Le temps des cimetières

Durant  cette   semaine de  Toussaint, les petits   villages  s’animent, bien des  volets   sont clos, d’autres   maisons   s’effondrent    dans   un habit  de  ronces   aux feuilles   rougeâtres ,  ceux   là   ,ils   n’ont pas  voulu  vendre  .  La  porte  de  fer  du   cimetière   grince , l’eau  du robinet    claque  dans   les arrosoirs  .Ceux  qui   n’ont  pas  trouvé  du  travail au  pays ,   ont liquidé   la  maison   familiale pour  acheter  ailleurs  , mais  ils   ont encore  les  racines  dans  cette   terre  qui les  a vu  naître ,  sont  aussi   dans    ce carré  de  cimetière    leurs  aïeux .Ils  apportent   gauchement   le  pot  de  chrysanthème    acheté   dans  une  grande surface sur  le trajet  . Tous   ceux  qui  sont venus  se  rassemblent  devant   le   caveau  ou  la simple    sépulture   .Ils  parlent  de  ceux  qui  les ont    quittés, les  enfants   écoutent   d’une oreille   distraite , le souvenir  de  ce papy  ou  de  cette mamie  qui   sont présents  sur  des  photos  sépias   dans des  cadres    rétros .Ils  sont davantage   attirés  par  ce  ciel  bleu  où  courent   des nuages   blancs   poussés   par     le vent  de  novembre  , de    cette  sortie   au  pays  des   ancêtres   , ils  se  souviendront   qu’il  y   a un  autre  ciel   qu’à  Paris ;Les   tombes  à l’ancienne  sont   de plus en  plus  rares  ,  chacun  veut  « son  caveau »   en  marbre    ou simili.   . Dans  un coin   du cimetière   , une   mamie  a redonné du volume à la terre  de la   sépulture  de  son mari elle  y  dessine  une croix  avec  des   feuilles  de  laurier   et  dans  un  pot   de terre  pour   confit  , elle  met  un bouquet  de  fleurs, pas  des    espèces  présentées  en  vitrine   chez le   fleuriste , mais celles   qu’elle  a   fait   pousser     dans  le    jardin  entre   les  tomates  et   les  pommes  de  terre . Les    visiteurs   se retrouvent , se  reconnaissent, s’embrassent  et  ce sont  les   « ‘tu  te  souviens  , Joseph  qui  habitait  à Terreblanque  et  qui  était  parti   dans  la gendarmerie …  il  est  décédé , mais  il voulu  être  enterré  ici » ; Le groupe  passe   à  une  autre   tombe    ; «  et   là    c’est    ce pauvre  Gilbert  ,   un   sacré   farceur ,   nous   en avons    fait  des    blagues  ,dans  le village  et  l’homme de dégager    une  larme ; il aimerait    bien   nous  voir   tous   en joie ». La   Toussaint   dans  ces petits  cimetières  , c’est   tout   de même  autre chose  que  le carrousel anonyme    dans   les  grandes   surfaces   mortuaires.

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