Pour les amateurs... et pour les touristes, une belle leçon de chasse !

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En cette période de chasse, "revenons sur nos pas" en compagnie d'un authentique chasseur !

Ils sont 3 amis chasseurs à vivre dans le même secteur et ils aiment bien le quatrième compère  qui est un chasseur-papi hors pair.

Ils vont lui rendre une visite avant l'ouverture.

Il est attablé devant tout un bazar étalé sur une table ; son permis trône au milieu.

« Tu regardes mon permis ou ma date de naissance ? dit-il en riant. Et oui, j'ai 79 ans ! Et alors ? Je ne peux plus chasser ?

Je n'ai pas entendu dire que notre président qui met des interdits partout avait fixé une limite d'âge pour la chasse, donc je vais faire l'ouverture !

J'ai pris mon premier permis il y a plus de 60 ans et depuis je n'ai raté aucune année !

Je suis en train de préparer mes munitions. Je ne les achète pas chez un marchand de cartouches car on ne sait pas ce qu'il y a dedans. »

Il aligne devant lui trois petits bidons de fer contenant des plombs de numéro 9, 5 et 7 – le calibre- et une boîte métallique rouge comportant des consignes de sécurité inscrites dessus - c'est la poudre - une poche de bourre et les cartons pour le couvercle.

Il sort aussi les petites dosettes. On dirait un physicien en train de de faire de la recherche.

Il sort sa cartouche où il a déjà remis une amorce avec un marteau. Il prépare la poudre qu'il dose précautionneusement. Il en met un peu plus que la dose indiquée...

Il verse la poudre, met la douille, le plomb et le carton. Quand la cartouche est sertie, il écrit dessus le chiffre du calibre.

La cartouche est prête. Il en fait ainsi une vingtaine, c'est la quantité qu'il tirera pendant la saison.

Il range soigneusement les cartouches dans son ceinturon de chasse qu'il enfilera le matin de l'ouverture.

Il en mettra également dans son carnier au cas où il n'en aurait pas assez dans son ceinturon.

- Où vas-tu la faire l'ouverture ? lui demande un des trois compères.

- Je ferai l'ouverture sur la colline du Peyré. J'y ai vu l'autre jour un envol de perdreaux qui allaient d'une ligne à l'autre. Ils doivent rester dans le coin.

Puis j'irai dans le bois aux trois chênes.

On m'a dit que les palombes ne passaient pas mais certaines auraient niché dans mon maïs. Je le saurai vite avec Finette. Elle a un flair extraordinaire.

Son père était un terrible chien de chasse. Elle se glisse sous les herbes jusqu'à être à proximité de la bête et elle se met à l'arrêt. Pas un poil ne bouge. Elle m'attend. Quand j'arrive, elle bondit, l'animal s'envole et je tire.

Je n'ai jamais vu une chienne aussi extraordinaire. Quand je chassais le lapin, cela la rendait folle, il en giclait de partout !

Autrefois je partais au lever du jour avec ma musette.

J'y avais mis deux tranches de pain de 4 kilos et au milieu une belle tranche de jambon, le tout enveloppé dans le journal de la veille.

Je faisais des kilomètres. J'allais dans les guérets, j'allais dans les bois, dans les broussailles.

A midi on s'arrêtait à l'endroit nommé "le cassou" sous un gros chêne.

Je mangeais mon casse-croûte que j'arrosais d'un verre de blanc, je donnais quelques gâteaux à Finette. On faisait une petite sieste et on repartait jusqu'à la nuit.

C'était autrefois, oui je sais, aujourd'hui, je ne vais plus très loin.

Ne sois pas moqueur comme à mon ami, tu verras quand l'âge te prendra !

- Oh mais tu as un fusil tout neuf !

- Oh non, mon ami ! Le premier fusil que j'ai eu, c'était un fusil à broche, tu sais.

La détonation était très forte et le nuage de fumée noire qui se dégageait nous empêchait de voir si l'animal était tué !

Quand j'ai eu 4 sous, j'ai acheté un fusil moderne qui venait de Manufrance, du niveau 12.

Je l'ai tellement bien entretenu que lorsque je l'ai amené chez un armurier pour qu'il me le contrôle, il m'a dit qu'il avait l'air de sortir de la fabrique.

Je regardais s'il était bien huilé, je mettais un peu de graisse, je nettoyais le canon...

- Et alors, la chasse aujourd'hui ?

- Ce matin, j'ai rigolé, j'ai lu dans le journal que la fédération de chasse organisait des journées pour faire découvrir la chasse aux non-initiés !

Mais ce n'est pas une vraie chasse ! Hier, j'ai vu des gars sur mon terrain en train de mimer la chasse, il y en avait un qui filmait !

Il voulait même que je participe à la séance !

Il paraît qu'il y a des listes d'attente pour ces journées ! Ils ne verront rien, pas une tête de gibier, le chien ne chassera rien.

On leur fera une théorie sur les risques de la chasse.

Et la semaine suivante, ils signeront une pétition pour nous empêcher de chasser le dimanche !

Voilà ce qui va nous arriver en leur faisant découvrir la chasse !

- Qu'est-ce que tu chasses en ce moment ?

- Des perdreaux, c'est tout ! Pas de chevreuil, je ne peux pas, c'est trop joli ! Je ne comprends pas comment on peut tirer dessus.

Pas de faisan non plus ! Aujourd'hui, les sociétés de chasse lâchent du faisan qui a bouffé de la farine enfermé dans des cages.

Je les ai vus ces faisans, ils ne volent pas, ils marchent !

On dit qu'il ne faut pas tirer sur une ambulance, moi je dis qu'il ne faut pas tirer sur un faisan !

C'était pareil pour les lièvres. Il y avait des gens qui vivaient de ça. Ils les élevaient puis les lâchaient dans la nature ! Ces pauvres bêtes ne tenaient pas un jour, ils mouraient.

On a compris qu'il fallait les laisser se reproduire naturellement et aujourd'hui, il y a du lièvre.

Ah, les chasseurs, il y en a des chasseurs ! La semaine prochaine sur la colline et dans la vallée, il va y avoir des dizaine de types !

Tenez, mon voisin, le neo rural, celui qui vient d'acheter une ferme et 30 hectares de terre qu'il a clôturées très vite pour y mettre des kangourous et des lamas qu'il va élever. L'autre jour, il me parlait de chasse.

Mais chez lui, on ne peut plus chasser, il va chasser ailleurs !

Moi, je n'ai jamais interdit de chasser chez moi car j'estime que la chasse est libre et que le terrain appartient à tous.

Je vais les voir tous dimanche avec leurs gros 4x4 et leurs chiens de race.

Moi, mon chien, il court devant moi, les leurs, ils les suivent ! Un chien qui vous suit, il ne trouve pas le gibier !

Ah non, la chasse n'est plus ce qu'elle était.

Vous me verrez quand même dimanche sur la colline. Je ne suis plus vraiment un chasseur, je suis plutôt un raconteur d'histoires !

A l'époque, j'étais le meilleur tireur du secteur. Quand était organisé un concours de balltrap, je réussissais tous mes tirs!

Oui, j'avais un bon coup de fusil mais j'avais surtout un bon chien.

Ce qui me plaît surtout aujourd'hui, c'est de me promener dans la nature, cette nature dans laquelle j'ai toujours vécu. »

Il regarde la grand-mère qui a compris. Elle prépare le café et les tasses.

Lui va chercher une bouteille poussiéreuse.

« Ca date de quand mon grand-père avait encore le droit de distiller 50 litres de vin pour avoir 20 litres d'armagnac. On n'a plus ce droit aujourd'hui.

Ah supprimer les droits, ils savent le faire !

Mes amis chasseurs, j'ai bien peur qu'un jour on ne vous enlève les fusils ! »

Pierre DUPOUY

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