Virtuose de la guitare.
Manuel Lopes de Andrade est né le 20 juillet 1973, à Ribeira da Barca. C’est un village de pêcheurs. Aussi, faute d’avoir les moyens de poursuivre des études, le jeune cap-verdien, comme la plupart de ses semblables, passa son adolescence à pêcher. C’est adolescent qu’il commença à développer une manière de jouer propre à lui seul, issue de son apprentissage musical étranger à tout académisme. Tcheka développe une technique de jeu qui fera sa renommée : de sa guitare semblent sortir des sons de percussions et des harmonies qui font qu’il se suffit à lui même sur scène. A Ribeira da Barca, la musique se joue avec les moyens du bord. Et avec la voix. Adolescent, il commença à composer ses premières mélodies en s’inspirant des styles musicaux locaux : Taloulou, bandera ou tabanka sont mélangés au batuque.
Un ambassadeur de la culture capverdienne.
Cherchant sa destinée, il partit pour Praia, la capitale du Cap-Vert. Cameraman pour la télévision nationale, il fit la connaissance du journaliste Julio Rodrigues. Avec celui-ci, il se produisait dans les bars de la ville. Sa profession lui donna l’opportunité de voyager, ce qui élargit ses horizons musicaux. Auprès des élèves, il insista sur ce point, soulignant l’importance des rencontres et de la découverte d’autres cultures.
Faisant courir ses doigts sur les cordes de sa guitare, il fit une démonstration de sa musique. Aux rythmes ancestraux de la musique cap-verdienne, il apporte sa touche personnelle : il modernise ses sons avec les influences jazz rencontrées au cours de ses voyages. C’est en 2003 qu’il sort un premier disque (Lusafrica). En créole cap-verdien, Il s’intitule « Argui »,ce qui signifie « Debout ». S’ensuivra une première tournée en Europe. Avec son second album, « Nu Monda », il est repéré par Radio France International, qui lui décerne un Prix Découverte d’« Artiste de l’Année 2005 ». Sa réputation de virtuose de la guitare et d’auteur compositeur à l’inspiration singulière prend de l’ampleur et dépasse les frontières.
Le créole du Cap-vert et le jazz.
Sa carrière prit vraiment une tournure internationale suite à sa rencontre avec l’artiste brésilien Lénine. Ce fut la consécration avec l’album « Lonji ». Son style unique s’y affirme, sa voix exceptionnelle y met en valeur des textes qui parlent de société et dévoilent la misère qui se cache sous les palmiers. Il se produira avec Cesaria Evora lors de la tournée nord-américaine de celle-ci. 2011 marqua une nouvelle étape de son parcours musical avec « Dor de Mar ». Il y dénonce les ravages causés à la mer et aux côtes de son archipel. Son dernier album est « Boka Kafé », sorti en 2017.
Jam au collège.
Les élèves du collège Aretha Franklin ne savent pas encore tout cela. Après l’avoir écouté jouer quelques morceaux, une élève du collège l’interrogea à propos de ce qu’il chante. Annie Dubernet fit office de traductrice pour faciliter les échanges. La langue maternelle de Tcheka est un créole à base de portugais. Mais comme eux en AIMJ, il lui arrive de pratiquer aussi le scat. Il confirme à cette élève que ses textes ont bien du sens. Comme dans ses chansons où il évoque ses souvenirs d’enfance. Les jeunes ont beaucoup d’importance à ses yeux. Manuel Lopes de Andrade est un homme engagé. D’ailleurs, il existe une ONG : l’« Associaçao Tcheka e amigos de Ribeira da Barca ». Grâce à sa notoriété, il est une source d’inspiration pour tous les gamins de sa terra natale.
Après quelques questions timidement posées par les élèves, Tcheka les invita à le rejoindre pour jouer avec lui. Au piano, à la basse et à la batterie, quelques uns franchirent le pas. Puis d’un seul coup tous se ruèrent sur leur instruments pour jouer « Jo jo Calypso » tous en cœur. Cette belle rencontre se termina par une séance de dédicaces. Obrigado…
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Nicolas Hamon