Coronavirus ou pas, ils doivent continuer d’assurer les tournées pour soigner leurs patients. Entre peur au ventre, rage et conscience professionnelle.
On savait déjà leur quotidien particulièrement éprouvant, bien avant l’épidémie. Sur la route, en ville ou en milieu rural, ces infirmiers doivent aller panser, soigner, écouter et rassurer. Des tournées débutant au lever du soleil pour se finir souvent tard dans la soirée.
Un quotidien qui est désormais devenu un long parcours du combattant, mais démuni pour faire front. Masques, gants, blouses de surprotection, gel hydro-alcoolique, housses en plastique jetables pour les sièges de voitures… tout vient à manquer.
Le Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux a lancé un appel national à la solidarité et demande à toutes les entreprises et collectivités disposant de tels équipements à joindre les Unions Régionales de Professionnels de Santé Infirmiers pour proposer leur aide.
Une infirmière des Landes compare la situation avec celles des soldats « qui partaient en 1914 avec des sabots de bois ».
Si le pays est en guerre, ne serait-il pas normal que les premières lignes soient armées jusqu’aux dents ?... Or, bien souvent, la dotation de masques se fait au compte-goutte, et ils ne correspondent pas forcément aux normes FFP2 adaptées à ce type d’épidémie.
Alors, face à cet ennemi invisible qui rend toute la population potentiellement dangereuse, celles et ceux qui doivent impérativement assurer la continuité des soins tentent de s’organiser dans la plus grande incertitude.
Dans le Gers, comme dans la plupart des régions, un collectif d’infirmières libérales s’est constitué sur WhatsApp, lançant un appel aux dons auprès de dirigeants d’enseignes et entreprises locales, pour récupérer tout ce qui permettra de renforcer leur protection (lire notre article à ce sujet).
« Si nous avons moins de patients à visiter, le temps nécessaire aux tournées reste le même, explique cette professionnelle de santé. En plus des soins, nous devons leur répéter la nécessité vitale de ne laisser entrer personne, y compris les enfants ou petits-enfants, même pour livrer les courses qui doivent être déposées devant leur porte. C’est absolument indispensable pour limiter leur risque d’être contaminés. De notre côté, nous avons dû renforcer les barrières de protection déjà mises en place pour empêcher la progression du virus. Nous désinfectons par exemple maintenant notre propre véhicule entre chaque visite, volant, levier de vitesses, sièges... En quelques jours, je me suis brûlée les mains à force d’utiliser du gel hydro-alcoolique. Lorsque je rentre chez moi, je passe par « un sas de décontamination » avant de retrouver mes proches : je me déshabille, mets tous mes vêtements à laver sans tarder et me douche longuement… ».
Des gestes contraignants mais devenus absolument nécessaires depuis l’apparition du coronavirus, qui font partie d’une journée type de travail. D’autant que l’âge avancé de certains personnes visitées les rend parmi les plus contaminables.
Pourtant, dans cette « drôle de guerre », les infirmiers libéraux représentent le seul lien - aux côtés des auxiliaires de vie - de ces populations fragiles et isolées, qui ne sont pas à l’abri d’un stress traumatique qu’il leur faut également gérer.
Quand refluera la crise, sous sa forme la plus paroxystique ? Difficile de le prévoir. Mais lorsque le monde se réveillera de ce sale cauchemar, tous les personnels de santé qui auront combattu sans relâche, malgré tout, ne devront pas redevenir « transparents »…
Liste de matériel d’urgence à fournir :
· Du gel hydro-alcoolique
· Des produits désinfectants de surface (spray ou lingettes)
· Des masques de protection
· Des gants jetables
· Des blouses, sur-blouses et combinaisons intégrales, jetables ou non
· Des charlottes
· Des sur-chaussures
· Des protections pour voitures
· Des sacs poubelle grand format
Illustration Pixabay.com
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