Profitez du D'Artagnan pour découvrir Condom et ses environs vus de la rivière !
Cette saison, ils auront été les derniers à apprécier cette excursion. IIs venaient de l'Ariège, une vingtaine de retraités arrivant de Pamiers pour découvrir la Ténarèze. Ils avaient donc choisi l'originalité avec cette promenade sur la seule voie navigable du Gers.
Marc Le Saux, notre photographe attitré, les avait rejoints et accompagnés durant les deux heures que dure cette croisière repas.
D'une capacité habituelle de 75 passagers en simple balade, 60 en restauration, le D'Artagnan, en cette période de coronavirus, avait repris les flots, durant l'été, en respectant des consignes sanitaires très strictes. Pas plus de 45 personnes à bord, ce qui a nécessité, tout l'été, des rotations plus nombreuses pour satisfaire les visiteurs.
Rémy Soulhol a pris, récemment en juillet 2019, les commandes de l'entreprise devenue Le D’Artagnan, Échappées gasconnes. Dorénavant il les a repris, au propre et non seulement au figuré, puisqu'il vient d'obtenir son permis de conduire cette péniche. Il conduit donc seul son bateau sans la surveillance de son mentor, Daniel Tichané. Ce dernier consacre désormais son temps à l'animation de la visite.
Celle-ci commence et les passagers ariégois découvrent un bel édifice, monument du XVIIe siècle, l'Église des Carmes. Depuis 1904, transformée en théâtre, les Condomois y vont désormais au spectacle puisqu'il s'agit maintenant du Théâtre des Carmes. En temps ordinaires, hos période Covid-19, la programmation y est variée : concerts, théâtre, opéra, spectacles pour petits et grands.
Ensuite, le bateau passe devant une imposante bâtisse : la maison des anciens “Bains Douche“. Là, il va falloir faire parler Daniel Tichané pour les explications. Datant du XIIIe siècle, cette propriété dorénavant privée, unique construction édifiée exprès tout au bord de la rivière, a longtemps servi d'établissement de bains-douches. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les usagers - la bourgeoisie de la Haute Ville - disposaient, à l'intérieur, de petites cabines, l'eau était remontée de la rivière toute proche et ils pouvaient ainsi procéder à leurs ablutions... Les autres habitants allaient se laver directement dans la Baïse.
Rapidement, on passe près la chute de Gauge où se trouvait l'ancienne plage de Condom et on arrive à l'écluse du même nom. Ce sera la seule qui sera franchie au cours de ce périple.
Un chemin de halage longe la Baïse ; grâce à sa réhabilitation, les promeneurs peuvent en profiter. Après avoir passé l'écluse, le bateau continue un peu sa route mais va rapidement faire demi-tour, là où la largeur de la rivière le permet, avant d'arriver à l’écluse de Graziac.
Au retour, passage obligé de nouveau par l’écluse de Gauge avec, à sa droite, le restaurant "Le Moulin du Petit Gascon" dans l’ancienne maison des éclusiers.
Le capitaine étant à la barre, Daniel Tichané rejoint la terre ferme pour ouvrir le passage : le voici aux manettes de l’écluse.
Les participants se régalent des anecdotes de Daniel sur l'histoire de la Baïse. Il raconte, avec humour et passion, tout sur la navigation entre Bordeaux et Condom, au siècle dernier : les gabarres qui transportaient du chanvre, du goudron, des vins ou de l'Armagnac.
Le Journal du Gers vous propose de découvrir une des histoires de Daniel : vraies ou pas vraies. Il le dit lui-même, son but est de divertir les passagers avec des blagues, des légendes villageoises, il ne s'agit pas de faire œuvre d'historien. Mais l'histoire ci-après est bien véridique.
Au niveau de la chute de Gauge, se trouvait ce qu'on appelait à l'époque la piscine municipale de Condom et la plage que nous avons évoquée un peu plus avant dans ce texte, aménagée derrière la chute de Gauge où l'eau est propre et sans vase, seul endroit propice à la baignade.
Après le parc de loisirs de Gauge, à environ 1 km, à pied ou en vélo, dans les années 50, les Condomois allaient encore se baigner à cet endroit où la profondeur de l'eau ne dépasse pas 1,50 m. Un “gars” très serviable s'était alors auto-proclamé maître-nageur. Il mettait les gamins dans l'eau, ceux-ci tenaient une corde attachée à l'arrière du bateau de ce monsieur. Il les tenait “comme un bouchon de pêche sur l'eau” et leur enseignait la pratique de la nage. Combien de petits Condomois ont appris à nager ainsi ? L'histoire ne le dira pas. Mais, bien des années après, on a découvert que ce maître-nageur n'avait jamais su nager, c'est pourquoi il ne quittait jamais sa barque et, bien sûr, personne ne l'avait jamais vu dans l'eau.
Vous êtes friands d'anecdotes ; le Journal du Gers vous en propose une différente de celles de Daniel ; elle se rapporte aux produits acheminés sur la rivière :
En ce qui concerne le goudron servant à enrober les routes, il arrivait, comme le reste, de Bordeaux. Conditionné dans des bidons, lorsque ceux-ci étaient débarqués, cette substance ayant coulé, des flaques se retrouvaient sur les quais. Alors, certains Condomois, avec leurs taloches en corde, se mettaient le pied dedans. Et voilà comment on imperméabilisait ses espadrilles à moindres frais, naguère !
Le retour au quai de la Bouquinerie est imminent : les convives lèvent une dernière fois leur verre pour remercier de la balade. À leur arrivée, ils pourront encore s'attarder sur la terrasse de la Capitainerie pour contempler la Baïse, une dernière fois.
La Capitainerie : Rémy Soulhol regrette que les Condomois ne se soient pas encore réappropriés cet endroit. En effet, dès que la situation le permettra et surtout la saison prochaine, il souhaite transformer cet endroit en un lieu où chacun pourra venir profiter de la terrasse lors de soirées animées.
Renseignements : La Capitainerie 3 Avenue d'Aquitaine, à Condom, au 05 62 28 46 46.
Photos Marc Le Saux