Bien installée en milieu de tableau (à la 7e place), l’AS Fleurance peut être assez satisfaite de son début de championnat. Deux victoires, deux défaites. Pas si mal pour une équipe qui entame sa deuxième saison à ce niveau. Et à y regarder de plus près, ce qu’il y a de plus encourageant peut-être, c’est la capacité de cette formation à retourner des situations en sa faveur lorsque l’affaire semble mal embarquée. En effet, lors de leurs deux victoires, à chaque fois, les Fleurantins étaient menés à la pause ; que ce soit à Mauléon (menés 7-10 à la mi-temps, puis victoire 24-22) ou à la maison contre Lannemezan (0-12, puis 16-15 à la fin).
Le week-end dernier, sur les terres du Tarbes Pyrénées Rugby, les joueurs de Bernard De Giusti et Mickaël Carré n’ont pu réaliser un nouvel exploit. Défaits 33-16, les Gersois sont repartis avec le regret d’avoir laissé un point aux pieds des montagnes. En effet, menés 14-0 après six minutes de jeu par manque de rigueur et de concentration, les hommes du président Courtès auraient pu repartir avec le bonus défensif si on retranchait ces 14 points aux 33 encaissés.
Dimanche après-midi, c’est un autre grand nom du rugby hexagonal qui vient poser ses valises à Marius Lacoste. Bagnères-de-Bigorre, vice-champion de France en 1979 et 1981. D’accord, le passé est le passé. Mais enfin, cela n’empêchera pas les plus anciens, dans les travées du stade, d’avoir quelques souvenirs qui remonteront à la surface. À la veille de recevoir les Bagnérais, Bernard De Giusti tire un mini bilan des quatres premières journées, et constate « ce qu’il y a de positif, c’est qu’on ajoute des cordes à notre arc… par contre sur les points à travailler, il faut approfondir notre travail sur la conquête ; en touche, on est un peu déficitaire avec des touches importantes et des pénaltouches qu’on n’arrive pas à convertir… »
« Il faut qu’on arrive à asseoir notre conquête »
Le Stade bagnérais, actuellement dernier, n’a pas de quoi s’affoler de son classement actuel, les Haut-Pyrénéens ayant joué les deux ténors de la poule (Albi et Blagnac) d’entrée. Christophe Cazaux, co-entraîneur de Bagnères, le dit : « Maintenant, on va avoir des matchs à notre portée, à nous de bien les négocier pour remonter au classement. » Et l’ASF est un adversaire à sa portée. Cependant, « Fleurance est une équipe qui a des valeurs, et c’est très difficile de s’imposer chez eux. Donc on va prendre ce match le plus sérieusement possible pour essayer de prendre des points car on en a besoin », se méfie Christophe Cazaux qui enchérit sur le groupe gersois : « L’ASF a des ambitions de jeu, ils déplacent le ballon ; donc il va falloir s’accrocher et se mettre à la hauteur… Le plus dur sera de les contrer sur leurs relancements parce qu’ils sont très joueurs, très mobiles. Donc, si on les empêche de développer leur jeu, on pourra espérer quelque chose. Mais si on les laisse jouer, par contre, là, ça sera compliqué de faire un résultat dans le Gers. »
C’est donc dans l’intention de priver au maximum Fleurance de munitions que débarquera Bagnères. Rien d’étonnant pour Bernard De Giusti qui insiste en martelant qu’ « il faut qu’on arrive à asseoir notre conquête et être fort là-dessus pour pouvoir lancer le jeu… après, je ne doute pas de leurs ambitions. Nous, notre marge de progression, elle est là… Bagnères est une équipe qui peut jouer une place qualificative, comme la 5e ou la 6e place ; à nous de rivaliser avec eux pour montrer qu’on a franchi un palier dans ce championnat de Fédérale 1… Si Bagnères veut se qualifier, il va leur falloir aller chercher des points à l’extérieur. C’est à nous à les en empêcher en réitérant notre match de Lannemezan pour se sécuriser rapidement ».
Une ombre au tableau pour l’ASF, et non des moindres : l’infirmerie. Le troisième ligne Kevin Krieger qui n’a pas joué à Tarbes, ressent une contracture à la cuisse ; un problème de cuisse aussi pour Thomas Cantaloup ; l’arrière Jasey van Kampen, qui n’a joué que cinq minutes à Tarbes, a un souci avec son genou. Auxquels il faut ajouter les blessés de longue date : Pierre Touton, Benoît Pagoaga qui a la main cassée, Richard Muagututia.
Portrait d’un club :
Né en 1911, Le Stade bagnérais joue sa première rencontre officielle en 1913… face au voisin Lannemezan. C’est en 1925-1926 que le club va acquérir sa renommée dans l’Ovalie. Après la seconde guerre mondiale, le SB retrouve le niveau Nationale mais connaît des difficultés à s’y maintenir. En 1969, après un bon parcours en D2, l’équipe accède à l’élite. On parlait alors de « jeu à la bagnéraise ». Le Stade Bagnérais connaîtra ses heures de gloire dans les années 70 et début 80 en accédant par deux fois en finale du championnat de France. En 1979, les Bagnérais, après avoir éliminé Nice (14-10) en quart, puis Agen (25-9) en demi, doivent baisser pavillon en finale contre Narbonne (10-0). En 1981, Bagnères s’incline en finale face à Béziers (22-13) après avoir sorti Dax (16-9) en quart de finale, et Montferrand (6-3) en demi. Puis le professionnalisme arrivant, Bagnères ne peut plus suivre.
Parmi les gloires du rugby français formées à Bagnères-de-Bigorre, on peut noter entre autres : Jean Gachassin, surnommé Peter Pan, avec 32 sélections ; Jean-François Gourdon ; Jean-Michel Aguirre, 39 sélections ; Roland Bertranne, 69 sélections.
Palmarès du club :
- 1962 : Vainqueur du Challenge de l’Essor
- 1976 : Champion de France de Nationale B
- 1981 : Champion de France Cadets
- 1997 : Vainqueur du Challenge Provinces Nationale B
- 2005 : Champion de France de Fédérale 3
Coprésident jusqu’à l’an dernier, puis seul président depuis cette saison, à 58 ans, Patrice Padroni a le Stade bagnérais rivé aux tripes. Il a bien voulu répondre à nos questions avant le match qui va opposer ses hommes à l’ASF.
- Le Stade bagnérais, après ses glorieuses années, possède toujours un public fidèle ?
- On a un public fidèle, et on compte 300 abonnés. On fait en moyenne 1.500 spectateurs par match à la maison, avec des pics, comme l’an dernier contre Lannemezan avec 3.500 spectateurs, et contre Tarbes, 4 500. Oui, le passé est toujours présent, d’abord parce que les anciens joueurs viennent toujours au club où ils s’impliquent plus ou moins.
- Quelles ambitions raisonnables peut avoir un club comme Bagnères?
- Une ambition modérée, au même titre que Fleurance. Rester le plus longtemps possible, tant que ça restera possible, en Fédérale 1 ; le maintien dans un premier temps, et voir après ce qui peut se passer.
- Avec des voisins comme Tarbes, Lourdes ou Lannemezan, ça fait beaucoup de concurrence pour garder les joueurs ?
- Tarbes est un club professionnel, donc, ils ne viennent pas prendre les joueurs à Bagnères ; Lourdes est en Fédérale 2… On a surtout Lannemezan qui est à côté, avec le même budget que nous. Donc, la concurrence, elle se situe plus à ce niveau-là.
- On peut supposer qu’à Bagnères, on tient à garder son identité ?
- Oui. Nous, on axe beaucoup sur la formation. La saison dernière, à Nafarroa, quand on a joué le maintien, on avait sept jeunes issus de la formation et cinq de l’école de rugby sur le terrain… Donc vous voyez, nous, c’est vraiment la formation qui prime. Et cette année, le recrutement a été fait sur des jeunes.
- Pas question de fusion ?
- (Rires)… Non ! Non ! Non ! Pour le moment il n’est pas question de fusion. Je pense que Lannemezan a tenté une fois. Pour le moment, non. On est bien chez nous. Il y a eu des discussions à une certaine époque, et on est vite revenu « à chacun chez soi ».
- Connaissez-vous l’équipe de l’AS Fleurance ?
- Pour être honnête, non. Je pense que ce doit être une équipe avec à peu près les mêmes moyens que nous, et avec le même état d’esprit que nous. Déjà, le fait d’avoir battu Lannemezan, c’est un gage de qualité.