La foire aux oies d'autrefois

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Ils sont assis sur une pierre dans le site du foirail de Riguepeu, le béret noir en pointe pour se protéger du soleil.

Ce sont trois anciens du village.

Un ancien : « Vous venez voir la préparation de la foire aux oies ? 

JDG : - Bien sûr, c’est une manifestation importante qui mobilise un nombreux public.

Est-ce qu’elle est ancienne ?

Un autre ancien dans un éclat de rire : - La foire aux oies date de l’apparition des oies du Capitole de Toulouse.

Un autre : - Tu sais qu’il était fort à l’école ! »

Et en se relayant, ils nous font revivre la foire des oies d’autrefois.

La dernière foire aux oies s’est déroulée vers les années 1970 et, depuis, les ventes d’oies se font à la ferme.

Jean-Denis Charrié, président de la pétanque à Riguepeu, a eu l’idée de refaire la foire aux oies comme autrefois.

Autrefois, on élevait des oies dans toutes les fermes, des oies dites de Toulouse.

Lorsqu’elles étaient adultes, on en gardait un certain nombre pour la consommation de la maisonnée, confit, foie gras.

On vendait ceux de grande qualité, les autres étaient mis en bocaux qu’on ouvrait seulement pour les fêtes (baptêmes, mariages, fêtes locales).

Ceux de qualité étaient destinés à la foire d’automne de Riguepeu.

Des volaillers (marchands de volaille), venaient des départements voisins, Landes et Dordogne, du Périgord. Ils achetaient ces oies maigres qu’ils confiaient à des gaveurs, ils les reprenaient grasses et vendaient l’oie ou simplement le foie.

Un ancien nous dit : "C’était des canailles. En début de matinée, ils arrivaient au village de Riguepeu et se retrouvaient pour le repas tous ensemble. Ils discutaient bien sûr du prix d’achat et fixaient un prix plafond et un prix plancher et ils s’engageaient à se tenir dans cette fourchette de prix. La fermière ne voulait pas vendre au prix proposé mais la foire s’achevant, à ce moment-là, elle était obligée de vendre sa volaille à un prix bas imposé par le volailler."

Certains volaillers achetaient tellement d’oies qu’ils les laissaient dans un pré entouré de grillage et ne venaient les chercher que le lendemain.

La conduite des oies à la foire

On leur nouait d’abord autour du cou un ruban de façon à les retrouver si elles se mélangeaient aux autres troupeaux sur le foirail.

On mobilisait les enfants pour conduire le troupeau. Ils étaient heureux de perdre un jour de classe. On les équipait d’une longue gaule avec au bout un chiffon rouge.

Le soleil se levait à peine quand on prenait le chemin car on menait les troupeaux "à pattes."

« Moi, j’habitais à cinq kilomètres de Riguepeu, dit un ancien. C’était parfois un drôle de travail pour maintenir les oies en file militaire. Certaines s’évadaient sur les talus et c’était alors laborieux de leur faire rejoindre le troupeau.»

La foire s’ouvrait et le carrousel des commerçants débutait. Bien sûr, c’était un marchandage entre eux et les éleveuses.

Les volaillers portaient autour du cou un gros sac de cuir qui contenait l’argent pour les achats car on payait comptant et en « images »

Le marché conclu, l’argent était donné à la fermière. Il disparaissait dans la poche de son grand tablier.

Quelle ambiance sous les platanes avec le caquètement des oies, le sifflement des jars et les dialogues entre vendeurs  et volaillers, bien souvent en langue d’oc avec quelques mots d’un vocabulaire très caractéristique de cette langue ! Un linguiste pourrait étudier ces dialogues....

Chopine pour les hommes, achats pour les femmes

Les hommes se rendaient au café du village. En fin de foire, on voyait sur les tables du café les files de chopines.

Un ancien reprend la parole : « Et ils parlaient les types, de leur propriété, du blé qui avait baissé, de la vigne qui avait été grêlée, du bétail qu’on ne pouvait vendre, des lamentations incessantes !

Ils se plaignaient tout le temps et le ton montait parfois selon le nombre de chopines consommées. »

Les fermières, si le marché avait été bon, faisaient des achats, une pièce d’étoffe au stand du magasin Pomian, elles achetaient aussi un cornet de cacahuètes pour donner à l’enfant qui les avait aidées dans la conduite des oies.

Il y avait aussi le percepteur qui venait pour essayer de récupérer les impôts non payés.

Jean-Denis a réussi à retrouver tous les caractères de cette foire ancienne.

Comme il n’y a plus d’oies dans les fermes pour la foire, il en élève un troupeau et le conduit selon la tradition à pied de sa ferme au foirail.

Cette arrivée dans la foule est un moment fort de la foire et les oies se taisent même pendant les discours des officiels....

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