Valence autrefois... Les fonctionnaires.

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Nous avons souligné dans des articles précédents le rôle que pouvait jouer l’ingénieur des Ponts & Chaussées dans les affaires communales. Il avait son bureau à Valence-sur-Baïse, le chef-lieu du canton. La responsabilité et l’entretien du réseau routier lui incombaient.

Sous ses ordres, il avait un ou deux chefs-cantonniers qui, eux-mêmes, veillaient sur les travaux des cantonniers placés sous leur autorité. Ils avaient chacun une section de chemin départemental ou national à entretenir : élagage des haies, fauche des bas-côtés, entretien des saignées d’évacuation des eaux pluviales… Si le cantonnier avait, semble-t-il, la liberté de son travail, celui-ci n’en était pas moins contrôlé par son chef. Son chantier était signalé par un pieu planté à même le bas-côté de la route auquel était accroché un étui en fer blanc, renfermant son carnet de route sur lequel son chef apposait son visa lors de ses passages de contrôle. Il arrivait que l’ingénieur lui-même en fasse un d’impromptu.

Le chef-lieu de canton était aussi le siège de la justice de paix. Les audiences publiques avaient lieu dans une des salles de la maison commune. Les affaires qui y étaient examinées pouvaient intéresser les bornages, les dégâts d’animaux, les propos injurieux… Un greffier consignait les débats ; les frais étaient minimes. Les plaideurs se retiraient souvent réconciliés.

Des agents de la régie venaient contrôler les déclarations de récoltes, les sorties de vins et alcools, sanctionnaient les ventes clandestines. Un sobriquet les qualifiait de rats de cave !

Il n’y a pas si longtemps que cela, le garde-champêtre était un personnage haut en couleur du village. Valence en connut plusieurs. Coiffé d’un bicorne, plus tard d’un képi, il était astreint à plusieurs taches. Il parcourait la ville pour publier toutes sortes d’annonces ou d’évènements, veillait sur la propreté de l’agglomération, verbalisait les petits délits. Il avait à sa disposition un tambour et son arrivée était signalée par un roulement qui, aussitôt, rassemblait la population avide d’informations.

Une anecdote a marqué le passage à ce poste d’un Valencien dans les années 1870. Il se nommait Bajolle Bernard et avait été installé garde-champêtre et agent de police par la municipalité de Joël [1] Lussan (maire de de 1874 à 1876). Interrogé sur les faits, sa non-intervention alors que le tapage nocturne éclatait pas loin de chez lui, le garde-champêtre resta silencieux. Cela lui valut d’être suspendu de ses fonctions !). Trois ans après, il connut une mésaventure. La raison : un manquement aux devoirs de sa fonction. En effet, lors de la fête locale, un dimanche soir du premier week-end de juin - les fêtes ont été depuis déplacées au troisième dimanche du même mois - des bagarres éclatèrent alors que le sieur Bajolle était parti se coucher. Cris, jurons, blessures par morsures en furent les conséquences entraînant l’intervention de la gendarmerie.

Terminons en disant que le tambour est toujours précieusement conservé à la mairie, que le maire Alexandre Baurens (maire de 1944 à 1979) y avait fait installer un système pour permettre le roulement traditionnel que ne pouvait jouer un de ses employés Mr Dambo, et qu’il a toujours un rôle, lors des Automnales, en permettant à un des responsables d’annoncer le programme …. à la grande joie des spectateurs.

Claude Laffargue

[1] NDLR : à moins qu'il ne s'agisse de Jean-Dominique Lussan, maire de 1858 à 1869. Mais à signaler qu'une mention est faite pour un troisième mandat de maire, avec ce même patronyme mais le prénom de Dominique seul, pour la période comprise entre 1838 à 1843.

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