Un patrimoine en danger

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Mosaïque à décor de pampres

La mosaïque à décor de pampres de Valence-sur-Baïse (Gers ) a été découverte, entre les lieux-dits Le Miam et La Grange du Mian, dans un champ qui porte le toponyme de Gleiza, à l’extrémité occidentale du territoire communal, près des limites avec les communes de Mansencôme, Mouchan et Lagardère. Elle ornait une villa rurale qui occupait un léger mamelon (altitude 150 mètres) ; abrité du vent du nord par le plateau du Miam (altitude 19 mètres), il descend en pente douce en direction du sud et de l’est, vers la petite vallée du ruisseau de Grézillon.

On pense que la villa du Gleiza dépendait de la cité d’Eauze. Dans un rayon de 5 kilomètres on peut citer trois villas de l’Antiquité tardive : Cachelardit  (commune de Cassaigne), Gelleneuve (commune de Mouchan), La Turraque (commune de Beaucaire-sur-Baïse). A la suite de la mise à jour fortuite en 1976 par le propriétaire d’un fragment de mosaïque, une campagne de fouille fut envisagée pour dégager et déposer le pavement. Cette fouille de sauvetage eut lieu au printemps 1983. (*) Sauf en son centre, la mosaïque, assez détériorée, n’était recouverte que de 30 à 35 cm de terre arable. Elle avait été en outre endommagée par de petits foyers dont les races cendreuses apparaissaient dans la coupe du sol.

Au total, on a découvert la mosaïque sur un espace d’environ 55 mètres carrés et l’on a pu reconnaître au sud et à l’est, les murs qui la bordaient.

Description du décor.

La mosaïque est  remarquable par un décor végétal luxuriant qui s’ordonne selon un système axial et symétrique, le pavement conservé correspond à environ la moitié d’un vaste tapis, grosso modo carré, mesurant 9,70 m de côté. Il n’est pas exclu qu’il ait été juxtaposé à un autre tapis. Tous les motifs inscrits se rattachent à un répertoire très homogène, d’inspiration naturaliste : arbres fruitiers, fleurs, oiseaux (octogone central) ; sarments de vigne peuplés d’oiseaux, paniers en vannerie débordant de feuilles et de fruits (compartiments latéraux) ; rameaux et fruits (rinceau de cornucopiae).

A la fin de l’Antiquité, ces compositions végétales connaissaient un grand succès dans certaines régions de l’Empire et il importe de souligner qu’en Gaule, ce répertoire a été principalement développé dans les ateliers du Sud-Ouest. Ces décors végétaux luxuriants qui associent à Valence-sur-Baïse, la vigne, les oiseaux et les arbres fruitiers sont-ils là simplement pour leurs qualités décoratives ou comme le laisse suggérer un fameux texte de Salvien pour exprimer la prospérité du fundus ( grand domaine agricole ) du riche propriétaire ?

Cette mosaïque représente un des plus grands pavements du Sud-Ouest. Sa découverte fut si spectaculaire qu’elle fut empruntée par une grande exposition organisée au musée de Lyon à l’occasion d’un grand congrès international sur l’archéologie romaine. Un énorme camion était venu la récupérer à la sortie de l’atelier de restauration toulousaine au frais de l’emprunteur.

Monsieur François Castell en fit don à l’époque au conseil général qui lui aménagea un abri dans le parc... Maintenant, elle y git dans le plus complet anonymat.

Ne la visitent que les chouettes qui la constellent de déjections ! Ne serait-il pas encore temps de réagir ?

Claude Laffargue

 

(*) Référence bibliographique : Lapart Jacques. Valence sur Baïse - Villa gallo-romaine et grange cistercienne sur le site du Mian. In: Archéologie du Midi médiéval. Tome 3, 1985. pp. 176-179.

L'illustration, ci-dessus, est le plan de situation de la Grange et de la mosaïque du Mian.

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