Dans le cadre de notre rubrique hebdomadaire "Revenons sur nos pas", petite halte sur l'histoire de l'armagnac !
Plusieurs légendes entourent sa naissance.
En voici une :
Au XIe siècle, dans un monastère armagnacais, deux frères convers ( religieux domestiques d'un couvent) nommés Claud et Clet étaient chargés de surveiller le vieillissement des vins provenant des dîmes de la région de Nogaro et de l'Auzan.
A l'issue d'une sieste, ils voulurent se confectionner un vin chaud à la française.
Ils commencèrent à chauffer du vin blanc dans une casserole couverte lorsqu'une visite importune interrompit leur opération.
Le liquide fut mis dans le tonnelet d'où on l'avait extrait et oublié...
Cinq ans après, à l'issue d'un banquet donné en l'honneur de la visite de Monseigneur l'Archevêque d'Auch, l'Abbé ( le directeur du Monastère) et ses convives goûtèrent par hasard le vin blanc du fameux petit tonneau.
La surprise fut grande lorsque les convives savourèrent un nectar aux éthers de coing et de violette.
Interrogés, les deux convers durent avouer leur indélicatesse.
Le couvercle coiffant la casserole avait retenu l'alcool en vapeur. Les deux frères avaient obtenu de l'eau de vie !
Les fautifs furent pardonnés et chaleureusement félicités pour leur découverte.
L'armagnac était né !
Il existe une autre version mettant toujours en scène les deux frères convers mais l'histoire est un peu différente.
On raconte que les deux acolytes remplissaient chaque semaine une petite marmite de vin pour leur consommation personnelle au frais du cellier.
Et chaque soir, cachés entre les fûts et les tonneaux, ils se délectaient du précieux nectar.
Lors d’une visite impromptue du prieur accompagné du nouvel évêque dans le cellier, ils eurent juste le temps de jeter un couvercle sur la marmite et de faire disparaître leurs godets.
La marmite intrigue le prieur qui interroge alors les deux moines sur son contenu. Pour se défaire de cette situation, les deux compères inventent que ce liquide est destiné à plumer les volailles du soir.
« Qu’attendez-vous pour accomplir votre ouvrage ? Monseigneur ne va souper au milieu de la nuit », ordonne le prieur.
Sous les yeux des visiteurs, Cloud accroche la marmite au trépied et Clet allume le foyer.
Les deux moines cachent le breuvage dans un tonnelet vide et l’oublient derrière un tas de fagots.
Trois années passent ; les vendanges ont été désastreuses -des trombes d’eau ont noyé le vignoble-, et les réserves du cellier s’épuisent peu à peu.
Lorsqu’une nouvelle visite de l’évêque est annoncée, on s’affaire pour trouver de quoi satisfaire sa sainteté.
Le tonnelet est découvert et servi sans plus à attendre à l’évêque qui le porte à son nez frémissant. Son regard s’illumine.
Puis, le portant à ses lèvres, son sourire se dessine : « Je serai votre obligé si vous pouviez transmettre à mon sommelier la recette de cette ambroisie ! »
L’évêque envoie chercher Cloud et Clet. Une fois trouvés, les deux compères confessent l’affaire : l’Armagnac est né ! Du moins c’est ce que raconte la légende…
Une autre légende fait intervenir le diable dans "Le diable et le métayer" mais ce sera pour une autre fois !
Pierre DUPOUY