Rencontre avec Jean-Paul Amic

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Auteur de l'exposition "Les chemins de St Jacques de Compostelle - Une histoire européenne - Un patrimoine mondial"

Dans le cadre des animations de l'été à Las (commune de Caillavet), la chapelle accueille, depuis samedi jusqu’à lundi, une exposition intitulée "Les chemins de St Jacques de Compostelle - Une histoire européenne - un patrimoine mondial".

L’auteur de cette exposition, le journaliste-écrivain Jean-Paul Amic, était présent à la chapelle, dimanche après-midi, et nous avons pu échanger avec lui.

C'est un véritable passionné des chemins de St-Jacques que nous avons rencontré.

Journal du Gers : Pouvez-vous nous faire la genèse de cette exposition ?

Jean-Paul Amic : J’ai créé cette exposition pour l’association « Les amis de Saint-Jacques en Occitanie » de Toulouse. Je faisais partie d’une association dans le Gers qui a été absorbée par celle de Toulouse.

Le 2 décembre 1998, l'UNESCO inscrivait la partie française des chemins sur la liste du patrimoine mondial  sous la forme d'une sélection de 71 monuments et 7 tronçons de sentier témoignant des aspects spirituels et matériels du pèlerinage.

À cette occasion, j'ai eu l’idée de faire quelque chose sur le chemin de Saint-Jacques et comme je suis très européen, j’ai eu envie de montrer que tous ces gens qui passent dans le Gers sur les chemins de Saint-Jacques viennent de toute l’Europe et même du monde entier.

Journal du Gers : C’est donc cette dimension européenne et mondiale que vous avez privilégiée dans votre travail ?

Jean-Paul Amic : En effet, la plupart des Français pensent que les chemins de Saint-Jacques ne concernent  que la France et l’Espagne.

Et pourtant, le pays, je pense qui est le plus concerné par les pèlerinages, est l’Allemagne. L’Allemagne est à la jonction des chemins qui viennent du Nord et de l’Est ; en Allemagne, vous avez des chemins nord-sud et est-ouest, c'est donc un vrai quadrillage que l'on observe quand on regarde la carte des chemins.

Les chemins de Compostelle se trouvent dans l’Europe complète, y compris au départ de Moscou.

Ce qui est extraordinaire, c’est de penser qu’au Moyen Âge, il y avait des personnes qui faisaient 5000 km aller...et 5000 km retour !

Journal du Gers : Comment les pèlerins déterminaient-ils leur itinéraire au Moyen Âge ?

Jean-Paul Amic : Il y avait deux éléments qui les guidaient.

C’était tout d’abord les reliques des saints qu’on pouvait voir dans les églises et les endroits d’accueil. Les pèlerins ne payaient pas, ils étaient nourris, logés et soignés.

On dit qu’il y avait quatre grands chemins français, la voie partant de Paris et passant par Tours et Bordeaux, celle de Vézelay qui passe par Limoges , celle du Puy qui passe par Condom, Lectoure, Nogaro et celle d’Arles qui passe à Toulouse, Auch, Marciac.

Les historiens se disputent au sujet de l'existence du chemin du Puy au Moyen Âge.

En fait, c'est très difficile de déterminer précisément les chemins existant à l'époque.

L’abbé Bernes de Montesquiou qui avait fait le pèlerinage dans les années 60 disait qu’il n’y avait aucun panneau. Quand il demandait son chemin en Espagne, on lui disait  : « C’est à droite après le 3e chêne » !

Aujourd’hui, il y a les cartes, le GPS, le balisage.

Autrefois, les gens passaient où ils voulaient et surtout où ils pouvaient.

Journal du Gers : Que pensez-vous de l’évolution actuelle des pèlerinages à Compostelle ?

Jean-Paul Amic : C’est plus qu’un phénomène religieux aujourd’hui, c’est devenu un phénomène de société.

Faire le pèlerinage aujourd’hui, c’est aller à l’encontre de la société de consommation, à l’encontre du tout automobile, à l’encontre de cette société de l’urgence.

C’est très significatif de constater que le phénomène s’est énormément développé dans des pays de l’Est comme la Tchéquie et la Pologne dont le niveau économique a beaucoup augmenté ces dernières vingt années depuis qu’ils ne sont plus communistes alors qu’un pays comme l’Albanie qui est très pauvre, n’est pas concerné par les pèlerinages.

Même si les gens ne partent pas toujours avec une motivation spirituelle, il y a un choc psychique de quitter la société de consommation, de quitter les rapports d’agressivité, de quitter la vitesse et de découvrir un autre monde.

C’est un voyage dans l’espace, mais aussi à l’intérieur de soi, même si au départ ce n’est pas la motivation principale.

Je regrette cependant que l'on ne parle pas assez de l'aspect artistique du pèlerinage. Le chemin traverse un patrimoine artistique d’une qualité et d’une densité uniques au monde.

Ce chemin, c'est l'histoire de l'humanité, l’histoire de l’art roman, de l’art baroque, de l’art gothique.

Journal du Gers : Comment avez-vous travaillé pour réaliser cette exposition ?

Jean-Paul Amic : Je me suis appuyé sur mes connaissances, ma documentation personnelle et j'ai fait beaucoup de recherches sur internet.

Pour mes recherches sur internet, le fait de parler plusieurs langues m’a été très utile.

Je prends l’exemple d’un personnage comme Louis X le Sage qui était roi de Navarre vers 1200 ; il était aussi militaire, il a écrit des poèmes sur le thème des chemins de Saint-Jacques, il composait aussi de la musique. Ce personnage m’avait intrigué, mais je n’avais quasiment rien trouvé sur lui en français alors que j’ai trouvé une masse d’informations sur lui en espagnol.

Sur le monde orthodoxe, j'ai trouvé beaucoup d'informations en allemand, mais aussi sur des sites russes.

Journal du Gers : Cette exposition a-t-elle déjà beaucoup "voyagé"?

Jean-Paul Amic : L’exposition a été faite en 2018. Elle a été inaugurée pour le 9 mai 2018, sous le porche de la cathédrale, par le maire d’Auch et  l’archevêque d’Auch.

Elle a ensuite beaucoup voyagé dans le Gers, à l'Isle-Jourdain, à Marciac, à Lavardens, à Lectoure, à Fleurance, à Montesquiou.

Une copie de l’exposition voyage dans le Nord de la France, elle a été exposée en juillet 2019 à la cathédrale de Rouen, et en décembre 2009 dans la cathédrale de Lille.

Elle devait partir à Arras, puis en Belgique, mais la situation sanitaire a interrompu son parcours qui devrait maintenant reprendre.

Mon souhait serait que l’année prochaine qui est une année jacquaire  - quand la Saint Jacques tombe un dimanche - l’exposition reste au moins un mois en la basilique Saint Sernin de Toulouse qui est reconnue comme l’un des plus importants centres de pèlerinage de l’époque médiévale

Journal du Gers : Avez-vous vous-même fait le pèlerinage ?

Jean-Paul Amic : Je l’ai fait une douzaine de fois mais, en bus ou en train, sous la forme de voyages culturels que j’organisais.

Je rajoutais à chaque fois un jour de plus car je constatais qu’on n’avait pas assez de temps pour tout visiter !

L'exposition est encore visible lundi 13 juillet de 14 h à 19 h en la chapelle de Las (commune de Caillavet)

Si vous souhaitez emprunter cette exposition, solliciter son auteur pour une conférence à ce sujet ou pour tout autre renseignement , vous pouvez contacter Jean-Paul Amic au 05 62 05 82 65 ou 06 08 71 60 48 ou au mail suivant : [email protected]

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