Mois de novembre: où sont passées les Toussaint d'antan?

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La rose du souvenir

Le cimetière est coloré par les différents pots de chrysanthème qu’ont apportés les gens.

Mais une fleur retient l’attention : c’est une rose qui se balance au-dessus d’une pierre tombale.

Toutes les autres fleurs à côté d’elle sont fanées mais celle-là a résisté aux premiers froids de l’automne et la bise déjà froide qui balaie la cimetière la fait se balancer au-dessus de la pierre tombale en pierre blanche du pays.

Cette rose, c’est tout un symbole...

Le rosier a été planté par une famille qui a dû s’exiler au Canada pour trouver du travail.

Avant leur départ, la grand-mère est décédée. Ils l’ont enterrée dans le petit cimetière du village à côté de ses amis.

Ils ont planté un gros rosier et un plus petit de part et d’autre de la tombe.

Le gros rosier est fané mais sur le petit subsiste cette rose encore vivace qui semble narguer le temps qui passe, une rose qui symbolise la vie, celle toujours présente dans les souvenirs de ceux qui ont aimé la grand-mère. Même s'ils sont loin d'elle aujourd'hui, cette rose qui ne fane pas témoigne de leur attachement.

Les cimetières croulent peut-être sous les fleurs en cette période de Toussaint mais la force du souvenir est-elle toujours la même ?

Où sont les Toussaint d’antan ?

Quelques jours avant la Toussaint, on voyait marcher vers le cimetière les femmes portant de grands paniers remplis de fleurs cultivées spécialement pour la Toussaint.

Elles portaient aussi des feuilles de laurier qui servaient à tracer un chemin autour de la tombe.

Avant de disposer les fleurs, elles préparaient la place, ramenaient de la terre, arrachaient les mauvaises herbes…

Les fleurs qu’elles posaient là étaient des fleurs cultivées autrefois par les disparus et le symbole était sans nul doute plus fort que lorsqu’on se contente de déposer un pot de chrysanthème acheté dans le commerce…

Mais la période était aussi l’occasion de se retrouver et d’échanger en passant devant les différentes tombes.

« Tiens, ce pauvre Ernest, s’il vivait encore, lui si vaillant, il serait catastrophé de voir ce qu’est devenue sa ferme ! Ses champs sont des niches à sanglier ! Le pauvre lui qui était si fier d’avoir le plus beau blé de la commune… »

« Ah, cette pauvre Eugénie, quel malheur de perdre son fils dans un accident de voiture à 40 ans à peine ! »

Mais les souvenirs étaient parfois moins tristes comme quand on passait devant la tombe de Gilbert :« Ah, celui-là, c’était un galopin ! Il en a fait des blagues lors des battages.

Je lui disais toujours d’arrêter de fumer mais il rigolait en allumant une autre cigarette ! »

Pendant quelques temps, le cimetière vivait puis les gens repartaient en emportant leurs souvenirs tristes ou plus joyeux…

Aujourd’hui, les communes font de gros efforts pour entretenir les cimetières, des efforts louables qu’on ne peut que saluer mais peut-être ont-ils perdu un peu de leur âme d’antan...

Pierre DUPOUY

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