Une nuit de Noël à la montagne

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Dans la rubrique hebdomadaire "Revenons sur nos pas", on ne pouvait pas, en ce 25 décembre, ne pas vous proposer un petit conte de Noël !

A déguster sans modération !

24 décembre à Gavarnie...

La neige tombe drue et épaisse et elle recouvre les rues, toutes les maisons sont blanches.

On voit la fumée sortir des cheminées : il fait froid et les gens restent chez eux pour cette nuit de Noël.

Je frappe à la porte d'une vieille famille du pays qui m'a invité pour la soirée.

Ses membres sont bergers de père en fils depuis des générations. Leur voisine fait du fromage avec le lait de leurs chèvres.

Le feu brûle et les flammes s'élèvent. La grosse bûche de Noël trône dans l'âtre.

Au ras de la cendre, une toupine, une  grosse marmite dans laquelle mijote la daube de Noël.

« Je vais vous raconter l'histoire de la bûche de Noël, dit le papi.

- On la connaît tous  ton histoire ! » soupire son fils.

- Le monsieur ne doit pas la connaître ! »

Et il commence son histoire :

« Derrière la bergerie, il y avait un chêne énorme, un chêne sans doute plus que centenaire. L'été, il nous faisait de l'ombre pour la sieste mais l'hiver, il tombait de ses branches des glands et des feuilles qui recouvraient le toit de la bergerie et l'endommageaient.

Un jour, nous nous sommes tous réunis, la famille mais aussi les habitants car cet arbre, c'était un peu l'âme du village et nous avons décidé de le couper.

On n'avait pas de tronçonneuse et on a utilisé la hache d'un bûcheron et le passe-partout, cette scie à grosses dents que l'on tire des deux côtés.

L'arbre est tombé sous les applaudissements de l'assistance.

Moi, je ne voulais pas que l'on découpe le tronc de l'arbre en morceaux sans que l'on sache à quoi ils seraient destinés.

Je décidai donc qu'il y aurait un morceau de tronc pour Noël, un pour le 31 décembre, un pour la fête du village, un autre pour la Saint Jean et un autre pour Guigui, pour sa première communion.

Guigui, c'est mon petit-fils, le petit Guy que l'on surnomme ainsi. »

Tout en racontant, il tuzoque, c'est-à-dire qu'il remue la grosse bûche qui fait des étincelles.

« Tiens papi, il faudrait peut-être que l'on prépare quelque chose pour le Père Noël car tu m'as dit qu'il faisait un grand voyage » lui dit Guigui.

« Tu m'as montré par où il passait sur le globe qu'on nous a donné quand l'école a fermé. C'est énorme, il doit être épuisé !

Il doit arriver ici au moment où on sonne les cloches.

Je vais lui préparer un petit souper, une tartine avec du jambon, quatre cabecous de notre voisine Michelle, des fruits, du raisin et une pomme rouge et les gâteaux de mamie. Elle en a fait de toutes sortes hier ! »

On prépare tout cela, on met les chaussures devant la cheminée, on repousse la braise pour que les chats ne se brûlent pas les pattes.

A 11 heures, chacun quitte la grande salle commune pour attendre à l'écart  minuit que la cloche sonne.

A minuit, tout le monde se précipite vers la salle à manger pour découvrir ses cadeaux.

Le papi découvre une paire de sabots en bois, les parents reçoivent un album des Pyrénées – cela fait sourire car ils les connaissent par cœur les Pyrénées, une des photos de l'album, c'est d'ailleurs le paysage qu'ils voient de leur chalet !- , mamie a reçu des pelotes de laine pour qu'elle tricote des mitaines et des bonnets.

Guigui a une larme car il ne découvre pas l'auto électrique qu'il avait commandée. On lui avait dit que le Père Noël ne l'aurait peut-être pas dans sa hotte . A la place, il lui a porté une boîte de chocolats, une boîte de gâteaux et une de fruits confits.

Guigui a le cœur gros... quand il entend bêler dans le couloir. Il se précipite et découvre un petit chevreau, un vrai des Pyrénées, blanc avec des bandes grises sur le dos.

Guigui le prend dans ses bras. Il ne regrette plus sa voiture électrique : « Avec lui, on va bien s'amuser cet été dans la montagne ! »

Il découvre que le Père Noël a laissé sur le rebord de la cheminée un biberon que Guigui s'empresse de lui donner. Il le vide avec appétit.

« On va l'appeler Noël et ce sera le chef du troupeau et avec nos chèvres, il ira jusqu'au sommet de la montagne brouter l'herbe la plus riche ! » dit Guigui.

C'est l'heure de la daube de Noël. On se met tous autour de la table.

Noël est installé sur un fauteuil, il croque quelques gâteaux qu'on lui a donnés.

La daube est excellente, comme chaque année « meilleure que l'an passé » !

On termine avec les gâteaux : des crêpes, des gaufres préparées sur le feu dans des moules en fer figurant les montagnes !

Les grands dégustent le vin confectionné avec le raisin récolté sur quelques souches de Tanat que possède la famille, «  ce vin meilleur que du Bordeaux » comme le souligne le papi.

C'est l'heure d'aller au lit, chacun emporte son ustensile pour chauffer le lit, le moine, un caillou, la bassinoire...

« Qu'est-ce qu'on fait de Noël ? Je peux l'avoir dans mon lit ? «  demande Guigui. « Ce soir seulement, dit la maman qui voit déjà ce qui risque de se passer ensuite.

Je vais chercher la corbeille de Soupir. »

Soupir, c'est la chienne qui dort dans la paille. On met dans la corbeille un beau tricot de laine, Noël  s'installe et ferme les yeux.

Le sommeil gagne Guigui très vite. Il a oublié la voiture électrique et rêve aux jeux qu'il fera avec Noël !

Pierre DUPOUY

Illustration : François Macé 

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