C’est une urgence, ici et maintenant, les enfants doivent devenir « les sauveurs de la planète », puisque la fin du monde est annoncée.
Bien sûr, c’est une noble cause que de vouloir prendre soin de cette petite boule bleue, perdue dans l’immensité de l’Univers. Elle qui ne cesse de lutter au quotidien pour la survie de ces microscopiques petits bonhommes en équilibre, soumis à la stupéfiante loi de la pesanteur.
Et pour mieux accompagner la jeunesse dans son combat homérique, une campagne d’une ampleur inédite depuis quelques mois soutient son enthousiasme et la pousse à s’investir à fond. Gouvernement, politiciens, médias, tout est bon pour inciter les jeunes à se révolter… contre l’Humanité, coupable des catastrophes écologiques et responsable du danger climatique imminent qui menace.
Car aujourd’hui, la Terre est « à l’article de la mort ».
De quel article peut-il bien s’agir, dans cette expression qui signifie à l’agonie? Pas la peine de chercher du côté des articles de presse, ou autres définis ou indéfinis. C’est du latin qu’il nous vient. On disait au XVIe siècle « in articulo mortis », pour signifier « au moment de la mort ». Articulo étant lui-même issu d’articulus, employé ici pour désigner un instant précis, critique et décisif.
Ce moment précis d’extinction planétaire est donc venu pour nos jeunes engagés, qui vivent dans un monde détruisant physiquement des pans entiers de l’humanité. Guerres en Afghanistan, en Irak, en Lybie, en Syrie, prison à ciel ouvert en Palestine, déluge de bombes « made in France » au Yémen… Un monde où les puissances militaires ont la capacité de raser toutes les grandes villes du globe.
La COP et ses conférences (qui drainent le déplacement de plus de 22.000 personnes, essentiellement des politiques, des ONG et une infime partie de scientifiques, soigneusement choisis) est pourtant née bien avant eux. Depuis 25 ans, elle promet des enjeux immenses (et des objectifs profitables: 180 milliards annuels pour la Commission européenne !). S'agissant chaque fois « d’opération de la dernière chance », jusqu’à l’année suivante pour de nouveaux débats sans fin.
Sous la houlette de la CFDT, dix-neuf organisations ont présenté leurs « 66 propositions pour un pacte écologique et social ». Dans le même temps, son secrétaire général se félicitait des manifestations annoncées par les lycéens : « Je préfère toujours voir des lycéens se mobiliser sur des causes nobles et justes, pour le climat, contre le racisme ou le rejet de l’autre, plutôt que sur des choix sur telle ou telle réforme de droit du travail qui les concernera un jour, mais pas tout de suite ».
La grand-messe est dite. Le quotidien des travailleurs et l’avenir des générations futures ne seraient donc pas des causes nobles et justes. Juste des astres morts.
Nous voilà prévenus.
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