L’été approche et certains dangers aussi. Heureusement, une communauté d’hommes et de femmes engagés, soudés, sont là pour veiller à sécurité de tous. Chaque année, à la fin du printemps et avant l’été, des manœuvres, c’est-à-dire des exercices sur le terrain sont organisés pour répéter en réel les gestes de protection, les mesures de sécurité, les bonnes pratiques.
Cette année, la crise sanitaire a contraint les pompiers de France à adapter leurs opérations sur le terrain. Dans le Tarn-et-Garonne, le département s’est organisé en 4 secteurs (Caylus, Montpezat, Génébrières et Lavit). Cette dernière commune avec son centre de secours rassemblait aussi les équipes de Verdun-sur-Garonne, Beaumont-de-Lomagne, Valence-d’Agen. Un arsenal de 4 camions incendies et un véhicule léger pour le Chef de groupe.
Sous la supervision générale de deux commandants, Bernard Grott et Eric Rastouil, Le capitaine Alain Quargentan et le lieutenant Didier Pujol, chef du groupe, encadraient une équipe d’une grosse dizaine de pompiers volontaires. L’objectif de la manœuvre : lutter contre les incendies de forêt qui ravagent nos territoires aux périodes les plus chaudes de l’été. Rappelons que les équipes sont souvent mobilisées dans le sud de la France et malheureusement, certains des acteurs ne reviennent pas.
Aussi, l’enjeu est de faire en sorte que « 20 au départ et 20 à l’arrivée » comme le scande le commandant Grott, pour insister sur les mesures de protection des pompiers. Dans cette guerre pour sauver nos paysages, il faut aussi sauver des vies et celles de nos pompiers volontaires !
Au total, quatre manœuvres sur trois sites aux alentours de Lavit furent magistralement orchestrées par les équipes : l’attaque de front, le retournement, la défense de points sensibles et enfin l’auto-défense avec l’impressionnante manœuvre dite de la tortue.
Pour l’attaque de front, la horde des camions en bord de route, attaquent le feu avec leurs camions chargés d’eau, c’est peut-être la plus évidente ; vient celle du retournement lorsque les camions s’engagent dans un chemin étroit pour protéger des populations retranchées dans des lieux isolés et là, se pose la question de mouvement des camions.
Des gestes et des techniques de conduites sont nécessaires pour éviter de se retrouver bloqué avec la population sans issue pour évacuer. Qu’il s’agisse d’une habitation, d’un transformateur électrique important pour un village situé en contrebas par exemple, toute installation vitale pour les populations constitue la défense des points sensibles. Chacun ayant ses caractéristiques propres obligeant à des gestes adaptés. Enfin, il arrive que les équipes se trouvent encerclées par le feu avec un danger éminent pour ces soldats du feu. Un système sophistiqué de protection a été prévu et orchestré pour cela. Les pompiers sont dotés d’une sacoche grise métallisée harnachée à leur ceinturon avec un poncho de protection qui leur permet de s’isoler du feu, et un masque de fuite d’une autonomie de six minutes, élément crucial pour le pompier en danger. Il a donc six minutes pour organiser sa fuite de l’enfer !
Enfin, lorsque c’est tout un arsenal qui se trouve encerclé, il reste la manœuvre de la tortue. L’idée est donc que les camions se rassemblent et protège leur chef de groupe par la même occasion qu’ils encerclent, ainsi positionnés, ils activent les vannes d’eau qui protègent l’ensemble de l’équipement et chacun dans son camion bénéficie d’un air en cabine qui ainsi les protège des fumées. D’autres sont couchés sous les camions et bombardent d’eau. Les pilotes des engins ont une responsabilité de vie rare. Cette manœuvre est délicate, elle doit être décidée vite et structurée en une minute. Autant dire, que la vie dans ces conditions tient à un fil ténu, mais la détermination et l’engagement des pompiers permet chaque année de sauver des vies.Depuis ces mesures d’entraînement, 20 qui partent doivent rentrer sain et sauf est le maître mot. En effet, depuis plusieurs années maintenant, le nombre de pompiers morts en exercice diminue ce qui est d’autant plus important que le nombre de volontaires, quant à lui, est difficile à maintenir malgré 17 % de femmes dans les rangs.