« Sur les traces des Lartet », tel était le thème de la première journée du Patrimoine de Pays et des Moulins en Val de Gers à l’initiative de l’Association la Route des Peintures Murales et Sculptures et de sa présidente Marie Noëlle Clément.
L’expression « les Lartet » peut surprendre car si , aujourd’hui beaucoup connaissent Edouard , l’inventeur du site fossilifère de Sansan, son fils Louis est bien moins mis au premier plan bien que sur les traces de son père, il ait été un brillant paléontologue , découvrant notamment l’Homme de Cro-Magnon.
Premier centre d’intérêt de la matinée , à partir de Samaran , balade terrestre vers Boussens, où ont été trouvées jadis des pièces anciennes, des ornements en or dont on n’a plus trace , des fragments de tuiles, des pierres taillées laissant supposer qu’il s’agit de l’ancien Belsinium ,bourgade gallo -romaine située , peut-être selon Louis Lartet, sur la voie romaine menant de Saint Bertrand de Comminges à Auch. A moins qu’il ne s’agisse , pour donner corps à la légende locale , d’une partie du passage souterrain conduisant de Boussens à la vallée du Gers ! !!
Louis Lartet a fouillé aussi le Tuco de Panassac, une motte aujourd’hui propriété de la commune , dissimulée dans les bois et d’accès difficile, tant et si bien que les deux guides Jean-Paul Abadie et Jean Moncassin faisaient jouer aux visiteurs un remake d’Indiana Jones mais quelques instants seulement. Creusé par un tunnel encore bien étayé au départ et effondré par la suite, avec des colonnes et un puits, datant probablement des fouilles de la deuxième moitié du 19ème siècle, il a livré à Louis Lartet quelques vestiges : boucle de ceinture, morceau d’étrier, une pièce de jeu d’échecs en bois de cerf, etc qui, selon Jean-Paul Supéry dont les théories sont controversées , seraient le signe d’une occupation par les Wikings ( Normands) vers le Xème siècle. Wikings ou pas, le site mérite sa conservation !
Cap ensuite sur l’Office de Tourisme de Masseube qui héberge jusqu’au 12 août une superbe exposition sur les origines de l’Homme où l’on parle cette fois d’Edouard Lartet, vu qu’en trouvant dans l’abri d’Aurignac dans le Comminges un os de renne sculpté, il a pu montrer la contemporanéité entre l’Homme et les animaux au paléolithique supérieur, il y a environ 40 000 ans, remettant en question la théorie de la Bible et adhérant à la théorie de l’Evolution qui se développera par la suite . Un grand pas pour expliquer l’histoire de l’Humanité. Super document pédagogique accessible à tous, cette exposition part de la création du monde et de l’idée que l’on s’en faisait les premiers temps pour arriver à l’état actuel des connaissances sachant qu’elles peuvent toujours être remises en question par de nouvelles découvertes. Cinq extinctions déjà, serions-nous en train d’en vivre une sixième ?
A midi, repas tiré du sac à Seissan, dans un « abri sous roche » situé aux Moulères mais là, un certain désenchantement car , même s’il y a des chauve-souris et quelques os, reliques sans doute du repas d’un prédateur, il ne s’agit en fait que d’une ancienne carrière désaffectée depuis bien longtemps……Mais il est toujours permis de rêver !
Pour rester avec la famille Lartet, cap sur le château d’Ornézan dont on n’a pu visiter que les extérieurs, superbe bâtisse achetée par les parents d’Edouard Lartet où celui-ci vécut dans sa jeunesse entre ses études à Toulouse et à Paris avant qu’il n’achète la Bernisse à Seissan où il mourut en 1871 . Propriété privée, ce château d’où s’échappa jadis Jeanne d’Ornezan pour rejoindre son futur mari, le boiteux Armand de Gontaud Biron, appartient toujours aux enfants de l’arrière-petite-nièce d’Edouard Lartet qui possèdent encore quelques objets ayant appartenu à leur illustre aïeul
Pour clore cette journée dédiée aux Lartet, impossible de faire l’impasse sur le paléosite de Sansan . Malgré la chaleur torride, Laurence Darées a conduit le groupe, grossi de quelques personnes venues faire le parcours de leur propre initiative, jusqu’au site du Campané où se trouve le terrain des fouilles. Un parcours agrémenté de panneaux didactiques, bilingues, très bien documenté avant d’arriver sur le site lui -même où trônent maintenant, taille réelle, quelques squelettes reconstitués d’animaux découverts par Edouard Lartet et ses successeurs et qui datent d’environ 14 millions d’années ( au miocène, deuxième partie de l’ère tertiaire ) ainsi que le fac-similé d’un chantier de fouilles et des méthodes de travail des paléontologues. On ne peut qu'être impressionné par la taille de l'Arcéobélodon dont l'original se trouve au Muséum à Paris !
Merci à tous ceux qui ont assuré la réussite de cette belle sortie à la fois culturelle, historique, ludique et .....sportive !