Souvenirs : sur le chemin de l'école dans les années 40 ...

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La brume est ce matin légèrement glacée.

Un beau car couleur vert écolo file sur la route.

C’est le ramassage scolaire comme indiqué sur le car « transports d’enfants » comme on inscrit « transport de vaches, de chevaux ou de cochons » !

Les petits ont le nez collé à la vitre, les grands sont au fond, ils ont tiré les rideaux et finissent leur nuit.

Arrivés au collège, les enfants descendent dans la cour puis c’est l’entrée dans les classes où l’on reçoit l’enseignement par le biais de différents appareils modernes, sur un tableau numérique relié à l’ordinateur ou par le biais du video-projecteur...

C’est l’évolution de l’enseignement au gré des différentes réformes ministérielles...

Autre temps, autres souvenirs...

Pour aller à l’école dans le village, nous avions tous entre 4 et 5 kilomètres sur des chemins empierrés de pierres blanches et le plus souvent mal pavés car le travail était réalisé par les agriculteurs qui payaient là leur prestation selon la surface de leurs terres.

Les socques à clous claquaient sur le terrain déjà gelé.

On allait d’un bon pas parce qu’on était en culottes courtes avec chaussettes jusqu’aux genoux mais les genoux étaient nus et on avait froid !

Chacun avait deux besaces, l’une pour les livres et les cahiers et l’autre pour le repas de midi.

Bien entendu, nous savions à peu près le temps qu’il nous fallait pour arriver à l’école mais notre chronomètre n’était pas une montre mais les lieux-dits de maisons ; on savait que lorsqu’on était à Montegut, on avait marché d’un bon pas, qu’on serait en avance à l’école. Si on était en retard au moulin, ce serait juste pour arriver à l’heure.

On s’attardait tout de même, par exemple si l’un d’entre nous avait vu dans les champs une carduche, une plante que l’on appelle le cabaret des oiseaux,

Lorsque ces plantes sont sèches, elles permettent de fabriquer des sortes de moulins en fixant au moyen d’une épine un bout de bois en travers de la fourche à trois branches ; en frottant la tige entre les mains, ce « moulin » produit une musique...

Avant Pruadère, il y avait une mare glacée l’hiver mais qui faisait notre bonheur les jours de beau temps.

Il était en effet peuplé de sangsues qui s’accrochaient à nos jambes et on jouait à celui qui en aurait le plus !

On arrivait enfin au moulin à eau ; c’était l’arrêt immédiat avec observation depuis le ponton du filet d’eau et de la cascade et chaque jour le plus savant d’entre nous racontait l’histoire du meunier qui avait flanqué une volée de coups de bâtons à son seigneur qui venait lui réclamer la dîme.

La route continuait bien droite et goudronnée.

Mais on préférait passer par le carrelot, un petit chemin pas très aisé qui permettait de passer devant la porte du château. On se munissait de quelques pierres qu’on lançait au chien qui aboyait comme un fou.

Le propriétaire ne manquait pas d’aller voir la maîtresse qui nous réprimandait. On répondait que ce carrelot était public et qu’on pouvait l’emprunter. « En effet, nous disait-elle, mais en vous abstenant de lancer des cailloux au chien ! »

Elle nous punissait le soir en nous gardant pour répondre à des questions de lecture ou résoudre des problèmes.

Nous, nous étions ceux de la vallée de la Mouliaque.

Arrivaient de l’autre côté, par la route goudronnée les enfants de la vallée de l’Osse dont faisait partie Marcel.

A l’époque, nous avions tous un fléchard, c’est-à-dire un manche supportant deux branches en Y sur lesquelles étaient fixées des bandes élastiques reliées à une bande souple, en cuir le plus souvent, qui recevait le projectile.

Sur le chemin de l’école, il y avait une ligne téléphonique soutenue par des poteaux dotés de ce que l’on appelait des « tasses », c’est-à-dire des isolateurs en verre épais qui ont disparu aujourd’hui.

Marcel avait une adresse telle qu’en allant à l’école, il avait détruit tous les isolateurs !

Les dysfonctionnements constatés entraînèrent un jour une plainte avec venue des PTT et de la gendarmerie. Il fallait dénoncer celui qui avait cassé les isolateurs.

Fier de son adresse, Marcel s’était immédiatement désigné comme principal coupable. Il est vrai que les tirs des autre étaient souvent inefficaces….

Mais nous nous étions tous dénoncés par solidarité avec Marcel que nous admirions pour son habileté !

Cela nous avait valu à tous une bonne semaine de retenues après l’école avec force exercices en tout genre !

Même si le chemin de l’école était long et parfois difficile l’hiver, il nous a laissé certainement plus de souvenirs que le contenu de l’enseignement reçu pendant la journée !

Pierre DUPOUY

 

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