Nous avons rencontré Bernard Malabirade à la foire Gascogn’Agri ce week-end. Il partage ses colères et ses espoirs dans une vidéo de 12 minutes: https://www.youtube.com/watch?v=Lo-leu-UlQM
Voici les principaux sujets abordés et le résumé de ses réponses:
1. Covid+Climat: 2020 sera une année noire
L’annulation des festivals comme « Jazz in Marciac » et bien d’autres ont fait chuter la fréquentation touristique et la consommation des produits gersois. Le climat a été désatreux : l’hiver a été trop doux et trop humide et le printemps difficile. Et il a manqué de pluie entre Juin et Aout. Ce qui a été très mauvais pour les cultures.
2. Les rendements les plus bas du siècle
Le blé tout comme les cultures de printemps ont énormément souffert.
3. Dégrèvement total de l’impôt foncier
Le président Malabirade demande un dégrèvement total de l’impôt foncier pour les agriculteurs. Leur déficit de trésorerie est important. Il faut des prêts à taux zéro pour amortir les achats sur 4 à 5 ans avec une garantie de l’État.
4. Nous perdons la bataille face à l’Allemagne et face à l’Espagne
Nous sommes en train d’être dépassés au niveau agricole et agro-alimentaire. Ils sont mieux accompagnés que nous. Le Covid nous a fait prendre conscience du risque de dépendance et de pénurie alimentaire. L’autosuffisante est primordiale et une agriculture forte nécessaire. Nous avons aussi beaucoup de retard sur l’anticipation du réchauffement climatique. Ainsi seulement 1,7 % de l’eau de pluie est stockée en France contre 17 % en Espagne par exemple.
5. Avec l’expansion toulousaine, nous allons manquer d’eau
La Neste qui fournit la Gascogne alimente également le bassin Toulousain en soulageant la Garonne pendant les périodes estivales. Demain il risque d’y avoir des choix à faire entre le Gers ou les Toulousains. Il faut anticiper ce problème et se poser les bonnes questions à temps.
6. Des normes idéologiques insupportables
On est un pays qui met des bâtons dans les roues. On veut être les héros de l’agriculture alternative, sans que personne ne soit comptable de la perte que cela engendre. Il faut voir que derrière chaque effort demandé on enregistre une perte d’autosuffisance alimentaire. On ne veut pas être des héros morts, qui économiquement n’existent plus. Certaines exigences sont uniquement idéologiques et n’apportent pas de plus-value. Il faut avoir un regard objectif et lucide sur les bénéfices-risques.
7. L'agriculture c’est un secteur complexe
Il faut maîtriser aujourd’hui beaucoup d’expertises et de connaissance pour comprendre les enjeux du monde agricole. Il faut faire confiance aux agriculteurs. Quand vous avez 40 ou 50 hectares à cultiver malgré le climat et avec les aléas des marchés, cela mobilise des ressources et une expertise très importante. C’est à cela que sont formés nos agriculteurs.
8. La PAC est devenue une boulimie administrative
Les agriculteurs sont européens mais la PAC est devenue une boulimie administrative, qui n’est plus en lien avec la réalité de la nature et avec les exploitations. Il faut retrouver du bon sens paysan. Mais la PAC est nécessaire pour conserver une harmonie sur le territoire européen.
9. L'Europe doit interdire la surtransposition en particulier de la France
Aujourd’hui il est dramatique de voir une telle concurrence entre pays européens. L’Europe ne doit pas tolérer qu’il y ait des règles différentes entre pays. Elle doit faire respecter à tous la réglementation européenne mais surtout refuser la surtransposition. C’est à dire que des Etats aillent plus loin avec des normes encore plus rigides, comme le fait la France.
Pour voir la vidéo cliquer sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=Lo-leu-UlQM