Liberté pour la volaille !

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On assiste actuellement à la fronde des éleveurs de volaille qui s’insurgent contre l’obligation imposée par le ministère de l’agriculture d’enfermer leurs bêtes pour lutter contre la grippe aviaire.

Cet élevage en liberté et en plein air est la garantie de la qualité de leurs bêtes.

La contamination vient plutôt des transports en camion dans des caisses où la promiscuité est de mise.

Alors ils refusent de se plier à cette obligation et revendiquent la liberté pour leur volaille.

Ces revendications m’ont rappelé l’élevage en liberté qui se pratiquait il y a bien longtemps dans la ferme de ma grand-mère et de ma mère.

Il y avait là des poules d’une mixité extraordinaire : il y en avait des blanches, des rousses, des grises, des noires qui étaient les préférées de ma grand-mère car c’était la vraie poule gasconne.

Il y avait aussi de toutes petites poules, des quiquinettes.

La grand-mère arrivait avec son tablier replié devant contenant le repas des volailles qu’elle jetait sur le sol face au poulailler, du blé, de l’avoine, de l’orge, du maïs puis elle libérait les poules

C’était la bagarre autour du maïs.

Arrivait alors le coq qui daignait se présenter à sa cour après avoir sonné le réveil du haut du fumier.

Puis elle lâchait la glousse, la mère-poule et ses poussins.

Elle ne se mêlait pas trop aux autres de peur qu’on bouscule ses petits !

Les poussins grattaient la terre pour chercher des bestioles.

Quand la nuit arrivait, elle les mettait sous son aile.

Il lui est même arrivé de couver un petit chat, un chat perdu ramassé un soir de pluie.

Il s’était mêlé aux poussins et la poule l’avait adopté !

Le soir, elle le mettait sous son aile avec ses poussins.

Il y avait ensuite le lâcher des canards et des oies.

Les canards se précipitaient vers la mare la plus proche, ce qui faisait enrager mon grand-père car en grattant, ils soulevaient la vase et rendaient l’eau trouble.

Or, cette eau était utilisée pour les bovins qui venaient boire à la mare proche de l’étable.

Je me souviens qu’un jour mon grand-père en chassant un canard était tombé à l’eau alors qu’il faisait une température de moins 5 degrés !

Ma grand-mère prenait soin par la suite de conduire les canards vers un plan d’eau au fond des prés !

Les oies étaient conduites dans un herbage de trèfles, de sainfoin, de graminées épaisses.

Le but était qu’elles gonflent leur jabot pour que l’on puisse y mettre le maximum de maïs quand on les gavait.

Les « sauvages » de la famille étaient les pintades.

Les pintades ne voulaient jamais rentrer le soir.

Elles se perchaient sur les branches des arbres, parfois très haut et elles faisaient du bruit.

Certaines étaient victimes du renard.

Ma grand-mère racontait que la tactique du renard était de se placer sous la branche et de fixer une  pintade.

Au bout d’un moment, la pintade, comme hypnotisée, tombait sur son museau.

Les dindons, il y en avait bien une centaine.

On les libérait pour les amener glaner, c’est-à-dire ramasser dans les chaumes les grains qui étaient tombés de la moissonneuse-lieuse.

C’était un troupeau qu’il fallait garder.

Enfant, j’étais souvent chargé de cette tâche muni d’une gaule avec un chiffon.

Ma petite voisine venait garder les siens qui étaient marqués par un ruban pour qu’ils ne se mélangent pas.

On regardait des livres et on oubliait un peu les dindons qui repéraient les grains de raisin dans la vigne.

Un dindon s’était un jour tellement gavé de raisin qu’il ne pouvait plus marcher car il était ivre !

J’avais été obligé de le porter.

Ma grand-mère avait tout de suite compris ma bêtise !

Après m’avoir réprimandé, elle l’avait isolé et l'avait posé par terre la tête sur une casserole pour qu’il cuve son vin !

Les dindes faisaient des œufs mais ils étaient difficiles à trouver car elles pondaient dans les haies.

Ceux qui étaient bons, ma grand-mère les faisait couver par une poule.

On avait trouvé l’endroit où une dinde faisait ses œufs. 

Mais quelqu’un d’autre avait repéré le lieu, c’était la chienne qui adorait l’oeuf.

Elle mangeait systématiquement les œufs qu’elle trouvait.

Lassé d’être devancé par la chienne, mon grand-père trouva un stratagème pour la dégoûter.

Il prit un œuf qu’il plaça dans la cendre et qu’il remit dans la haie ! La chienne se brûla les babines.

Elle ne revint plus jamais sur le lieu de ponte.

J’allais oublier les lapins que l’on n’élevait pas en grande quantité.

Dès qu’ils pouvaient courir, on les laissait en liberté.

Quelques mots enfin des prédateurs, les éperviers et les buses qui tournaient au-dessus de la maison pour repérer les poussins.

Quand on voyait une buse, il fallait crier très fort pour qu’elle s’éloigne...

Est-ce qu’elle entendait ? Elle voyait plutôt la silhouette de celui qui criait !

C’est vrai que toute cette volaille passait une vie heureuse en liberté dans la nature.

Certains éleveurs ont à coeur de préserver ce mode d'élevage traditionnel garant de la qualité de leur volaille.

Souhaitons qu'ils puissent résister encore longtemps !

Pierre DUPOUY

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