Le Français Guillaume Faury prend les commandes du groupe européen basé à Toulouse, avec des projets majeurs pour la gamme Airbus, les branches hélicoptère, défense et spatial…
Cela va faire 50 ans que l’entreprise a lancé son premier programme, et 7 que Thomas Enders était aux commandes du groupe EADS (devenu Airbus Group en 2013), après avoir présidé cinq ans l’avionneur. Les défis sont de taille pour son successeur.On savait, depuis l’an dernier, que Guillaume Faury allait succéder, ce mercredi, à Thomas Enders. Le Français, diplômé de l’École polytechnique et de Supaéro, avait commencé à la DGA et était entré chez Eurocopter (aujourd’hui Airbus Helicopters) à la fin des années 90. Après un intermède chez PSA, dont il a dirigé la R&D et où il a été membre du directoire, il est revenu chez Eurocopter en 2013, cette fois pour en prendre la direction. Depuis février 2018, il dirigeait la division aviation commerciale d’Airbus qui avait aussi été le tremplin de son prédécesseur.
Une belle promotion pour ce grand sportif jugé courtois, efficace et pragmatique par les uns et les autres. Il dirigera désormais un ensemble de 130.000 salariés établis en Europe, en Chine et aux États-Unis, avec un carnet de commandes de près de 7.600 avions et plus de 800 appareils livrés chaque année. En 2018, Airbus Group a réalisé un chiffre d’affaires de 63,7 milliards d’euros (+8%), dont près de 48 sur le segment aviation commerciale. Autant dire qu’il y aura déjà de quoi s’occuper avec les affaires courantes, même si le nouveau dirigeant sera surtout attendu au chapitre des choix et orientations stratégiques.
Atterrissage en douceur de l’A380, gestion de l’épineux cas A400M (qui aurait déjà coûté 30 milliards), montée en puissance des programmes A320 et A350, gestion des procédures et dossiers juridiques ouverts aux États-Unis et en Europe pour soupçons de corruption : les chantiers du nouveau patron sont déjà sur la table. Les déboires actuels de Boeing et de son 737 Max pourraient lui mettre le pied à l’étrier, mais l’avionneur américain prépare évidemment la contre-attaque, dans un secteur où depuis de longues années, tous les coups sont permis.
Et ce ne sera évidemment pas tout, puisque le groupe Airbus ne se résume pas qu’à l’aviation commerciale et militaire. Le nouveau patron a également devant lui plusieurs challenges cruciaux sur le segment « défense et sécurité » (drones, systèmes de communications, etc.) et dans le domaine aérospatial où l’agitation est palpable et où de gros projets sont sur les rails sur les autres continents. Le chiffre d’affaires de la branche « défense et spatial » a atteint 11 milliards d’euros l’an dernier : dans ce domaine, il faudra se montrer plus visionnaire que jamais.
Guillaume Faury, qui avait déjà œuvré dans ce sens dans la branche hélicoptères (où il a aussi chapeauté le projet CityAirbus de « taxi-hélicoptère » sans pilote), sera également attendu sur la question de la transition digitale du groupe. Ses objectifs devraient enfin s’inscrire dans la continuité de ceux de son prédécesseur, qui visait une rentabilité globale de 10 %. Il sera sans doute le président qui fera franchir à l’avionneur le cap des 1.000 appareils produits par an. Car s’il a certes été désigné pour sa connaissance de la maison, il l’a aussi été pour son expérience chez PSA, qu’on a jugé çà et là déterminante dans l’optique d’organiser les montées en cadence attendues. Et l’absence momentanée du cadre lui aura aussi permis d’échapper aux enquêtes en cours…
Pour finir, et alors que le sujet demeure plus que jamais sur le tapis, le sujet « Brexit » est aussi sur le tapis, alors que le groupe emploie 14.000 personnes au Royaume-Uni où Thomas Enders avait déjà mis en garde contre les conséquences sociales d’une absence d’accord. En résumé, le décollage ne sera pas de tout repos pour notre nouveau président exécutif…
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