Le Mercredi 28 Octobre les Vicois en grand nombre accompagnaient à sa dernière demeure Tito Oller âgé de 94 ans. Il a fallu écouter l’hommage de sa nièce pour découvrir qui était Tito, ce combattant de la liberte. Il parlait très peu de cette période pour lui il s’agissait d’actions naturelles que tout homme épris de liberté et de justice doit faire .
On était en pleine «retirada«, le 13 Février 1939 Tito, adolescent de 18 ans franchissait les Pyrénées à pied dans le froid et la neige. Avec ses parents et sa sœur, Ils sont accueillis par les gendarmes et parqués dans un champ déjà occupé par des milliers de réfugiés qui ont du déployer les barbelés de clôture. Ils dormaient à même le sol dans le plus extrème dénuement comme ceux d’aujourd’hui qui se pressent à nos frontières . Ils seront envoyés dans les camps de concentration d’Argelès et de Bram. Le pays ayant besoin de bras ils sont dirigés vers le Gers où Tito, ce pur natif de Madri apprendra à labourer à l’araire et à soigner les vaches .
Son engagement antifranquiste et son expérience militaire - il était malgré son très jeune âge instructeur dans une compagnie de mitrailleuses des Brigades internationales.il les mettra au service de la Résistance, gagnant le Maquis et participant du 7 juin au 10 Août 1944 à la libération du Gers avec le bataillon de l’Armagnac sous les ordres du Commandant Parisot et de Georges Starr, alias colonel Hilaire. Il reçut une blessure qui lui laissa une main mutilée au cours des violents combats de Castelnau sur l’Auvignon où une colonne allemande avait été accrochée. Tito était un héros modeste et discret, il considérait n’avoir fait ici que poursuivre tout naturellement la lutte contre le fascisme commencée en Espagne. De cette période de vie il ne parlait jamais ou presque, pas plus qu’il n’évoquait son immense désillution, dans l’immédiat après guerre, quand il comprit comme les autres exilés républicains, que cette libération pour laquelle il s’était battu s’arrêterait - guerre froide oblige - à la frontière espagnole .
Le propre des âmes fortes est de savoir se reconstruire dans l’adversité . A la fin des hostilités, Tito a su rebondir, bâtissant toute sa vie professionnelle à Vic, dans l’entreprise Chambas dont il devint rapidement un pilier. Comme les sages, il consacra beaucoup de temps à cultiver son jardin, dont il distribuait généreusement l’abondante production à son entourage. Il s’intéressa aussi à la photo, puis se découvrit une passion pour les voyages lointains, bourlinguant pendant des années avec sa compagne Christiane d’un bout à l’autre du monde, d’Iguazu au Triangle d’or, de Saigon à Macchu Picchu, du Colorado au cap Nord et des grandes Pyramides de Chitchen Itza aux glaciers bleus de Patagonie. Ces images de ces paysages dont il avait tapissé les murs de sa maison l’ auront accompagné jusqu’à son ultime voyage ainsi que le souvenir de sa jeunesse glorieuse.