Bernard Vandeplas, Histoire d’un monument d’Auch : Le monument en l’honneur de Hippolyte-Prosper Lissagaray (1838-1901)
C'est à Auch que les amis de Lissagaray ont décidé de lui élever un monument. Car c'est là que s'ouvrit sa carrière politique. Le projet est modeste, une œuvre d'élégante simplicité, en fait, les ressources du Comité Lissagaray étant faibles. Lissagaray est mort en 1901, incinéré au Père-Lachaise ; en 1903, le monument est terminé. Mais celui-ci pose problème à ses contemporains. En plus, nous sommes à la fin de l’ère de la statuaire républicaine monumentale. Si bien que le monument ne prendra sa place effective qu’en 1927. Entre temps, il est relégué dans un coin de la bibliothèque municipale. En 1926, le conseil municipal et le ministère de l’Intérieur donnent un avis positif pour l’inauguration du monument. Cette dernière ne fut pas officielle, et assurément pas démonstrative. Nous ne possédons même pas la date précise...
Laurent Marsol, Ernest Vila (1898-1950) : « des crampons à l’armée des ombres », il n’y a qu’un pas…
Voici un illustre Gersois, qui a assez souvent donné son nom à des complexes sportifs afin de rappeler le rugbyman qu’il fut – à Auch et à Tarbes –, jusqu’à être sélectionné en 1926, dans l’équipe de France. Né à Auch en 1898, formé à l’École Normale, mobilisé en 1917, blessé, décoré, il devient instituteur d’abord à St Clar puis à Auch après-guerre. Mais c’est aussi l’un des pionniers de l’introduction du tennis dans le paysage auscitain… Mais bien au-delà du sport, Ernest Vila est et restera le chef de la Résistance gersoise. La déflagration de la seconde guerre mondiale et la politique de collaboration du gouvernement Pétain, qui le fit révoquer de sa profession d’instituteur, l’incitèrent à entrer en clandestinité aux côtés de Mauroux, Bourrec, Daubèze, Villanova et Mouchet ; ils formèrent de la sorte un groupe de résistants fervents et courageux dans le chef-lieu du département. Son charisme et sa ténacité à toute épreuve le portèrent à la Libération, dès le mois d’août 1944, à devenir le président du Comité Départemental de Libération et agir de telle manière que les institutions républicaines et les règles démocratiques fussent restaurées dans le département du Gers.
A la fin de la séance, nous assistons à la lecture du compte-rendu de l’ouvrage de Hubert Sagnières, Routes nouvelles, côtes inconnues, 16 explorations européennes autour du monde 1714-1854, préface d’Olivier Poivre d’Arvor, Flammarion, 2023. ISBN 978-2-0804-2844-8 par Véronique Larcade :
L’imposant in-quarto, fort de 400 pages, publié, il y a quelques mois, Hubert Sagnières renoue avec la grande tradition des récits de voyages à laquelle se livrent de longue date les éditeurs. Il place les lecteurs dans le moment historiquement privilégié durant lequel, entre la fin du règne de Louis XIV et le début de celui de Napoléon III, les progrès de l’art de la navigation conjugués au statut international de la France et à la transformation des idées et de la société, concomitante de l’essor des Lumières permit non seulement qu’aient lieu, encore, de grandes expéditions de découverte, mais qu’elles le soient avec un regard différent de celui qu’avaient porté les précurseurs sur l’ailleurs de l’Europe. L’un des attraits de ce livre tient à ce qu’il ne présente pas uniquement la narration des péripéties de ces périlleux voyages, mais à ce qu’il donne véritablement la parole aux voyageurs qui les ont accomplis. Des extraits de journaux de bord, relations ou correspondances font saisir authentiquement aux lecteurs les ambiances et les personnalités. La qualité et l’originalité des illustrations dont beaucoup sont inédites complètent la mise en contact concrète autant avec ce qui est vu qu’avec ce qui est perçu.
Divisé, comme l’annonce le titre en 16 chapitres, centrés chacun sur l’itinéraire tant géographique que personnel de figures d’explorateurs cet ouvrage convoque évidemment, celles des plus célèbres : Louis-Antoine de Bougainville, La Pérouse ou encore Dumont d’Urville. Surtout avec autant de science et de précision il en révèle de moins connues, comme celle de Le Gentil de la Barbinais, de Hyacinthe de Bougainville, le fils oublié du « découvreur » de Tahiti mais aussi encore Gaston de Roquemaurel (1804-1878), avec lequel se conclut l’ouvrage et qui intéressera tout spécialement les lecteurs gersois d’autant qu’Hubert Sagnières a fait appel pour en traiter à Jean-Philippe Zanco (professeur à Auch, membre de la Société Archéologique), un spécialiste de l’érudition duquel la SAG et ses adhérents bénéficient de longue date. Né à Toulouse, mais élève à Auch, on peut le tenir comme pratiquement gascon, mais parce que, dans une certaine mesure, il est, lui aussi, « venu trop tard, dans un monde trop vieux » ou plutôt trop différent. Extraordinairement doué et passionné par le grand large, sa carrière a été entravée par les circonstances historiques comme l’excellence de ses services a été occultée par la flamboyante notoriété de Dumont d’Urville dont il a été le valeureux second plutôt maltraité. Gaston de Roquemaurel n’a donc pas pu réaliser les rêves de voyage d’exploration qu’il nourrissait depuis sa jeunesse avant les années 1850. On ne peut que saluer Jean-Philippe Zanco et Hubert Sagnières de lui rendre ainsi et si bien justice.
Le prix de cet ouvrage peut sembler élevé, pourtant, au vu de la qualité de sa présentation typographique, du travail d’édition et de l’iconographie (les cartes en plus des illustrations admirablement choisies sont remarquables) comme par la richesse du texte, il est plutôt raisonnable. C’est à coup sûr un beau livre, à offrir où à s’offrir. Mais on se plaît à imaginer que beaucoup de jeunes (ou de moins jeunes) lecteurs le trouvent sur les étagères d’une bibliothèque publique et le feuillettent et le feuillettent encore pour partir à leur tour en rêve ou « pour de vrai » sur des routes lointaines et vers des côtes inconnues.