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Notre pays est frappé par une baisse des naissances inédite depuis 1945 !
Le président de la République a appelé, mardi 16 janvier, à un « réarmement démographique » pour relancer la natalité en France.
Congé de naissance, plan contre l'infertilité... Il ne manque pas d'idées comme n'en manquaient pas les politiques de l'époque !
Revenons sur nos pas...
Nous avons retrouvé le procès verbal du conseil municipal du 23 mars 1920 que présidait le maire de Vic-Fezensac, le docteur Delucq.
Les élus s'inquiétaient de la dépopulation de la commune dont le nombre d'habitants a diminué d'un tiers depuis 1870 et dont le nombre de décès pendant les six dernières années a été quatre fois plus élevé que celui des naissances.
Le conseil municipal a décidé de prendre des dispositions pour lutter contre la mortalité infantile et de voter des primes d'encouragement à la natalité.
Pour lutter contre la mortalité infantile
Le Conseil souhaite protéger les enfants et assurer leur développement normal.
Il vote un crédit de 300 francs pour une consultation de nourrisson à laquelle seraient conviées toutes les jeunes femmes et jeunes filles de la commune pour s'initier à soigner correctement les enfants.
200 francs financeront une inspection médicale des écoles au cours de laquelle les médecins seront invités à établir pour chaque élève un carnet de santé.
Primes à la natalité
Le conseil municipal vote les mesures suivantes
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un logement de 4 pièces et un jardin de six ares seront offerts gratuitement pour 4 ans à toute famille ayant 4 enfants vivants à dater du 1er janvier qui suivra la naissance du 4e.
Si la famille est déjà en loyer ou si elle est propriétaire, elle percevra la somme de 120 francs annuellement pour l'amélioration de l'habitat pour une meilleure hygiène.
La durée de ces avantages augmentera de deux années par enfant vivant au-dessus de 4
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La commune s'engage également à payer les cotisations à une Société de Secours Mutuels de Vic pour une couverture des accidents et de la maladie.
Les parents bénéficieront de cette aide toute leur vie et les enfants jusqu'à l'âge de 13 ans sous réserve qu'ils fréquentent l'école régulièrement et que deux au moins continuent à habiter à Vic-Fezensac.
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Chaque année au mois de juin, une somme de 500 francs sera attribuée au cours d'une fête enfantine à la mère de famille la plus jeune qui aura eu un enfant dans le courant de l'année précédente, elle devra avoir moins de 18 ans à la naissance de l'enfant .
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La même somme est inscrite également au budget pour la mère de famille également la plus jeune qui aura donné naissance à un enfant dans l'année précédente et qui aura le plus grand nombre d'enfants vivants.
Faire œuvre de vie
Après avoir voté toutes ces mesures à l'unanimité, le Conseil Municipal imaginant les difficultés que ne manquerait pas de poser l'application de telles décisions décide de constituer une commission extra-municipale qui aurait pour mission « de dégager les solutions pratiques et de créer une ambiance favorable »
On trouve dans cette commission à peu près les mêmes personnes qui figurent dans le comité pour élever un monument aux morts à la mémoire des Vicois tombés au champs d'honneur.
La souscription pour ce mémorial ayant permis de réunir la somme de 20 000 francs, le docteur Delucq propose qu'une partie de cette collecte aille au chapitre de l'aide à la natalité et dans une grande envolée patriotique, il justifiait sa proposition : « Ainsi nous les associons à notre effort pour régénérer la France tâche pour laquelle ils ont donné leur sang. Faire sortir de la plus terrible œuvre de mort la vie de nombreux enfants qui empêcheront la France de périr serait leur donner la meilleure récompense qu'ils puissent souhaiter , la preuve que leur sacrifice n'aura pas été inutile »
La commission fut insensible à ses propos et ne suivit pas le maire dans son projet.
Forcer la nature
Le docteur Delucq, très polarisé sur cette affaire de repopulation, n'hésite pas dans le Bulletin du syndicat central des agriculteurs de Vic-Fezensac à proposer des expériences audacieuses qui ne manquèrent pas à l'époque de faire bondir les bien pensants de la communauté vicoise.
Tout d'abord il estime que Vic est une commune où l'ambiance est favorable à son expérience : « La population n'a point de préjugés, une bonne partie des jeunes filles qui se marient sont déjà mères ou sur le point de l'être.
Dans les foyers l'enfant naturel est aussi bien accueilli que l'enfant légitime. »
Cependant, on trouve à Vic-Fezensac de vieilles filles qui soit par négligence, soit faute d'occasion, soit par quelque disgrâce de la nature qui a écarté l'occasion favorable, soit par la survivance d'une superstition barbare, ont dépassé la trentaine sans avoir obtenu de citation à l'état civil.
Le docteur Delucq met au service de ces demoiselles les ressources de la science.
Il propose - nous sommes en 1921- d'appliquer la fécondation artificielle.
Il reconnaît que le procédé scientifique est peut-être moins poétique dans sa phase de préparation que la méthode naturelle mais il est identique dans les résultats.
Le docteur Delucq craint tout de même le véto de la cour de Rome « bien que l'Église honore une jeune fille qui devint mère sans avoir senti le contact d'un homme. »...
Pierre DUPOUY