W. E. Gutman
Pendant plus d’un demi-siècle, je donne la parole aux autres. Mon journalisme inquisiteur (les ennemis de la vérité me qualifient de « trublion ») se penche sur les absurdités et les agonies du drame humain.
À partir de 1994, lorsque mon travail me mène en Amérique Centrale, je consacre mes enquêtes et éditoriaux à la dissection in vivo des juntes militaires et des régimes civils fantoches qui abattent les enfants de rue et assassinent les chefs de tribu autochtones ; régimes corrompus, incompétents, et grossiers qui ressuscitent les escadrons de la mort et suppriment les trublions ; régimes impliqués dans le trafic de drogue et la traite des mineurs ; régimes dont les dirigeants vivent dans le luxe tandis que leurs ressortissants pourrissent dans la misère.
De retour aux États-Unis, je dénonce l’injustice, l’inégalité, la cupidité, et l’hypocrisie moralisante de la droite religieuse qui s’insère comme une tique dans le corps politique et le subvertit. Je mets en examen des administrations tout aussi grossières, corrompues, frauduleuses, et inaptes que celles que j’avais montrées du doigt dans l’Isthme centre-américain. Et j’inculpe le système bipartite (chaque facette le revers de la même pièce ternie) les deux redevables aux actionnaires, aux riches, et aux puissants, tandis qu’ils défavorisent les immigrants, les gens de couleur, et les pauvres—tout en renforçant le même vide juridique et l’idéologie réactionnaire qui encouragèrent l’essor d’un Donald Trump et des scélérats qui l’ont hissé au pouvoir.
En 2012 je décide de raconter ma vie, une épopée repue d’aventures et de déboires, loin des injonctions des chefs de rédaction et à l’abri du crayon rouge du censeur. Rédigé en anglais, ce mémoire est un abrégé de l’histoire que j’ai vécue, un éloge au journalisme intrépide, un hommage à ma famille, et un témoignage intime dépourvu de pédanterie ou fausse modestie.
Ce conte, à travers lequel je fais le portrait des êtres, lieux, et événements qui marquèrent ma vie, s’étend sur quatre continents et huit décennies.
Désireux de me faire connaitre en France, je le traduis et le publie en 2019 sous le titre, Jeu de Rôle : Souvenances d’un Baladin. Plus tard, par nostalgie, je consacre quelques articles au Journal du Gers, région où j’ai passé une petite partie de mon enfance.
J’ai dit ce que j’avais à dire et, par courtoisie, évité d’en dire plus. J’espère avoir inspiré, stimulé, peut-être ému les lecteurs. Si je vous ai laissé insensible ou indifférent, j’ai échoué. Si j’ai fait l’écho de vos émotions les plus intimes, si je vous ai éclairé, taquiné, exaspéré même, j’aurai en quelque sorte réussi.
J’ai 82 ans. Je vais consacrer le temps qui me reste à des projets personnels. Merci à Jean-Pierre Espiau qui m’a présenté au public gersois lors de ma visite-éclair à Auch en Octobre 2018. Je réserve ma gratitude la plus profonde pour le soutien indéfectible de Marielle Fourcade et l’encouragement de quelques amis auscitains.
En dernier, je salue les blogueurs, y compris ceux qui se dissimulent dans l’anonymat. Les commentaires que mes écrits ont suscités renforcent ma conviction que dans notre ère de déraison toutes les opinions se valent mais que seule la vérité, rare et facilement faussée, pénible, et souvent blessante, doit prévaloir.
P.S. Au lecteur qui me demanda « que fait celui qui dit ? » … je viens de vous le dire.
Né à Paris, fils de maquisard (Bataillon de l’Armagnac), survivant de l’Holocauste, W. E. Gutman est un journaliste et écrivain franco-américain. Il vit en Floride. Son livre, Jeu de Rôle : Souvenances d’un Baladin, est disponible chez www.Amazon.fr ou www.BookDepository.com