L’événement qui se déroule en ce moment à Montréal-du-Gers est particulièrement singulier en France - et donc forcément médiatisé -, car il s’agit de la récolte de coton 100% gersois, qui donnera naissance dans quelques mois à des polos et tee-shirts 100% français.
L’aventure avait débuté en 2016, (lire notre article ici) lorsque Yohan-Charles de Wit et ses beaux-frères Médéric et Samuel Cardeillac relevaient le défi de faire pousser cette fibre végétale sur leurs terres de la Ténarèze, traditionnellement réputée pour son Armagnac, son Floc et ses vins de Côtes de Gascogne.
Les six petites graines expérimentales à l’époque s’étant révélées très prometteuses, ils en cultivèrent par la suite sur deux hectares, puis quatre, pour en atteindre cette année quatorze.
À l’heure de la nouvelle récolte, Yohan-Charles a le sourire aux lèvres. « Nous avions eu la confirmation que notre terroir argilo-calcaire, additionné au climat océanique d’ici, convenait parfaitement à la culture d’une certaine variété de coton. Cette année, nous allons pouvoir récolter près de trois tonnes. Ce qui représente environ six à neuf mille polos… »
Une perspective qui réjouit d’autant plus les trois associés, que leur projet initial était justement de transformer leur matière première en produit fini. Et les cinq cent cinquante polos 2018 se sont vendus, comme des petits pains !
« Nous misons sur la garantie d’un vêtement de qualité, solide et durable, qui pourra se transmettre d’une génération à l’autre. Notre coton est filé dans les Vosges, avant d’être tricoté, teint et confectionné à Troyes. »
De surprises en surprises
Malgré les épisodes caniculaires de cet été, et l’absence de précipitations, le coton montréalais n’a pas nécessité d’irrigation, grâce à la qualité de ses sols. « Nous avons eu de jolies surprises, qui nous ont permis d’observer la régulation naturelle. Les coccinelles sont venues spontanément s’installer sur nos plants, les chenilles se sont régalées de petits insectes, les frelons ont aussi apprécié… Nous avons même découvert une Cistude, et les hirondelles se sont regroupées en masse pendant quelques jours sur nos fils électriques. Du jamais vu ici ! »
Des ruches ont également été installées cette année à proximité de l’exploitation, car le coton est une plante mellifère. Dans le respect d’une agriculture raisonnée, un système de biocontrôle sera mis en place prochainement pour les insectes néfastes, notamment par le biais de la confusion sexuelle.
« Nous ne maîtrisons pas encore tout sur cette culture, et nous avons dû biner à la main dernièrement pour lutter contre le xanthium, une plante invasive » explique Yohan-Charles en dévoilant ses mains qui portent encore les stigmates du combat.
Pas de récolte manuelle cette année, à l’image de la toute première qui avaient été ramassée par la famille et les amis. Une sacrée expérience ! Une imposante récolteuse, tout droit venue d’Espagne, trône fièrement non loin du champ, impatiente de se lancer à l’assaut des douces fleurs blanches attendant d’être cueillies.
Elles seront ensuite séchées, lavées, égrenées - par une autre machine très particulière, achetée en Chine – puis pressées à l’identique des meules de foin, avant leur départ pour la filature. Elles reviendront plus tard, métamorphosées sous forme de polos, tee-shirts, vêtements pour enfants. Sans trop tarder, on pourra se les procurer sur le site de Jean Fil, mais aussi dans des boutiques éphémères que nos intrépides agriculteurs envisagent d’installer dans les grandes villes françaises.
Le coton de Montréal-du-Gers va sûrement faire une entrée remarquée au pied des sapins de Noël cette année !