquiou, dépassait largement le cadre régional. Tout au long des XIXe et XXe siècles, elle s’affichait comme une des meilleures références du commerce des bestiaux de tout le Sud-Ouest.
Rendez-vous commercial, la foire était le lieu d’échange par excellence, les agricultrices apportaient leurs volailles, œufs et toute la production du potager. Les hommes accompagnaient la paire de bovins, le porc charcutier ou les ovins. Les transactions finies, ils vont parcourir les rues et abords du village envahis par les marchands forains qui proposent étoffe, lingerie, ruban, bimbeloterie, quincaillerie, denrées coloniales, comestibles… La foire était un lieu de rencontres amicales. « Pour les populations gasconnes éparpillées comme poussière dans les maisons rurales, la foire était l’occasion unique de satisfaire le besoin d’épanchement. Ses ventes faites, le paysan s’informait des nouvelles, échangeait ses pronostics sur la récolte, s’enquérait de la santé des parents et amis. Il parlait ; il parlait pour toute la semaine … pour se dédommager de l’isolement que lui imposait son séjour dans la ferme ». La foire était une nécessité d’ordre économique aussi bien que d’ordre social.
Si le marché aux ovins restait florissant jusqu’au dernier siècle, Montesquiou tirait sa renommée de la foire aux bœufs de travail. Depuis les années 1820, le programme de sélection dans la race gasconne permettait l’élevage de jeunes bœufs de trois ans reconnus pour leurs qualités : remarquables pour leur endurance au travail, dociles dans leurs conduites, très résistants sous la chaleur. Chaque année, de très nombreuses fermes préparaient une paire de braus qui seront vendus à la Madelaine. Avec fierté, l’agriculteur les bichonne en leur réservant la meilleure nourriture ; ils assurent la reconnaissance du savoir-faire et, en même temps une importante entrée d’argent pour l’exploitation.
La réussite et la renommée de la foire tiennent beaucoup à sa date, le 22 juillet, et ce, pour une raison très simple : à cette période de l’année, le bétail est dans son meilleur état physique. Dans nos campagnes, circule le dicton : « Jusqu’à la Madeleine, les bovins font de la viande et après du poil ». Sortis de l’étable au début du printemps, le troupeau pacage l’herbe grasse et riche, il profite, fait de la viande. À l’approche de l’automne, il commence « à mettre son poil d’hiver » pour se protéger du froid.
À côté des paysans du canton qui conduisent leur vache ou leur paire de bœufs, arrivent les plus importants maquignons du secteur avec des troupeaux de cinquante à plus de cent têtes de bétail. Les plus gros maquignons (Duffar, Bernichan, Douat, Sainte-Marie), après avoir rassemblé leurs achats dans toutes les fermes parfois distantes de plusieurs dizaines de kilomètres, regroupent d’importants troupeaux dans les près du Bourguignon avant de remonter La Garenne lieu des transactions. La Mirandaise règne en maître, elle domine toutes les autres races. Ils retrouvent le collège des acheteurs venant des départements de la Haute-Garonne, de l’Aude, de l’Ariège, du Tarn, de l’Aveyron, d’autres viennent de beaucoup plus loin comme ce « M. Dauphin, de Meaux en Seine-et-Marne, acheteur des meilleurs bœufs d’attelage pour ses clients propriétaires de vastes propriétés en Brie ». Pour quelques acheteurs, négociants grossistes, il n’est pas rare de réaliser une seule transaction portant sur 5 ou 6 paires de bœufs. Plus d’un millier d’animaux change de propriétaire lors de cette foire de la Madelaine. La foire terminée, les animaux, acheminés à pied, se dirigent vers la gare de chemin de fer à l’Isle-de-Noé ; chargés dans les wagons ils vont rejoindre les lieux de résidence de leurs nouveaux propriétaires. »
De nombreuses animations sont prévues les samedi 20 et dimanche 21 juillet 2024. Présentation de bétail, de vieux tracteurs et matériel agricole ancien, repas avec dégustation de viande de Mirandaise, randonnée avec le CPIE, stand pour présenter le projet de parc naturel régional d’Astarac, danses et musiques traditionnelles, camelots : une vraie foire d’antan.
Photos 1954, collection privée.