Nuit de Noël : la prière des boeufs...

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En cette période de fêtes, nous continuons avec les histoires de Noël d'autrefois.

Après "Nuit de Noël : suivez l'étoile! " - https://lejournaldugers.fr/article/54075-nuit-de-noel-suivez-letoile , voici " Nuit de Noël : la prière des boeufs "

Mon grand-père avait pour habitude, avant de se coucher, de faire un tour à l’étable avec sa lampe-tempête, accompagnant la chienne « Finette » dans sa niche et remuant la litière pour que les bêtes se couchent sur une paille propre.

Un seul soir dans l’année, il dérogeait à cette démarche nocturne, le soir de Noël.

Quand on lui en demandait les raisons, il se contentait de dire en maugréant : « Demande à ta grand-mère... »

Alors bien entendu, on interrogeait la grand-mère qui se calait dans sa chaise basse installée dans un coin de l’âtre.

Elle attisait le feu et expliquait : « La nuit de Noël, au moment de l’élévation de la messe de Minuit, les bœufs s’agenouillent et parlent…

Attention si on les surprend dans leur prière !

Au Peyré – c’était une ferme voisine, elle situait sur le terrain même pour plus de vraisemblance-, deux domestiques avaient entendu dire ce qui se passait dans l’étable. L’un d’eux qui se croyait fort parce qu’il avait fait deux guerres, voulut tirer l’affaire au clair.

Le soir de Noël, enveloppé dans une grande pélerine, il s’installa à la fenière, au-dessus du trou par lequel on envoie le foin dans le râtelier. Et il attendit…

La cloche tinta à l’église du village…

Les bœufs qui ruminaient sagement s’étirèrent, se mirent à genoux et entamèrent cette conversation :

«  Que ferons-nous demain ? demanda Mascaret.

- Rien, répondit Mulet, c’est jour de fête.

- Et après-demain ?

- Après-demain, on portera Félicien au cimetière. »

Félicien, c’était le domestique couché dans la fenière !

A cette époque, on ne faisait pas appel aux pompes funèbres, les défunts étaient conduits au cimetière dans la charrette tirée par les bœufs dont l’échine était recouverte d’un drap.

Effectivement, le pauvre Félicien ne vit pas le jour se lever, sa curiosité l’avait entraîné dans la mort... »

Mon grand-père rigolait, mais tout de même, il n’allait pas cette nuit-là dans l’étable.

Je crois qu’il craignait davantage ma grand-mère que le bon Dieu ou le diable...

Pierre DUPOUY

Photo-titre : la paire de boeufs recouverte du drap et attelée à la charrette corbillard

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