Communiqué de l'OPP*
Trois membres de l’OPP ont été agressés par les forces de l’ordre à Toulouse. Matériel de protection (masques et lunettes) arraché violemment, avec dégradation de celui-ci pour l’un d’entre eux et saisine pour un autre, coups de matraque sur l’épaule, tentative de mise à terre par balayage avec coups et jet à terre de son casque de protection après qu’il ait montré la déclaration de présence de l’observatoire pour le troisième, les membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières ont eu le droit à un traitement musclé des forces de police, le samedi 3 août, à 14 h 55, rue Saint Rome à Toulouse.
Pourtant, la présence des observateurs avait été, comme c’est le cas à chaque manifestation, déclarée auprès de la préfecture et de la DDSP par un courriel transmis vendredi 2 août, à 12 h 53.
Cette agression envers les observateurs par un équipage mixte CRS / CSI s’inscrit dans une longue série démarrée dès le 22 mars 2018 (bien avant le mouvement des Gilets jaunes) par l’utilisation de gazeuses à main ciblée sur les observateurs présents et qui s’est poursuivi tout au long des manifestations observées par l’OPP depuis lors avec, nous le rappelons, la grave blessure à la tête infligée à l’un des observateurs le 2 février 2019.
Le rapport de l’OPP, rendu public le 17 avril 2019, pointait déjà l’attitude pour le moins musclée des forces de l’ordre envers les observateurs. Nous dénonçons aussi le comportement de certains policiers qui provoquent les observateurs en les invectivant, les menaçant voire en les visant ostensiblement à hauteur de tête avec les LBD – Lanceurs de Balle de Défense ou bien en projetant des grenades dans leur direction comme ce fut le cas le 13 juillet, rue Ozenne, à Toulouse
Mais, au delà du traitement spécifique infligé aux observateurs, c’est le comportement général des policiers envers les manifestants qui doit interroger.
Les semaines, les mois passent et les policiers et gendarmes continuent, sur le terrain, à utiliser massivement les gaz lacrymogènes et les gazeuses à main (4 fois en une heure hier, à Toulouse) ou bien les grenades de désencerclement, à frapper les manifestants à coup de matraques et de boucliers alors que leur intégrité physique n’est nullement menacée. Sinon à considérer que des slogans dénonçant les violences policières et la mort d’homme comme Steve à Nantes constituent une menace pour les forces de l’ordre…
Aucune attaque envers les biens et les personnes n’est constatée depuis des mois, à Toulouse ; et pourtant les policiers et gendarmes continuent à réprimer violemment toute protestation de rue.
L’Observatoire toulousain des Pratiques Policières dénonce, comme c’est le cas depuis plusieurs années, la militarisation de l’espace public et l’utilisation sans discernement de la force dans le but de créer, avec une certaine efficacité d’ailleurs, un climat d’oppression et de peur destiné à décourager les citoyens d’utiliser leur droit constitutionnel à manifester.
L’Observatoire toulousain des Pratiques Policières exige que ses membres, clairement identifiables avec leurs chasubles bicolores et dont, nous le rappelons, la présence est systématiquement déclarée, puissent mener à bien, en toute sûreté et en toute liberté, la mission qui leur a été confiée.
* Observatoire toulousain des Pratiques Policières, " OPP " : Ligue des Droits de l'Homme de Toulouse - Fondation Copernic - Syndicat des Avocats de France.
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