Aurons-nous un véritable hiver? On a le droit d'en douter!
Les récentes observations de notre ornithologue attitré, Pierre Foret, semblent aller dans ce sens.
Merci à lui de les partager avec le Journal du Gers.
"En balayant les hauts de Bezolles avec ma lunette, je me laissais planer entre vallons et lisières boisées.
Une paresse passagère en cet été de la Saint-Martin (depuis que l’on sait qu’il n’y a jamais eu d’été indien dans le Gers of course ! )
J’abandonne vite un vol groupé de pigeons ramiers beaucoup trop communs à mon goût, pour me poser sur la canopée de chênes pédonculés accompagné par une quinzaine de Milvus milvus ( Milan royal ) .
Avec son visage pâle et son corps rouille moucheté de noir, sa queue échancrée fait le job en atterrissant tout en souplesse : l’élégance à l’état pur !
Je saute dans mon carrosse pour fixer cette grâce dans ma boîte et me demande si le dérèglement climatique n’est pas la cause essentielle d’un voyage précoce pour nous annoncer ( enfin ! ) un hiver digne de ce nom ! Car ce noble charognard migre de l’Allemagne du Nord jusqu’au Piémont pyrénéen habituellement à la fin du mois de novembre !...
Mais en dépit de cet automne estival, je crois rêver en comptant bien 16 Milans royaux sur les collines de l’ancienne cité féodale bezollaise.
Un record absolu pour ce village fortifié d’à peine 150 âmes !
Mais je sais aussi qu’il affectionne les paysages vallonnés entrelacés d’étangs et de bocages. Le Gers lui va si bien .
Il est en forte progression depuis deux saisons dans le département.
Quasi menacé depuis 15 ans, on assiste cependant à un déclin des populations européennes.
En France il bénéficie d’une protection totale depuis l’arrêté ministériel de 1981 et il est inscrit à l’annexe 1 de la direction oiseaux de l’UE.
Il est donc strictement interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever.
De plus il rentre dans le cadre de la transition écologique car il détruit la vermine avec un goût prononcé pour nos dépôts d’ordures !
Outre le fait d'être un excellent recycleur il est un allié non négligeable pour les céréaliers puisqu’il se nourrit du Campagnol des champs ou autres rongeurs et reptiles.
Au crépuscule, c’est un spectacle grandiose d’assister au rassemblement des Milans royaux à la recherche de dortoirs : des arbres aux branches souvent mortes et quelquefois proches des habitations. Ainsi un chêne dénudé sera vite illuminé par la présence magique de ce rapace d’exception.
A faire pâlir Halloween !!! A vos lunettes !
Texte et photos : Pierre Foret