La Marmandox versus la Fée qui Recolle les Morceaux

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Les festivités sont terminées mais la magie de Noël n'a pas encore tout à fait disparu.

Prolongeons-la avec ce conte issu de l'imagination de François Macé, notre collaborateur photographe conteur à ses heures  !

"Toute ressemblance avec des personnes ou des faits est rigoureusement impossible.

Ce texte mélange fantastique et féérie de Noël. Il est sorti tout droit de l'esprit de l'auteur, c'est -à -dire du mien ! Personne ne peut s'y reconnaître, c'est bien cela qui est triste ! Enfin peut-être un peu mais pas vraiment ! « Oui, mais non ! » comme le disait l'une de mes amies.

Ces dernières années, le lutin que je soupçonne de vivre dans mon ordinateur avait redonné signe de vie. Il profite habituellement de ma foi soudaine la veille de Noël alors que je me rends à l'église pour l'office.

Cette année, la maison n'était plus défendue par Rocky qui est tristement parti rejoindre les étoiles, comme l'écrivait Antoine de St Exupéry dans le Petit Prince.

Seul Idéfix ne gardait que son canapé et attendait notre retour tristement car son ami lui manque.

Cette année la messe de minuit est à 20h30 à Lupiac patrie de D'Artagnan. Cela me rappelait le fameux « Five o'clock à toute heure » d'un célèbre café parisien.

Ce que j'aime, c'est sortir la nuit pour profiter des illuminations et de l'ambiance de cette soirée particulière. Le lutin qui vit dans mon ordinateur y perd son ASCII c'est à dire le langage des ordinateurs. Les PC ne parlent pas latin, les curés vous le confirmeront.

Le Lutin s'est adressé à moi à travers un article de presse que j'avais rédigé pour évoquer le marché de Noël. Il faut dire que ces dernières années le Lutin ne s'y retrouve plus. Le marché de Noël début décembre est déroutant. Le marché de Noël à Vic s'est déroulé le 2 décembre sur la place à proximité du kiosque.Notre ami est cartésien. Noël, c'est le 25 décembre, la date figurant sur le bureau de l'ordinateur faisant foi. Quant au Père Noël, le lutin m'a affirmé à de nombreuses reprises qu'il s'agissait d'un imposteur se faisant passer pour le vrai afin de tromper les enfants et leur soutirer des informations à but commercial. Un sondage gratuit en quelque sorte.

C'est en relisant mon article le lendemain de son écriture que j'ai eu la surprise de le trouver totalement différent de la veille.

L'Informe à Tics, qui est le nom de ce facétieux habitant de mon vieil ordinateur, a sévi cette fois le 26 décembre. Il faut dire que cette année, j'avais à la maison pour la veillée de Noël un ami policier à la retraite particulièrement soupçonneux et méfiant. Le lutin a attendu son départ avec prudence.

L'Informe à Tics m'interpelle à travers un article en cours de rédaction. Encore une fois tout est modifié par rapport au texte écrit précédemment. Ce qui n'est pas agréable en soi.

« La Marmandox, c'est une sorcière, je t'en ai souvent parlé. Je te l'ai décrite les années passées, je n'y reviendrai pas. Elle a 1 000 ans ou plus. Au cours de ces années, de méfaits en méfaits elle s'est créée des ennemis. Parmi ceux-ci se trouve la Fée Qui Recolle les Morceaux. La Marmandox est responsable de nombreuses destructions. Les miroirs et les vitres sont du nombre en raison des disputes et des guerres dont elle est en partie responsable.

Lorsque nous cassons une vitre ou un miroir, la Marmandox nous jette un sort de malheur de sept ans. La Fée Qui Recolle les Morceaux tente de réajuster tous les bris de verre et de miroir qui sont portés à sa connaissance avant que la Marmandox en ait eu vent.

C'est une course contre la montre.

C'est ainsi que tout miroir recollé, même loin du regard de son propriétaire, annule la malédiction.

Le souci vient que tout se fait dans la précipitation pour conjurer le sort. Tant que les morceaux s'ajustent, elle recolle. C'est bien là le problème.

Quel problème ? Parfois elle commet des erreurs en recollant les morceaux. Bien involontairement, doit-on avouer.

Parfois des destinées s'entrecroisent avec soit bonheur ou quelquefois avec des surprises.

Les morceaux lui proviennent par l'intermédiaire d'amis notamment d'une amie sincère qui réside en ville. Les gens croyant bien faire les jettent pêle-mêle dans un grand sac. Parfois, mais cela est rare, ils proviennent de miroirs ou de vitres ayant appartenu à des personnes différentes.

Ainsi, comme cette amie avait évoqué  chez l'épicier son intérêt pour les morceaux de miroirs ou de vitres cassées, les uns et les autres les lui déposent pour une amie versée dans l'art.

Pas un mot à propos de la fée. De toute manière personne ne croirait cette histoire.

Dernièrement, la fée a découvert des morceaux de vitraux donnés par le curé en raison de leurs couleurs chatoyantes. Un sale gosse visant les pigeons au lance-pierre a réussi à détruire la base de l'un deux. Ils ont été récupérés par son amie vivant en ville.Les restaurateurs ont affirmé au curé qu'ils pourront refaire la partie détruite du vitrail de l'archange St Michel à l'identique. C'est ainsi que la fée à trouvé un morceau avec une pointe ressemblant à s'y méprendre à la flèche de Cupidon. Il s'agit là d'une grave erreur d'interprétation. C'était la pointe de l'épée de l'Archange.

La fée a reconstitué un miroir d'une grande taille. Ce dernier porte dans une encoignure une partie grise très discrète. Elle a eu du mal à l'insérer. Il ne rentrait pas véritablement bien. Toujours prise par le temps, elle a ajusté un coup de marteau sec et le tour est joué.Le miroir en question appartenait à un vieux célibataire qui vivait avec son gros chien. Quel est le problème me direz-vous ? Depuis il tente de vaincre les démons qu'il repère chez ses voisins. Les uns ont celui du jeu, d'autres de l'alcool. Les gens le connaissant ne comprennent pas sa métamorphose.

Noël est passé par là. Un sac déposé avec discrétion contenait un miroir de salle de bain avec quelques morceaux de carafe de vin rouge très ancienne et autrefois jolie.

Lorsque les morceaux sont dans le même sac, la fée pense naturellement qu'il s'agit du même miroir. C'est ainsi qu'une fois le miroir recollé, la grand-mère du bout de la rue, une ancienne institutrice revêche et toujours pressée de vous faire la morale, se cache depuis pour boire plusieurs verres de vin chaque jour.

Parfois le soir, avant de s'endormir la fée constate avec surprise et effroi qu'il reste des morceaux dans son sac. Elle en ignore la provenance. Les fées ne savent pas tout.

Pour ne pas les perdre, cette dernière les colle sur le dessus d'une petite table.

Parfois, au cours de l'année, certain morceaux lui parlent et lui racontent des morceaux de vies. Forcément, il en manque des bouts et c'est frustrant.

Sans le savoir, elle a recollé en partie la vie d'un vieil aviateur qui avait cassé une grande vitre réputée incassable. On n'en parle, plus mais le mur du son a cassé de nombreuses vitrines. Cela augmente le sort parfois de sept ans par sept si la vitre comporte sept épaisseurs soit 49 ans de malheurs. C'est lourd à porter. Malheureusement elle n'avait pas tous les morceaux. Dans son cas, le sort n'avait été que partiellement levé.

La Marmandox ne gagne pas souvent contre la Fée qui Recolle les Morceaux. Elle est vive et très rapide. Dans la rue de son amie, on parle quelquefois de mariage inexpliqué entre des gens qui ne se connaissaient pas du tout. Personne ne comprend comment ils se sont rencontrés. Par contre, une indiscrétion de l'épicier fait le tour du quartier : l'institutrice va de plus en plus souvent chez lui acheter du vin en cachant la bouteille sous son grand manteau».

Texte et illustrations : François MACE 

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