Le temps des bals clandestins

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Rien de comparable bien entendu mais le couvre-feu, la fermeture des discothèques, l’interdiction de se regrouper...les interdictions prises en ce moment en raison de la pandémie ravivent les souvenirs de ceux qui ont vécu une autre époque où tout était interdit surtout les manifestations festives, c’était la guerre…

Mais les jeunes qui n’avaient pas encore l’âge pour partir servir leur pays ou ceux qui avaient échappé aux contrôles, tous ceux-là avaient envie de retrouver pour quelques instants leur insouciance le temps de quelques pas de danse.

On choisissait une grange, une étable ou une vieille maison perdues dans les terres les plus profondes de la Gascogne. Les chemins pour s’y rendre étaient si boueux qu’on devait enfiler des bottes mais on glissait dans un sac les souliers pour danser dans la grange.

Dans la grange, très peu d’éclairage pour ne pas être repéré et deux musiciens, parfois trois, un accordéoniste, un qui jouait du banjo et parfois un plus expérimenté qui venait de l’Harmonie et jouait de la clarinette.

Ils débutaient la soirée en jouant la Marseillaise, un chant guerrier que l’on n’aime pas trop à cause de ce sang qui coule dans les sillons mais c’était un chant de la liberté et on ne pouvait entamer la soirée sans le jouer.

Puis ils enchaînaient les morceaux, valse, tango, marche, java, en fonction des demandes des jeunes et jouaient jusqu’à 23 heures

A 23 heures, c’était la pause. Ils descendaient de l’estrade qu’on leur avait installée sur des comportes, posaient leurs instruments et allaient trinquer avec les danseurs, un coup de blanc et un gâteau puis de nouveau un verre de blanc…

La joie revenait le temps d'une soirée malgré les dangers et les privations de cette sombre période..

Ils jouaient le plus tard possible et les jeunes dansaient.

Celles qui protestaient le plus, c’était les mamans qui chaperonnaient leurs filles et les attendaient des fois qu’il leur vienne l’idée de prendre le maquis !

Pour patienter, elles se remémoraient les bals de leur jeunesse :« Tu te rappelles du grand Albert qui voulait toujours nous embrasser dans le cou et nous piquait avec sa grande moustache !»

« Et cet autre qui était bien plus petit que nous et qui nous arrivait juste à la poitrine ! »

Quand la soirée était finie, on reprenait le chemin du retour heureux de cette soirée interdite qui symbolisait une victoire sur l’ennemi.

On prévoyait déjà la prochaine soirée, le lieu où l’on se retrouverait car il fallait changer d’endroit, les murs ayant des oreilles et les dénonciations n’étant pas rares…

Ces interdictions bravées étaient vécues comme un pied de nez à l’ennemi...

Exemple à ne pas suivre en ce moment !

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