Les élus Europe Ecologie Les Verts* s’expliquent sur leurs motivations qui les ont amenés à voter contre le projet de la faisabilité d’une nouvelle zone d’activité économique, ZAE, débattu le 11 février lors du conseil d’agglomération de Grand Auch Cœur de Gascogne. Il s’agissait avant tout de se prononcer sur le lancement d’une assistance à maîtrise d’ouvrage, AMO, pour la création de la ZAE.
« Nous demandons à ce que ce financement soit mobilisé pour établir à l’échelle de l’agglomération, et en concertation avec les communes, un schéma économique territorial partagé, qui nous présentera un diagnostic réactualisé, et surtout l’identification d’outils nous permettant d’appréhender, dans une réelle démarche de développement durable, la question du devenir économique de notre territoire ». Et de détailler leurs arguments dont ci-joints quelques extraits.
« Cette proposition de création d’une ZA sur le site de Naréous nous fait penser que beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Voici nos arguments :
- Nous ne disposons, à l’heure actuelle, d’aucun diagnostic ni information précise concernant les zones en friche dans la ville d’Auch, les communes voisines, et plus largement à l’échelle de l’agglomération, préalable indispensable à toute extension du périmètre des zones d’activité actuelles.
Pour information, dans le cadre du Plan de relance, la région Occitanie lance un appel à projet « Fonds friches en Occitanie » qui contribue à l’aménagement durable du territoire et à la relance de l’activité économique en apportant un soutien financier exceptionnel aux projets de reconquête de friches urbaines.
Par ailleurs, les demandes d’installation à Naréous sont-elles identifiées et sont-elles nombreuses ? Pourquoi donc cet empressement pour la création d’une nouvelle ZA ?
D’autant que des emplacements sont toujours disponibles à proximité (sur d’autres zones d’activité en périphérie de la ville, des locaux toujours disponibles dans les ZA d’Auch, des dents creuses, des friches).
Puis, la situation financière dégradée de l’agglomération ne permet pas d’envisager sereinement le financement d’un tel projet, notamment au niveau des infrastructures nécessaires mais coûteuses : voies d’accès, réseaux, mobilités...
Enfin, nous manquons de sagacité et d’anticipation envers le changement climatique et la dégradation prévisible de la conjoncture économique.
La crise sanitaire que nous traversons aura malheureusement des répercussions négatives sur le tissu entrepreneurial local. Nous devons anticiper à regret une fermeture accélérée d’entreprises, avec pour conséquence l’abandon de locaux en cœur de ville, qu’il conviendrait de remplacer plutôt que de les laisser à l’abandon.
En résumé, préférons la revitalisation du cœur de ville à la bétonisation des espaces verts en périphérie et à l’artificialisation des sols, d’autant que les dégâts causés à la nature risquent de nous coûter très cher à l’avenir (jusqu’à 100 fois plus cher que le coût de l’inaction). Même si l’économie ne fixe pas un prix à la nature, celle-ci a indéniablement une valeur, qu'il revient notamment au politique d'apprécier et de préserver, afin d’améliorer notre cadre de vie et notre bien être.
En conclusion, les élus écologistes ne souhaitent pas « mettre la ville sous cloche » ; nous ne sommes pas opposés à un développement économique maîtrise, équilibré et durable. Cette stratégie pourrait être basée en priorité sur la reconversion, le recyclage, le renforcement de l’existant et la promotion des nouveaux secteurs émergents, pour créer les conditions d’une revitalisation territoriale réussie. Le défi n’est pas de faire comme les autres, mais d’avoir de l’avance sur les autres. La stratégie d’aménagement des années 80 consommatrice vorace d’espaces verts, c’est fini.
* Sylviane Baudois, Bénédicte Mello, Henri Chavarot, Rui Oliveira Santos