Des hardes de sangliers s’invitent aux portes des villes

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C’est la tombée de la nuit. Une voiture sur le bord de la route a un côté complètement enfoncé.

Dans le fossé, un sanglier énorme, un solitaire. Le choc avec la voiture lui a été fatal.

Arrivent alors 3 femelles suivies d’une vingtaine de marcassins. Elle faisaient partie de la harde et suivaient la trace du mâle.

Autrefois, le sanglier était une bête sauvage que l’on voyait très peu.

De temps en temps, un chasseur en tuait un et c’était alors le défilé des chasseurs pour voir l’animal !

Aujourd’hui, se trouver nez à nez avec un sanglier sur la route ou dans la forêt n’est pas rare .

Les sangliers sont de plus en plus nombreux.

Nous avons rencontré Jean-Paul Dupré, vice-président de la Fédération départementale des chasseurs du Gers et lui avons posé quelques questions :

Journal du Gers : Comment expliquez-vous cette recrudescence de sangliers ?

Jean-Paul Dupré : Le réchauffement climatique explique en partie la multiplication des sangliers.

Les hivers plus doux favorisent la survie des plus jeunes.

D’autre part, la glandée est meilleure, ce qui offre aux sangliers des conditions favorables pour se reproduire.

Quand la glandée est moindre, ils se rabattent sur les champs de maïs, ils profitent et deviennent des bêtes énormes.

De nos jours, les laies ont environ trois portées tous les deux ans, à raison de 6 à 10 marcassins par portée, ils se multiplient très vite !

Journal du Gers : Le réchauffement climatique est-il la seule explication à cette multiplication ?

Jean-Paul Dupré : Non, il y a aussi l’abandon d’hectares de terre par des propriétaires qui possèdent de grandes exploitations.

Ces champs non travaillés deviennent des friches qui sont des nids à sangliers !

Journal du Gers : Quelles peuvent être les actions des chasseurs pour diminuer le nombre de sangliers ?

Jean-Paul Dupré : Nous organisons des chasses à l'affût mais elles ne sont pas toujours fructueuses.

En effet, le sanglier est un animal difficile à débusquer qui se déplace surtout la nuit et est très rapide. Un sanglier qui est dans le secteur d'Auch un soir peut se retrouver à Vic-Fezensac le lendemain matin !

Il y a aussi les battues administratives qui sont très réglementées.

Journal du Gers : On parle d’une maladie qui atteindrait le sanglier ?

Jean-Paul Dupré : Oui, c’est la maladie d’Aujeszky.

Elle n’est pas transmissible à l’homme mais elle est mortelle pour le chien.

C’est pourquoi on rencontre souvent des chasseurs armés de bâton lors d’une battue. Le bâton leur sert à empêcher leur chien de s’attaquer à un sanglier et être ainsi infecté par la maladie.

Mais la maladie ne touche que 10 % de la population de sangliers et elle ne va pas les décimer.

Journal du Gers : Comment expliquer que les sangliers arrivent aux abords des villes ?

Jean-Paul Dupré : Quand les sangliers ne trouvent plus assez de nourriture dans leur milieu naturel, ils vont la chercher ailleurs et comme ils sont de plus en plus nombreux, on en trouve maintenant dans des endroits qu'ils ne fréquentaient pas autrefois, comme les abords des routes!

De plus, des marcassins qui vont naître près des routes auront tendance à revenir sur ces lieux.

Et comme je l'ai dit tout à l'heure, la présence de friches aux abords des routes et donc des villes leur offre des cachettes idéales.

La prolifération des sangliers, un problème manifestement difficile à résoudre.

Pierre Dupouy

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